Alors que d'immondes pirates mettent en danger notre sacro-saint petit écran à coup de téléchargements illégaux, un homme, un surhomme que dis-je, se dresse seul pour défendre la ménagère de moins de quarante ans et les CSP+. Ce héros se nomme: El programator.
(retrouvez la sélection télé chaque midi sur la page facebook)

lundi 25 mars 2019

Marie Stuart, Reine d'écosse

Après Captain Marvel on va rester encore un peu dans le Girl Power avec ce film historique que je suis allé voir entraîné par ma douce et sans avoir la moindre idée de ce dont il s'agissait (à part le thème bien sûr déjà évoqué de multiples fois au cinéma comme dans Elizabeth : l'age d'or )





Date de sortie 27 février 2019
Durée : 2h 04min
Réalisateur : Josie Rourke
Casting : Saoirse Ronan, Margot Robbie, Jack Lowden
Genres : Historique, Drame
Nationalités : Américain, Britannique



Synopsis :

L'histoire vraie des règnes conjoints de Marie Stuart reine d'écosse promise au trône d'Angleterre et d'Elisabeth reine d'Angleterre et d'écosse. Dans un monde d'homme qui les liguent l'une contre l'autre ces deux femmes luttent pour préserver leur place, chacune se reconnaissant dans l'autre.

Critique :

Marie Stuart est le premier film de Josie Rourke, directrice artistique du théâtre The Donmar Warehouse et c'est donc sans surprise que le film est très théâtral (aucune action, seulement des gens qui discutent dans de beaux décors). Cela n'entache pourtant pas les qualités du film, celui-ci se compose de "tableaux" plus magnifique les uns que les autres dans lesquels se déroulent les petites histoires de la grande histoire. Une histoire qui repose presque tout entière sur le livre Queen of Scots : The True Life of Marie Stuart.de John Guy et qui prend clairement le partie de Marie Stuart, là où on la montre habituellement plus vindicative. L'historicité prend clairement un coup dans ce qui concerne la mise en scène puisque décors, costumes et acteurs, tout est très approximatif. Visuellement c'est magnifique, mais historiquement c'est du niveau Stéphane Bern. A noter en plus un choix vraiment particulier : la mixité. Le casting intègre des acteurs noirs et asiatique à des rôles clairement anachronique. On pourra par exemple citer le personnage de Bess de Hardwick interprété par une actrice d'origine asiatique. J'avoue que ça m'a un peu bloqué, autant, vous l'aurez constaté sur ce blog, je suis pour favoriser a mort la diversité à l'écran car j'estime que c'est un combat important et que ce ne sont pas les occasions qui manquent. Mais dans un film historique je trouve cela très étrange, c'est une réécriture du passé et ça lui fait perdre du sens. Visuellement le film m'évoque un peu le Roméo et Juliette de Baz Lurhmann sauf qu'il s'agissait d'une fiction pas d'un fait historique.
Pour revenir au film, l'histoire repose sur la mise en parallèle des règnes de Marie et Elizabeth, le point d'orgue en étant d'ailleurs une rencontre entre les deux femmes qui n'a jamais existé historiquement. L'opposition est riche et prenante et construit deux très beaux portraits de femmes. Inutile de dire qu'il s'agit d'un film profondément féministe puisque malgré leurs conditions, les deux reines se voient forcées de lutter constamment contre la menace du patriarcat. Margot Robbie (Moi Tonya, Suicide Squad, etc) prend une fois de plus beaucoup de risques avec ce film en cassant son image de sex symbol pour interpréter un personnage torturé aussi bien physiquement que mentalement. Saoirse Ronan (Lost River, The Grand Budapest Hotel, etc) se voit quant à elle confier un rôle moins risqué mais tout aussi marquant, elle est lumineuse et touchante dans ses difficultés à faire reconnaître sa légitimité. Elle porte avec fougue le film sur ses fréles épaules. La petite surprise du casting c'est la présence de David Tenant (DOCTOR WHO !!!!) dans un rôle inattendu de prédicateur vindicatif, il est métamorphosé et vraiment impressionnant, on regrette d'ailleurs de ne pas le voir plus à l'image. Globalement le casting est très réussi et c'est vraiment un film d'acteurs.
Un petit mot sur la musique pour terminer, elle est l'oeuvre de Max Richter (Hostiles, Le congrès, etc) qui livre une fois de plus un très beau travail. Ce n'est pas forcément sa meilleure bande son mais elle accompagne à merveille les superbes ambiances du film.
Globalement, Marie Stuart est un très beau film avec un sujet passionnant, on pourra regretter le manque de rigueur historique et l'aspect théâtral mais ce sont des choix de réalisation, le sujet n'en reste pas moins passionnant et son traitement très militant vraiment intéressant.



