Alors que d'immondes pirates mettent en danger notre sacro-saint petit écran à coup de téléchargements illégaux, un homme, un surhomme que dis-je, se dresse seul pour défendre la ménagère de moins de quarante ans et les CSP+. Ce héros se nomme: El programator.
(retrouvez la sélection télé chaque midi sur la page facebook)

mercredi 30 septembre 2020

David contre Goliath

Petit billet d'humeur aujourd'hui pour revenir sur un problème rencontré le mois dernier avec Youtube.

Si vous suivez ce blog, vous le savez, je ne fais pas que critiquer des films, j'en ai aussi fait. Ainsi, en 2016 j'ai sorti avec des amis Les seigneurs d'Outre Monde, un long métrage médiéval fantastique totalement auto-financé. Une œuvre unique en France qui n'a donc pas pu bénéficier du soutien d'un diffuseur. (ni d'un producteur, ou de l'état, de personne sauf de notre équipe)

C'est donc tout naturellement que nous nous sommes tourné vers Youtube, la plateforme la plus populaire en matière de diffusion pour partager le film. Nous avons même eu la chance de pouvoir être diffusé sur Independant Online Cinema, une petite chaine anglaise qui a déjà diffusé des fans films très réputés tels que The Hunt for Gollum ou Born Of Hope. Et le succès fut au-delà de nos espérances, le film a touché l'internationale et en une année nous avons réalisé plus de 700 000 vues (avec des centaines de commentaires positifs et des milliers de "pouce bleu"). Au rythme où ça allait, le million de vues était même totalement envisageable pour fin 2020.

Tout allait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu'à ce dimanche du 9 aout où je n'ai plus trouvé le film. C'était tout simplement comme s'il n'avait jamais existé.

Informations prises, Chris, qui s'occupe de la page Independant Online Cinema, nous informa que Youtube avait supprimé la vidéo en prétextant que nous proposions un contenu inapproprié. Une formule vague qui ne nous sera jamais justifié car nous n'obtiendrons jamais la moindre explication de personne. (spoiler, l'explication semble tout simplement être qu'avec le coronavirus les équipes sont débordé et que c'est la grosse merde chez google) Il faudra ainsi un mois entier, à remuer ciel et terre, à solliciter des amis d'amis ou de vagues connaissances pour essayer d'avoir une chance de résoudre le problème. C'est finalement l'appui de la conseillère technique d'un Youtuber populaire qui permettra de débloquer la situation mais toujours sans explications.

Aujourd'hui, vous pouvez donc retrouver le film et ses 765 666 vues (oui car nous avions aussi peur de perdre tout ça, les vues, les commentaires) 

Tout est réglé ? 

Bien sur que non ! Car Youtube c'est avant tout un algorythme. A l'époque où le film a disparu, plusieurs milliers de personnes par jour le regardait. Il était donc proposé à des milliers d'autres spectateurs ce qui lui permettait de rester populaire. Un mois après, seules quelques personnes regardent le film, il n'est donc plus proposé et destiné à mourir à petit feu. Sans excuse, ni explication Youtube a tué la visibilité du film.

Alors oui, il y aura toujours des gens pour expliquer qu'il suffit de mettre le film sur peertube, sur vimeo ou que sais-je. Mais ces gens ne comprennent tout simplement rien à internet. Notre monde subit aujourd'hui la dictature des chiffres. Pour que le film existe, il faut qu'un maximum de monde puisse le voir et cela ne peut se faire qu'avec l'appui d'une plateforme vraiment populaire soutenu par des algorythmes. Nous sommes bien sûr toujours content qu'une ou deux personnes regardent le film de temps en temps mais il n'y a que si le film dépasse le million et même plus qu'on commencera à nous prendre au sérieux et que nous aurons une chance de faire autre chose. Sans soutien actif, LSOM restera un "petit film entre pote", une curiosité. Alors qu'il pourrait être la première pierre d'un édifice colossal.

Alors bien sur, je ne suis pas la perdrix de l'année. Je savais depuis le début que Youtube était une plateforme à risque. J'ai suivi toutes les polémiques sur les démonisations, l'efficacité de l'algotythme etc. J'ai vu les Youtuber professionnels trembler pour la mise en danger de leur statut déjà précaire. Pour autant, ce que je n'imaginais pas, c'est à quel point il est IMPOSSIBLE de communiquer avec Youtube. Personne ne répond où alors vaguement et après des semaines. Et qu'une entreprise se permette de faire n'importe quoi avec votre contenu sans rendre le moindre compte, ça c'est inquiétant. N'oubliez jamais que sans Youtube, les contenus existerons toujours, l'inverse n'est pas vrai.

Pour finir, je ne peux que vous inviter à partager le film, à en parler autour de vous. Ne nous leurrons pas, si j'écris cet article c'est pour essayer de redonner un peu de visibilité au film car il est trop jeune pour mourir, il a encore de belles années devant lui et ce sera uniquement grave à vous.


lundi 28 septembre 2020

Elona Holmes

 C'est la nouvelle exclusivité Netflix, un teenage moovie surfant sur la légende du grand Sherlock Holmes et basé sur une série de livre. En tant que fan du détective, inutile de dire que j'étais sceptique, mais voyons cela ensemble.


Date de diffusion : 23 septembre 2020 sur Netflix 
Durée : 2h 03min 
Genre : Enquête, humour, ado
Réalisation : Harry Bradbeer
Casting :  Millie Bobby Brown, Henry Cavill, Sam Claflin

Nationalité : Américain

Synopsis :

Elevé loin de la société londonienne et de ses bonnes mœurs, la jeune Enola Holmes et la sœur des célèbres Sherlock et Mycroft, elle partage avec eux l'acuité de son esprit et aura besoin de tous ses talents pour résoudre le mystère entourant la disparition de sa mère alors que ses deux frères ne souhaite que faire d'elle une femme au foyer.

Critique :


Elona Holmes est le premier film de Harry Bradbeer, un réalisateur plus coutumier des séries télé et surtout connu pou son travail sur la parait-il très bonne Fleabag. Le film est adapté du premier roman de la saga Les enquêtes d'Enola Holmes et se destine plutôt à un jeune public. 

Soyons clair, Enola Holmes est très loin d'être la première adaptation de l'univers du célèbre détective, on ne compte plus le nombre de films et de séries lui ayant donné une nouvelle vie avec dernièrement les versions de Guy Ritchie et de Steven Moffat. Difficile donc de tirer son épingle du jeu face à une œuvre aussi prolifique et pourtant, Enola Holmes y réussit grâce à un positionnement clair, maitrisé et légèrement ironique.

Le positionnement d'Elona Holmes est clair, c'est sans l'ombre d'un doute un film féministe, il se situe


en pleine époque des suffragettes pour nous parler de la condition de la femme et c'est un choix d'autant plus ironique que le personnage de Sherlock Holmes est historiquement plutôt misogyne (c'est le reflet de son époque) et Conan Doyle plutôt vindicatif envers les suffragettes. Dans l'ensemble, je trouve ce positionnement féministe du film très juste puisqu'il ne s'agit pas de dire bêtement que les femmes sont meilleures que les hommes comme certains le dénoncent mais bien de démontrer qu'il n'y a aucune raison de traiter les femmes différemment des hommes et qu'elles ont autant leur place dans notre société que nous. (il y a autant de personnage féminin et masculin gentil que méchant) En cela Elona est un personnage parfait, elle rejette le conditionnement social victorien, pense par elle même et sait même se battre. Pour autant, le film n'en fait pas une super héroïne, ses talents martiaux se heurtent par exemple souvent à son manque de force. Le second personnage principal est tout aussi intéressant puisque, tout comme pour Enola, il s'agit d'un archétype inversé. Ainsi, le héros se trouve dans le rôle de la demoiselle en détresse et du love interest pour autant cela ne lui retire rien de son intelligence ou de sa noblesse. Enola démontre donc que nous ne sommes pas condamné à répéter les stéréotypes de genre et qu'une œuvre de fiction peut tout à fait se tenir en les modifiant (là, vous vous interrogerez peut-être sur l'intérêt, et bien tout simplement parce que la fiction est une pierre fondatrice de la construction sociale et qu'avec un seul modèle à sa disposition on est condamné à reproduire ce modèle). 


Le point fort du film, à mes yeux, ce sont ses personnages. Ainsi Millie Bobby Brown, popularisé par la série Stranger Things (n'insistez pas, j'ai déjà dit que je n'en parlerais pas) offre une énergie folle à ce personnage éminemment sympathique. Très expressive, elle fait également montre d'une belle palette d'émotion sans avoir besoin de les exprimer, même si elle parle beaucoup, souvent au spectateur ce qui pourra agacer un peu. L'autre très bon choix du film, c'est Helena Bonham Carter (Dark Shadows, Fight club, etc) qui incarne maman Holmes et dont l'ombre plane sur tout le film. Le rôle lui colle à la perfection et on ne peut que regretter que le personnage apparaisse aussi peu à l'écran. Du côté masculin on retrouve essentiellement Henry Cavill (Justice League, Man Of steel, etc) dans le rôle de Sherlock, une version un peu édulcorée qui donne une relation très appréciable avec Enola. Sam  Claflin, remarqué dans la saison 5 de Peaky Blinder, incarne ici un Mycroft sans âme, une vision un peu trop caricaturale de l'homme victorien à laquelle l'acteur n'apporte pas grand chose. Enfin, Louis Partridge est parfait en Tewkesbury, son personnage est attachant et prouve qu'on peu être "féminisé"(je parle de l'utilisation du personnage, quasiment comme n'importe quelle femme d'un film lambda) sans être ridicule. A noter enfin la présence de Burn Gordman (The Expanse, Pacific Rim, Crimson Peak, etc) son rôle n'est pas extraordinaire (même si sa dernière réplique est fabuleuse) mais cet acteur est ultra charismatique et on ne le voit jamais assez à mon goût.


    Non seulement le film a de bons personnages mais leurs interactions sont également intéressantes. Ainsi, à l'exception de celles avec Mycroft beaucoup trop stéréotypé, on appréciera les relations entre Enola et sa mère,  Tewkesbury ou bien sûr Sherlock. J'avoue même que je serais curieux de voir une suite où la rivalité entre le frère et la sœur serait plus accentuée.

Niveau réalisation c'est assez propre, les images sont superbes, et les transitions à base de collage très Montypythonesque assez créatives. Le film rayonne d'une belle énergie soutenue par celle de l'actrice principale.

Bien entendu, tout n'est pas parfait, je l'ai déjà précisé mais le film se destine à un public plutôt jeune ce qui implique une conséquence quasi directe : le scénario est cousu de fil blanc. On ne peut pas dire que ce soit mauvais, il n'y a pas d'erreur majeure, c'est juste que dès les premières minutes ont sait déjà comment le film va finir. L'enquête est basique, les ficelles sont énormes, on suit plus le film par attachement au personnage que pour vraiment comprendre ce qu'il se passe.

Si je ne recommande donc pas forcément ce film pour des adultes, où alors en mode détente on ne se prend pas la tête, j'enjoins ces mêmes adultes à le montrer à des ados car ils n'ont pas tant d'occasions que ça de regarder des programmes avec un fond aussi qualitatif. Enola est un très beau modèle féminin et ce film montre une alternative à ce qu'Hollywood propose en permanence depuis des siècles.