Conclusion :

Deux beaux portraits de femme, une histoire forte superbement mise en image même si l'historicité est sujette à caution.

lundi 18 mars 2019

Captain Marvel

On reste dans les blockbusters et les héroïnes fortes, c'est d'ailleurs assez réjouissant de voir débarquer deux films de ce genre coup sur coup, et on s'attaque au nouveau Marvel en attendant le prochain Avenger.





Date de sortie 6 mars 2019
Durée : 2h 04min
Réalisation : Anna Boden, Ryan Fleck
Casting : Brie Larson, Samuel L. Jackson, Jude Law
Genres : Action, Fantastique, Science fiction
Nationalité : Américain

Synopsis :

Doté de pouvoirs uniques, Vers, membre des nobles guerriers Krees est amnésique et voit ses rêves hantées par son passé. Lors d'une mission de sauvetage ultra secrète, elle va découvrir que son passé pourrait être lié à la terre et faire basculer l'issue de la guerre entre les Krees et les Skrulls

Critique :

Comme Wonder Woman et Black Panther, Captain Marvel était un film de super héros très attendu car il mettait enfin terme à une injustice. Le premier Iron Man étant sorti en 2008, il aura fallut attendre plus de 10 ans et plus de 20 films pour qu'enfin le personnage principal d'un des films du Marvel Universe soit une femme (et tant pis pour la Veuve noire qui n'aura finalement été qu'un second rôle tout du long). Le constat est consternant et reflète bien notre société. On trouvera toujours des milliards d'excuses pour justifier ce fait mais en quoi cela pourrait-il être normal (10 ans/20 films...) ? Bref enfin ce film existe et naturellement il cristallise beaucoup d'attentes et dépasse le statut d'objet filmique pour devenir un objet social.
Difficile de déterminer si ce film est le fruit d'une vraie envie de faire bouger les choses ou une simple décision marketing cynique, probablement un peu des deux vu le nombre d’intervenants dans un projet de cette taille, mais n'en doutons pas, comme tous les autres, ce film vise la rentabilité maximum.
Alors est-ce que Captain Marvel et un bon film ? Pas vraiment. Comme la majorité des autres Marvel, c'est un honnête divertissement, il n'y a pas de défauts notables, c'est remarquablement bien rodé, mais c'est toujours un peu la même soupe réchauffé au micro-onde. Alors, certes, on prend plaisir à la boire, surtout que cette fois il y a ce petit plus qui fait évoluer la société, mais pour autant, ça n'en reste pas moins de la soupe réchauffé au micro-onde.
A titre d'exemple, là où les gardiens de la galaxy exploitait les années 80 pour séduire son public c'est cette fois les années 90 que Captain Marvel va piller avec tout autant d'opportunisme. Bien entendu j'ai pris plaisir à réentendre du Garbage et du Hole, à voir des affiches des Smashing Pumpkins et entendre parler du prince de Bel-air mais je ne pouvais pas m’empêcher d'avoir l'impression que le réalisateur était assis à côté de moi dans la salle et me donnait des petits coups de coude pour me dire "Hé, c'est les années 90, tu te rappelles? T'aimes bien ?"