Conclusion :

Si ce n'est pas le film du siècle, Enola Holmes est un honnête divertissement et surtout un très bon modèle pour la jeunesse, je serais même curieux de voir une suite explorant plus ouvertement la rivalité entre Enola et son frère.

vendredi 25 septembre 2020

Better call Saul saison 1

En grand fan de Breaking Bad, j'ai longtemps hésité à regarder son spin off Better Call Saul, un ami m'en à dit tellement de bien qu'il a fallut que je rattrape le temps perdu, alors voyons ce que vaut vraiment cette nouvelle série AMC/Netflix.




Diffusion sur Netflix : février 2015 


Durée : 10 x45min 
Genre : Comédie, Drame
Réalisation : Vince Gilligan, Peter Gould
Casting : Bob Odenkirk, Giancarlo Esposito, Jonathan Banks
Nationalité U.S.A.

Chaîne d'origine Netflix

Synopsis :

Avant de devenir le célèbre Saul Goodman, Jimmy McGill n'était qu'un petit avocat bataillant pour essayer de faire survivre son cabinet minable.

Critique :


Si Better Call Saul commence par une scène qui se déroule très probablement après la fin de Breaking Bad, il s'agit pourtant, à n'en pas douter, d'un préquelle de la série culte. 

On retrouve ainsi l'inénarrable Saul Goodman alors qu'il n'utilise pas encore son nom d'emprunt et officie sous son nom de naissance : Jimmy McGill. On découvre un homme simple, volontaire, qui paye des erreurs du passé mais se dévoue corps et âme à sa repentance. On est loin du portait de l'excentrique avocat corrompu que l'on connait mais quelques flashbacks nous le montre tout de même plus jeune trempant dans les arnaques auxquels nous sommes plus accoutumé. La sérié suit donc la période déterminante qui fera plonger le personnage de façon définitive dans le crime organisé et transformera l'optimiste avocat en pessimiste escroc. Pas besoin d'avoir vu Breaking Bad pour se lancer, l'histoire est totalement indépendante et suffisamment riche pour satisfaire un tout nouveau public, elle pourra en plus servir de porte d'entrée à la série origine pou ceux qui voudront poursuivre l'expérience. Pour les fans, par contre, c'est du pain béni car non content de suivre Saul, on retrouvera également ce bon vieux Mike dont on suivra l'histoire en parallèle. On découvrira ainsi au fil des saisons les liens étroits qu'ils ont pu lier et comment ils en sont venu à travailler autant ensemble. 

Si l'on entendra beaucoup parler de juridique la série offrira également quelques très belles arnaques montrant l'intelligence redoutable de Jimmy mc Gill. Comme dans Breaking Bad, la vie des personnages est toujours sur la brèche et leurs mauvais choix peuvent avoir des conséquences catastrophiques. (Allez, je spoile, désolé : il y a Tuco dans la saison 1 <3 )


La série apporte également son lot de nouveaux personnages. Assez peu du côté de Mike, grand solitaire, dont on découvrira surtout la famille, mais on retiendra tout de même Nacho, figure de la criminalité qui nous replonge directement dans l'univers des narco trafiquant de Breaking bad. Jimmy nous réserve beaucoup plus de nouveaux personnages avec principalement les avocats de HMM (surtout Kim et Howard) et Chuck McGill son grand frère. Le personnage de Chuck est d'ailleurs l'une des grandes trouvailles de cette série, c'est un personnage riche et complexe et sa relation avec son frère est passionnante et promet beaucoup de tension.


Niveau réalisation, l'on retrouve le savoir faire de Vince Gilligan et Peter Gould dans Breaking Bad, les fans ne seront pas déçu, les nouveaux venus s'étonneront peut-être de la lenteur du rythme et du soin apporté pour poser les ambiances. Ils sont également toujours aussi fort pour planter des plans signifiant aux meilleurs moments ou pour illustrer les tourments intérieurs des personnages en les extériorisant par la mise en scène Personnellement, j'ai vraiment retrouvé l'enthousiasme de mes premiers épisodes de Breaking Bad.


Sans être exceptionnelle, la fin de saison est suffisamment efficace pour donner envie de regarder la suite d'autant que de nombreuses graines sont déjà plantée pour susciter l'intérêt du spectateur à en savoir plus.

Better Call Saul réussit à reproduire brillamment la recette de Breaking Bad tout en offrant une histoire qui n'a absolument rien à voir. C'est le changement dans la continuité, fans comme nouveaux venus ont de quoi se régaler. Cette première saison sert surtout à planter les bases de l'histoire mais elle n'en reste pas moins passionnante.


Conclusion :

Vince Gilligan réitère le coup de maitre de Breaking Bad, l'ambiance est tout aussi prenante que la série originale et Jimmy McGill bien plus attachant que Walther White.

lundi 21 septembre 2020

Brutus Vs César

En grand fan de Kheiron, j'attendais le petit dernier de pied ferme, d'autant que le réalisateur semblait s'aventurer sur des terrains hasardeux. Son film est sortie vendredi sur Amazon, que vaut-il vraiment ?





Date de diffusion : 17 septembre 2020 sur Amazon Prime Video 


Genre : Comédie, Aventure, Historique
Réalisateur : Kheiron
Casting : Kheiron, Thierry Lhermitte, Gérard Darmon

Nationalité : Français


Synopsis :

Fils mal aimé de César, Brutus se voit offrir l'opportunité de faire tomber son tyran de père. Une occasion unique et difficile à saisir pour ce pacifiste maladroit et pas très futé.

Critique :


Ce n'est pas la première fois que je vous parle de Kheiron, j'aime beaucoup ce réalisateur depuis que je l'ai découvert en 2016 (enfin, non, je le connaissais de Bref, comme tout le monde) dans le fabuleux Nous trois ou rien. Il confirma son talent de réalisateur en 2018 avec Mauvaises herbes et créa donc beaucoup d'engouement chez ses fans en annonçant qu'il se lançait dans un film en costume.

Lui qui jusqu'alors avait proposé des comédies très contemporaines et urbaines se lançait dans un projet semblait-il beaucoup plus ambitieux. Je vous rassure tout de suite, Kheiron ne s'est pas pour autant perdu dans ce projet, on retrouve totalement son style des précédents films et peut-être même un peu trop.

Soyons clair, Brutus Vs César n'a rien d'un film historique. Certes cela se déroule dans une période


historique mais à part certains noms je ne crois pas qu'il y ait une seule donnée historique à commencer par la relation César et Brutus puisqu'ici le fils est un marionnettiste dont la mère Diana est morte en couche (Brutus était sénateur, ce n'était pas le fils biologique de césar et sa mère s'appelait Servilia). Loin de vouloir nous raconter l'histoire romaine, ce nouveau film est plutôt un délire à la Astérix et s'adresse, à mon sens, en priorité aux enfants. Car on arrive ici sur le point qui me fait considérer que ce film est le plus faible du réalisateur. L'humour du film repose principalement sur le fait que les personnages sont idiots. Il n'y a que très peu de personnages qui ne soient pas abrutis ce qui favorisent des dialogues ineptes parfois drôle mais souvent pataud. Une méthode que le réalisateur n'est pas le seul à utiliser, elle a fait les beaux jours de Kaamelott mais ça ne marche clairement pas aussi bien ici probablement parce qu'on n'écrit pas un film comme un sketch (la saison 6 de Kaamelott souffrait un peu du même problème)

Si l'on retrouve bien toute la sensibilité du réalisateur dans l'écriture, l'on ne retrouve pour autant pas sa finesse. Au contraire, le film donne presque l'impression que Kheiron s'auto parodie en recyclant d'excellentes idées de ses précédents films. Un mélange qui ne fonctionne pas et tend un peu à décrédibiliser les passages qui auraient du être touchant.


Le film n'est pas mauvais pour autant on appréciera notamment la beauté des images et la surprenante qualité des affrontements. Il y en a peu mais ils sont très efficaces. Comme toujours on se réjouira aussi de la grande diversité de son casting, le réalisateur faisant le choix d'assumer qu'il n'a aucune prétendue historicité à devoir respecter sur ce point vu qu'il tord l'histoire selon ses besoin sur tous les autres. On retrouve donc Ramzy (Balle Perdue, tout simplement noir, etc) dans le rôle de Jules César, Kheiron dans celui de Brutus ou Lina El Arabi (Family Business, Kaboul Kitchen, etc) dans celui d'Alana la gauloise. Des choix audacieux mais qui collent avec le propos et sont suffisamment bien mis en scène pour que ça fonctionne (l'arrive de Vercingétorix est ainsi un bel artifice pour faire accepter ce choix de casting). On retrouve également des acteurs plus expérimentés tel que Thiery Lhermitte et Gérard Darmon mais surtout quelle joie de voir Pierre Richard en vieux druide excentrique.

Scénaristiquement, le déroulement de la trame est intéressant et peu prévisible mais il y a beaucoup de failles. Spartacus ne sert à rien du tout, les gaulois passent d'invincible à vaincu sans raison, etc

Difficile de ne pas comparer Brutus vs César à Astérix mission Cléopâtre les deux films ont énormément de point en commun dans leur concept mais là, il faut reconnaitre que l'élève est très loin du maitre. Kheiron ne maitrise pas l'humour absurde qu'Alain Chabat a érigé au rang d'art et si l'on riait de bon cœur et a gorge déployé devant Astérix, les rires sont ici plus timides et parfois gênés.  

Si je suis indéniablement déçu, je n'irais pas jusqu'à dire qu'il s'agit d'un mauvais film. C'est une bonne petite comédie à regarder en famille. Comme toujours le réalisateur défend des valeurs importantes et apporte au cinéma des choses que l'on n'y voit que trop peu. Ses femmes sont fortes tout en restant féminine, ses hommes sont combatif sans être virilistes, on prône le vivre ensemble, etc. Nous sommes très loin des comédies Française habituelles se gaussant des clichés sur telle ou telle communautés, Kheiron prouve une fois de plus qu'on peut tire sans stigmatiser.

La fin du film laisse à penser qu'une suite est envisagée. J'espère que Kheiron saura tirer profits des erreurs de ce premier opus pour offrir un spectacle vraiment décapant car sinon le film ne mérite pas vraiment de suite et je préférerais que le réalisateur retourne à des choses qu'il maitrise mieux plutôt que de s'embourber dans un domaine qui le dépasse.



Conclusion :

Premier film décevant de Kheiron, l'acteur/réalisateur/scénariste s'est un peu perdu dans un pastiche d'Astérix, ça reste drôle parfois et c'est un bon film pour les enfants mais ça reste une œuvre mineure de sa filmographie.

vendredi 18 septembre 2020

Antebellum

Entre deux séries j'ai encore le temps d'aller un peu en salle, l'occasion était trop belle pour ne pas aller vérifier ce que valait vraiment ce nouveau film d'horreur et si n'importe qui peut faire du Jordan Peele.