Ok, c'est un peu subjectif comme défaut, alors je pourrais dire que je reproche aussi, l'aspect "over the top" qui m'a semblé supérieur aux autres films (même si Ant-man avait fait fort avec des interprétations très personnelle de la science) et le fait de faire de Nick Fury un sidekick humoristique. Marvel nous a habitué à casser l'image de ses héros, Ant-man, Thor et Starlord sont des personnages qui sont souvent ridiculisé mais qui pourtant brille tout aussi régulièrement. Cela permet de les rendre humain et attachant sans entacher leur légende. Dans Captain Marvel, Fury n'a aucune occasion de briller, il est juste ridiculisé tout du long, ce qui ruine l'aura du personnage pour en faire une espèce de mythomane opportuniste (rien à l'écran ne justifie son poste et de mémoire, il n'accomplit aucun exploit dans les autres films puisqu'il n'est qu'une présence "menaçante") pour l'ensemble de la franchise, ce qui est dommage pour un prequel (et oui, ce film se passant dans les années 90, il devient l'un des premiers de l'histoire Avenger a l'exception de Captain América en 39. Je préfère ne pas réfléchir à la rétro continuité car j'ai eu l'impression qu'il ne s'était pas trop ennuyé avec.)
Pour autant, il y a plein de choses cool dans ce captain Marvel, à commencer par Brie Larson (Kong, Free fire etc) parfaite dans son rôle  de soldat bad-ass et il faut reconnaître que le personnage de Captain Marvel, probablement l'un des plus puissants introduit dans le Marvel Universe, est vraiment cool. Le fait que NIck Fury soit un personnage a part entière du film est également un excellent choix, si le personnage avait été écrit de façon plus nuancé ça aurait même clairement été l'idée du siècle. Le plus grand des espions humains avec le plus puissant des guerriers Kree, il y avait de quoi faire quelque chose de franchement classe.  Le délire avec le chat est également une bonne idée et fera marrer tous les propriétaires de félin. Enfin, les fans de l'univers Marvel pourront également apprécier (ou pas) le traitement de la guerre Kree/Skrull que j'ai trouvé assez intéressant (même si j'aurais préféré un traitement moins grand public qui aurait pu convenir à une meilleure utilisation de Nick Fury et un film moins simpliste.).
Bref, tout n'est pas à jeter dans ce nouveau Marvel, c'est juste le Marvel de plus, sans surprise. Je recommande tout de même d'y aller car il mérite d’avoir du succès pour que les studios n'ait pas l'excuse du "on ne fait pas de films avec des héroïnes car le public n'y va pas". L'aspect Empowerement est présent et très réussi, Captain Marvel sera un beau modèle pour de nombreux jeunes. Ce n'est pas encore le Marvel de trop mais on s'en rapproche de plus en plus. En espérant que ce ne soit pas Avenger Endgame.


Conclusion :

Pas de surprises dans ce nouveau film de super héros, c'est ultra calibré comme d'habitude, de l'action, de l'humour, des références nostalgique à une époque précise. On passe un bon moment et on peut se réjouir d'avoir enfin une super héroïne Marvel en premier rôle au cinéma, mais rien de plus

mardi 12 mars 2019

Alita : Battle Angel

En tant que fan de Gunnm de la première heure, j'ai longtemps repoussé le visionnage de Alita. La bande annonce m'avait choqué avec ces immenses yeux manga qui bouffaient tout l'écran. L'artifice semblait totalement gratuit et augurait du pire pour le film mais voyons cela plus précisément maintenant que je l'ai vu.