Sortie en salle : 9 septembre 2020 


Durée : 1h 46min 
Genre : Thriller, Epouvante
Réalisation : Gerard Bush, Christopher Renz
Casting : Janelle Monáe, Jena Malone, Kiersey Clemons

Nationalité : Américain

Synopsis:

Auteure activement engagée dans les droits des racisés, Véronica Henley se retrouve piégée au cœur de l'histoire américaine dans un cauchemar qui semble sans échappatoire.

Critique :


S'il y a bien une formule dont il faut se méfier en matière de promotion de films, c'est bien "par le producteur de". Un producteur, même s'il peut avoir une sensibilité artistique, n'est autre qu'un financier. De fait, qu'il donne de l'argent à untel ou untel ne garantie pas que ces deux personnes fourniront un travail de qualité équivalent. Luc Besson par exemple a aussi bien investi pour Tommy Lee Jones que pour Gérard Krawczyk. J'aurais donc du me méfier de facto en voyant la bande annonce d'Antebellum censé être le nouveau Get Out ou le nouveau US mais je dois reconnaître que c'était super bien vendu et que j'ai craqué.

Alors, est-ce que le résultat est catastrophique ?

Non, n'exagérons rien, les images, si elles sont rarement signifiantes, n'en sont pas moins superbes.


L'idée, si elle n'a rien d'originale (et fait tristement reflet à l'affaire Danièle Obono en France), reste efficace et l'on n'a pas le temps de s'ennuyer. De plus, la thématique reste extrêmement importante comme nous le rappelle l'affaire black lives matter.(et d'actualité comme le rappelle l'affaire Obono)

Mais, la promesse de la bande annonce n'est pas vraiment remplie, Je ne détaillerais pas pour éviter le spoil mais ceux qui s'attendront au film vendu par la bande annonce ne pourront être que déçu, d'autant que le film est mal construit. L'histoire est beaucoup trop longue à se mettre en place et lorsque c'est enfin le cas on nous tease un climax qui n'arrivera que péniblement par des facilités scénaristiques poussives. Il faudra prendre énormément sur soi pour accepter l’enchaînement d'événements qui aboutira à la fin de l'histoire tant tout est fait de bric et de broc. J'avais à l'époque reproché à Get out son final, c'est bien l'un des rares point communs entre les deux films. Il est d'ailleurs étonnant de voir qu'on puisse autant écrire un film (dès les plans de la maison de l’héroïne on pourra voir des photos qui ne servent qu'a justifier certains plans de la fin) et ne pas se concentrer sur l'essentielle. Le diable se cache dans les détails, certes, mais les détails ne valent que quand l'essentiel est déjà en place.


Niveau réalisation, comme je l'ai déjà dit les images sont très belles, mais ne sont souvent juste que ça, de belles images sans sens particulier. On notera aussi niveau mise en scène un plan séquence d'ouverture particulièrement bien mis en place et très riche mais beaucoup trop long, on sent globalement un manque de maîtrise tout simplement parce qu'ils n'ont pas réalisé Get Out et US mais juste produit. 

Niveau casting, le film repose essentiellement sur Janelle Monae ( Welcome to marwen, Moonlight, etc) remarquable en infatigable femme moderne bad-ass, un personnage positif et respectueux mais qui ne se laisse pas faire, un beau rôle model, et l'on retiendra aussi Gabourey Sidibe, popularisée par la série American Horror Story, très drôle en meilleure amie grande gueule. Le reste du casting est de qualité avec notamment une Jena Malone (Nocturnal Animal, The Neon Demon, etc) vénéneuse à souhait.

Au niveau de la bande son, le travail de Nate Wonder est vraiment réussi avec un morceau d'ouverture très entêtant qui rappelle beaucoup son travail sur Us une présence du violon très appréciable et des sons plus inattendu pour favoriser l'angoisse. Une bien belle partition.

Dans l'ensemble, Antebellum n'est pas un mauvais film, mais c'est clairement un premier film. Il manque de maîtrise de out en bout ce qui en fait un film très bof, ni bon, ni mauvais juste un film qui aurait pu être meilleur. J'en profite pour préciser que ça n'a rien d'un film d'horreur, c'est vaguement angoissant mais ça ne suscite absolument pas la peur. Si l'on peut rapprocher ce dernier de Get Out et Us par la thématique, l'atmosphère et le goût de la surprise tendance 4éme dimension, Antebellum est sans hésitation le moins bon des trois.


Conclusion :

Une idée sympa, sans être originale, des images superbes et un sujet important, Antebellum aurait-pu être un excellent film mais se révèle juste un honnête divertissement.

mercredi 16 septembre 2020

J'irais mourir dans les Carpates

En grand fan de l'émission "J'irais dormir chez vous", je ne pouvais pas rater ce premier film d'Antoine de Maximy. J'ai eu la chance de participer il y a peu à une avant première en sa présence alors laissez moi vous raconter tout cela.




Sortie en salle : 16 septembre 2020 
Durée : 1h 36min 
Genre : Comédie, Thriller
Réalisateur : Antoine de Maximy
Casting : Antoine de Maximy, Alice Pol, Max Boublil

Nationalité : Français


Synopsis :

Antoine de Maximy disparaît dans un accident de voiture au cour de son dernier voyage. Sa monteuse refuse de croire qu'il est mort et essaye de trouver des indices sur sa situation dans les cassettes de lui que l'on a retrouvé.

Critique :


Pour ceux qui ne connaîtraient pas, J'irais dormir chez vous est une émission documentaire de voyage qui voyait son présentateur se balader seul aux quatre coins du monde armé de plusieurs caméras pour filmer en parallèle ses réactions et celles des autochtones qu'il rencontre. Outre ce procédé novateur la force du programme résidait dans la bonne humeur du présentateur et la façon qu'il avait de se faire inviter chez les gens pour nous montrer le quotidien de ces pays. Des voyages uniques que j'ai longtemps pris plaisir à regarder. 

Le réalisateur nous revient donc cette fois avec une fiction où il imagine ce qui arriverait si l'un de ces voyages était le dernier. Le film suivra donc en parallèle la monteuse d'Antoine de Maximy, convaincu qu'il n'est pas mort et essayant de trouver une piste pour le retrouver et, Antoine de Maximy en faux flashback au travers des cassettes que l'on a retrouvé de lui. Un procédé simple mais malin puisque, comme je l'avais déjà évoqué dans ma critique de Dark, le fait d'utiliser ces cassettes pour les flash-back leur donne une valeur bien plus active que s'il s'agissait de simple flashback. Le spectateur reste donc pleinement acteur d'autant que d'autres procédés maintiennent son attention.

En effet, résolu à réaliser un véritable polar, Maximy a dissimulé des indices dans ses images et nous


apprend à les chercher, le film prend donc une dimension quasi ludique où, à l'instar de la monteuse, l'on se retrouve à traquer les détails discordants cachés dans les images tournées par le présentateur. 

Loin d'être une simple comédie, J'irais mourir dans les Carpates offre donc une réflexion sur le sens des images, le fait qu'elles racontent parfois plus qu'on ne le pense, tout en ayant un petit côté méta lorsqu'il nous explique les processus de production d'une émission comme j'irais dormir chez vous.

Niveau comédie c'est bien entendu la bonne humeur du présentateur qui emportera l'enthousiasme du spectateur mais l'on pourra aussi compter sur Max Boublil dans un rôle de policier fantasque d'une grande tendresse ainsi que Léon Plazol dans un rôle de stagiaire irritant au possible. Tant qu'a parler du casting, Alice Pol est le deuxième personnage principal, un rôle émouvant et très mesuré où l'on sent la passion du personnage sans que cela ne verse jamais dans le ridicule.

Dans l'ensemble, j'irais mourir dans les carpathes est un premier film très malin. On sent que Antoine de Maximy a su tirer la substantifique moelle de son émission pour offrir une fiction de qualité. L'aspect polar fonctionne autant que l'aspect comédie et la façon plus ou moins subtile qu'a le film de nous expliquer comment on fabrique un programme télé est un petit plus non négligeable.

J'ai vraiment passé un super moment devant ce film et j'avoue que je ne comprend pas pourquoi il a été si difficile à financer tant l'idée me semble excellente. J'espère que ce premier film obtiendra le succès qu'il mérite et que Maximy aura l'occasion de développer d'autres projets et je recommande chaudement celui-ci surtout par ces temps de sinistrose.




Conclusion :

Le film retranscrit à merveille l'originalité, l'humour et la bonne humeur de l'émission d'origine, je recommande chaudement.


Ci-dessous la discussions d'après film, j'ai censuré tout les passages spoiler mais cela reste encore de nombreuses informations passionnantes sur la production de ce film. (à noter, je n'avais pas le temps de réaliser le travail fastidieux nécessaire à la synchronisation du son et de l'image. Je conseille donc d'écouter cette vidéo plus que de la regarder.)




vendredi 11 septembre 2020

Dark Saison 3

Ultime saison de la série fantastique Allemande de Netflix, le bout du chemin est-il à la hauteur du voyage.



Date de diffusion : Juin 2020

Durée : 8 x 60min 
Genre : Drame, Science fiction, Thriller
Réalisation : Baran bo Odar, Jantje Friese
Casting : Louis Hofmann, Andreas Pietschmann, Maja Schöne
Nationalité :Allemagne

Chaîne d'origine Netflix

Synopsis :

Est-ce que Eva pourra aider Jonas à sauver Martha et leur deux mondes, où les plans d'Adam sont-ils trop avancés pour faire cesser la fin de tout ?

Critique :


C'est une idée qui revient souvent avec les voyages dans le temps, le fait que chaque changement puisse créer une terre alternative. C'est également une idée très dangereuse qui ouvre la porte à tout et n'importe quoi et qui avait de quoi inquiéter malgré la sobriété des deux premières saisons. Heureusement, la série reste fidèle à elle même et cette histoire de terre paraléle est très encadré pour servir au mieux l'historie déjà en place sans partir dans le grand guignol. On se retrouve donc désormais à naviguer entre les époques et entre les mondes. Pour les époques, la colorimétrie et l'accessoirisation permettent de s'y retrouver comme dans les saisons précédentes et pour les changement de monde un effet de transition visuel permet de comprendre le passage. C'ets à la fois une bonne et une mauvaise idée car si ça permet de comprendre tut de suite qu'on change de monde, cela peut devenir très agaçant lorsqu'il y a beaucoup de changement successif.

En dehors de ça, la série reste fidèle à elle même, l'histoire se déroule jusqu’à une conclusion logique


que personne ne devait attendre même si les éléments étaient en place. Le dernier épisode pourra décevoir ceux qui s'attendaient encore à un show à l'américaine. Dark finit comme elle commence, dans l'intime. Cela pourra générer de la frustration mais c'est un choix audacieux qui rappelle que l'important c'est avant tout l'humain. Cette saison m'aura beaucoup fait penser à la formidable série Fringe (disponible sur Amazon Prime ) qui, bien que radicalement différente dans son ambiance avait pris une direction assez semblable sur la fin au désespoir de bien des fans.

Difficile de s'étaler plus longtemps, les qualités énuméré dans mes précédentes critiques sont toujours présentes. Je suis ravi d'avoir bingewatché la série car je doute qu'elle soit pleinement compréhensible en attendant un an entre chaque saison, il y a beaucoup trop d'information à retenir.

Dark fait à n'en pas douter partie des séries exceptionnelles produite par Netflix  dans lesquels je compterais personnellement : The OA, Black Mirror, Dirk Gently, Sense 8.

Pour les amateurs de série sombre et humaine traitement de voyage dans le temps Dark et à n'en pas douter une série à voir absolument. 


Conclusion :

Superbe conclusion, la série réussie à prendre une ampleur apocalyptique tout en restant dans l'humain, toutes les pièces du puzzle s’emboîtent pour offrir une conclusion satisfaisante même si elle pourra frustrer les accros aux voyages dans le temps.




Commentaire Spoiler :

Si j'ai bien suivi la logique de l'histoire en empêchant la mort du fils de Tannaus, Martha et Jonas empêchent la création de leurs mondes respectifs et "réparent" le monde source. Sauf que si j'ai tout suivit à la logique de la série, avec la théorie des mondes parallèles, ils ne font que créer un quatrième monde dans lequel "tout va bien". Une erreur qui n'en est pas forcément une puisque les théories temporelles ne viennent que des personnages, elles sont donc imparfaites et le réalisateur peut faire le choix de ne terminer l'histoire que sur le quatrième monde pour appuyer le fait que les personnages se sont quand même sacrifier pour donner vie à un monde meilleur.


mercredi 9 septembre 2020

La plateforme

Cela faisait longtemps que j'avais envie de découvrir ce film d'horreur espagnol, le pitch semblait simple mais efficace, voyons ce qu'il en est vraiment.




Date de difusion Netflix : 20 mars 2020 
Durée : 1h 34min 
Genre : Science fiction, Fable
Réalisation : Galder Gaztelu-Urrutia
Casting : Ivan Massagué, Zorion Eguileor, Antonia San Juan

Nationalité : Espagnol


Synopsis:


Dans un futur proche, les moins favorisés sont enfermés dans une tour où la nourriture ne descend dans les étages inférieurs qu'au bon vouloir des étages supérieurs. Un homme va se faire enfermer pour essayer de mettre fin à cette tyrannie.



Critique :

La plateforme est le premier film de Galder Gaztelu-Urrutia, un film que je qualifierais de minimaliste car il pourrait quasiment être une pièce de théâtre tant le nombre de lieu et d'acteur est limité. L'aspect horreur m'attirait beaucoup,notamment parce que les espagnols ont fait montre dans grand talent dans ce genre, mais soyons clair même si le film se révèle parfois sanglant ce n'est absolument pas un film d'horreur.



La plateforme est une parabole, notre société y est symbolisé par une tour (un peu comme dans High-Rise ou snowpiercer sur un mode plus horizontal) et la théorie du ruissellement illustré de la plus pure des façons : les riches tout en haut nourrissent les pauvres en dessous de leurs déchets (marrant de se dire que je lisais déjà ça dans Gunm dans les années 90). Le personnage principal est convaincu que le modèle peut-être renversé si la masse des pauvres se soulève contre les quelques riches qui commandent mais il devra surmonter la peur et l’égoïsme pour réussir à convaincre ses compagnons d'infortunes.

Ce qui m'a le plus impressionné dans ce film c'est probablement son montage. Car il faut beaucoup de talent pour réussir à donner du dynamisme et conserver ses spectateur en ne montrant que deux personnages enfermés dans une pièce. Bien sûr, la réalisation et l'écriture jouent beaucoup mais pour moi c'est vraiment le montage qui conservera l'attention du spectateur tout du long.


 Avec aussi peu d'acteur, il faut beaucoup de talent pour capter l'attention et je dois reconnaître que si je ne connaissais aucun des membres du casting, ils font un travail remarquable. Mention spéciale, bien entendu, à Ivan Massagué, le personnage principal, toujours sur la brèche, au bord du gouffre, un personnage d'une force et d'une sensibilité remarquable.

Dans l'ensemble, j'ai vraiment passé un excellent moment devant ce film simple et efficace. J'ai apprécié son cynisme, son humour noir et les mécanismes redoutables de cette tour pour broyer ses prisonniers. La fin pourra déstabiliser par son classicisme, mais je trouve que c'est le choix le plus logique symboliquement parlant et tout le film ne repose que sur du symbolisme.

Une excellente surprise qui gagne à être connue

Conclusion :

Une fable sociale remarquablement bien mise en scène, c'est simple et percutant.

lundi 7 septembre 2020

MARVEL : Agents of SHIELD

Avec sa septième saison, la série Agents of SHIELD vient de s'achever il y a peu. L'occasion pour moi de faire le point sur une série atypique. Je vais spoiler le moins possible dans cette critique mais je serais obligé de clarifier certains points.



Date de diffusion : 2013 - 2020 

Durée : 22 x 42min sur les cinq premières saisons et 13 x 50 pour les deux dernières 
Genre : Drame, Fantastique, Espionnage, Action
Réalisation : Joss Whedon, Jed Whedon, Maurissa Tancharoen
Casting : Clark Gregg, Ming-Na Wen, Chloe Bennet
Nationalité : U.S.A.

Chaîne d'origine : ABC

Synopsis : 

Maintenant que les super-héros agissent au grand jour, le monde a changé. L'Agent Coulson se trouve en charge d'une unité spéciale du SHIELD propre à faire face à toutes les nouvelles situations que le monde pourrait devoir affronter.

Critique :

Agent of SHIELD est une série télé qui a vu le jour en 2013 à la fin de la première phase des films MARVEL. Joss Whedon venait de cartonner avec AVENGER et s'est vu charger de réaliser une série qui devait faire le pont entre télévision et cinéma. A l'origine, la série était vraiment vu comme un complément des films. Une idée qui s'avérera désastreuse pour la première saison et sera quasi abandonnée dès la deuxième. En effet, pour une raison que je vais vous expliquer, le début de la série agent of SHIELD est d'une naïveté assez crasse. On se croirait devant une série des années 80 avec ses héros aux sourires colgates qui s'en sortent toujours sans se décoiffer. Tout est très lisse, trop lisse. Les audiences sont bonnes mais beaucoup abandonnent progressivement la série tant elle semble lisse et fade. Une fuite du public conséquence d'une idée géniale en théorie mais désastreuse en pratique. En effet, la série était conçu pour sortir en conjonction avec le deuxième film Captain américa, un film conçu sur une révélation fracassante : le SHIELD est infiltré de longues dates par son pire ennemi l'HYDRA. Le film Captain America devait donc marquer un point de rupture et un changement profond dans la série. Avant le film, tout va bien, tout le monde est gentil, après le film, plus rien ne va, tout le monde devient parano. Seulement les aléas de la production font que cela demande de faire intervenir ce twist vers la fin de la première saison, il faut donc attendre l'épisode 17 sur 22 pour voir ce que la série a vraiment dans le ventre (autant dire qu'il faut regarder 17 épisodes de remplissage). Et effectivement, une fois ce retournement de situation effectué, la série m'a bien plus accroché car elle s'avère très sombre à l’antithèse des films. On se retrouve enfin devant une vraie série d'espionnage, les personnages ne peuvent quasiment plus avoir confiance en personne, ils sont isolés, affaiblis et pourtant toujours obligés de faire face à des menaces extraordinaires. Clairement, la première saison n'est donc pas la meilleure. Elle permet de poser les bases de la série et installe l'attachement émotionnelle qui servira pour ce retournement de situation colossale, mais toute cette phase de mise en place est malheureusement bien trop longue.
Par la suite, les références aux films seront bien moins précis ce qui ne permettra
jamais de faire intervenir un super héros dans la série. (On verra tout de même Nick Fury (Samuel l Jackson),  Maria Hill (Cobie Smulders et même Lady Sif (Jaimie Alexander))  en coup de vents le temps de deux ou trois épisodes)
L'autre accident de production, c'est celui des mutants. Lorsque les films de super héros explosent en salle, les studios commencent à se battre pour les licences. Si Marvel aimerait pouvoir utiliser tous les personnages de ses comics il lui manque de sérieux droits, ceux de Spiderman notamment mais surtout ceux des mutants. Adieu les X-men, adieu Wolverine, un problème d'autant plus gros que Wolverine a longtemps fait partie des Avenger et reste un personnage très apprécié. Mais peu importe, si le problème Wolverine ne peut pas être réglé, on peut tout de même régler celui des mutants. Ainsi Marvel commence à donner beaucoup plus d'importance aux Inhumains dans ses comics au point qu'ils en deviennent les nouveaux mutants. C'est d'autant plus flagrant que la série Agent of SHIELD possède tout un arc narratif sur les Inhumains et que le mot serait sans souci interchangeable avec celui de mutant. C'est surement le seul vrai gros regret qu'il peut exister avec cette série, elle ne fera intervenir que très peu de super humain connu et toujours des seconds couteaux (à l'exception de Ghost Rider, mais qu'on verra très peu et pas forcément de la meilleure des façons)

Voilà pour le contexte, mais en dehors de ça, Agent of SHIELD c'est avant tout une série d’espionnage et d'aventure d'une grande inventivité. Ainsi, à partir de la saison 4, chaque saison pose une problématique et un style différent, on aura ainsi du mystique, du space opera, de la terre parallèle et du voyage dans le temps. Le tout avec des décors, des accessoires et des effets de grande qualité.
Et Agent of SHIELD c'est aussi une galerie de personnages attachants. Le grand public à eu l'occasion de découvrir Coulson dans les long métrages, un personnage au flegme atypique et qui porte bien son nom de "fils du cool". Mais la série ne se repose pas que sur lui, elle peut compter sur une belle brochette de personnages tels que Melinda "cavalerie" May, Daisy "quake" Johnson, Leopold Fitz et Jemma Simmons, Mack, Yoyo, Deke et je ne parle là que des personnages principaux la série apportant régulièrement du sang frais. On notera au passage que Joss Whedon n'a pas perdu ses bonnes habitudes et que la série présente plusieurs personnages principaux féminin qui n'ont rien à envier aux personnages masculins et qu'il y a une vraie richesse ethnique dans ce groupe.
Globalement, même si Agent Of SHIELD ne fait pas partie de ces séries inoubliables qui marqueront le média, je ne regrette pas d'avoir suivit le show car il a su régulièrement prendre des risques en allant à contre courant des attentes du publics, en se renouvelant, en offrant de la diversité et de la modernité.
La dernière saison est un modèle du genre, elle récompense les fans en accumulant les clins d'oeil mais surtout se permet d'être complètement méta en référençant ses épisodes. En effet, chaque voyage dans le temps est l'occasion de référencer un épisode à un genre de fiction, on aura ainsi le film noir en 40, la série d'action en 90, la série cyber en 2000, etc. Le titrage et les visuels suivent, c'est un régal. Bien sûr l'histoire est à la hauteur de cet habillage, on se retrouve avec des enjeux planétaires qui influent sur l'intime de nos personnages. Beaucoup de remises en question et beaucoup d'émotions pour des derniers épisodes en miroir des derniers films Avengers.
Si la série Agent Of SHIELD peut difficilement exister par elle même, elle aura su jusqu'au bout rester un pendant de l'univers cinématographique Marvel et en offrir une autre vision. 




Conclusion :

Bien sûr tout n'est pas parfait dans cette série mais la richesse de son évolution et des personnages attachants en font une belle référence. Mieux vaut toutefois être passionné par les espions et les super héros.