Date de sortie 13 février 2019
Durée : 2h 02min
Réalisation :  Robert Rodriguez
Casting : Rosa Salazar, Christoph Waltz, Jennifer Connelly
Genres : Science fiction, Action
Nationalités : Américain, Argentin, Canadien

Synopsis:

Abandonnée agonisante et amnésique dans une décharge, le cyborg Alita est recueilli par Ido un médecin soucieux de lui venir en aide. Et elle aura bien besoin de son soutien pour faire face à un monde futuriste désespéré où les puissants de la ville désirent s'accaparer l'immense pouvoir qu'Alita possède sans le savoir.

Critique :

J'ai longtemps hésité à aller voir ce film. Difficile pour moi d'oublier les Dragon Ball et autre Ghost in the shell qui reviennent inlassablement pour rendre plus accessible des oeuvres qui n'ont pas vocation à l'être. En plus, Robert Rodriguez (Machette Kills, Sin City 2, etc) n'est pas vraiment réputé pour sa finesse, c'est le dernier réalisateur que j'aurais imaginé pour cette histoire, alors il était légitime de craindre que toute ce qui faisait la richesse et la beauté de Gunnm disparaisse au profit d'un film d'action ultra bourrin.
Mais il faut admettre que le réalisateur a su mettre de l'eau dans son vin et traiter le sujet de façon respectueuse. Probablement faut-il voir là la patte de James Cameron (Avatar, Titanic, etc), producteur et scénariste du film très attaché au projet de longues dates. Alors certes, il y a beaucoup d’adaptation pour coller au format film mais surtout pour rendre l'histoire accessible et ces adaptations sont autant de petites trahisons (je pense à Makaku par exemple, devenu Grewishka et dont la personnalité perd énormément : de dangereux psychopathe aux motivations profondes on passe à un simple larbin surexcité ) à l'oeuvre originale qui feront grincer les dents des fans les plus hardcore mais l'esprit est là. On retrouve à la fois la candeur et la violence de l'oeuvre originale, ce mélange improbable de pureté et de souillure qui faisait du manga une oeuvre à part. Le message sociétale est toujours aussi fort et d'actualité, les plus riches vient dans le ciel tandis que le reste de la population n'a pour seul droit que de vivre dans leurs déchets.
Et il faut reconnaître que visuellement c'est une grande claque dans la gueule, tout l'univers prend vie avec beaucoup de beauté, de la délicatesse des arabesques gravées sur les bras d'Alita aux lames rasoir de "Makaku" chaque détails rend l'ensemble cohérent. Et oui, les gros yeux sont justifiés, ils sont là pour marquer la différence d'Alita avec les autres habitants de la décharge parce que "spoiler" elle n'est pas comme eux. Je regrette tout de même une simplification des designs trop marquée. Que ce soit "Makaku", Zapan ou les bornes de l'usine, leurs visuels étaient beaucoup moins lisses dans le manga et apportaient une folie qui manque un peu à l'ensemble. Il faut probablement y voir le savoir faire de Cameron, faire des succès universel en simplifiant pour ne pas heurter le grand public.
Je dois également admettre que les scènes d'action sont dantesque. Que ce soit les combats où le motorball, les scènes sont lisibles et impressionnantes, le divertissement est complet.
Pour finir, on notera l'excellent choix de Christoph Waltz (Downsizing, Django unchained, etc) dans le rôle du bon docteur Ido, le choix aurait difficilement pu être meilleur, on aimerait presque qu'il ait plus de place à l'écran. Dans le rôle principale, Rosa Salaza (Divergente, le labyrintheetc) est plutôt bien choisie. Les grands yeux lui donne des allures de chaton mignon parfaitement adapté à la candeur du personnage et elle arrive également à la rendre plus inquiétante lorsque c'est nécessaire. Il est assez agréable de retrouver Jennifer Connelly ( Noé, Requiem for a dream, etc) et Mahershala Ali (GreenBook, Moonlight, etc) à l'écran mais leurs rôles ne m'a pas vraiment convaincu.
En conclusion, je dirais que Alita est une bonne surprise. Certes, il n'est pas parfait,mais il redonne vie à des images qui auront longtemps hanté les fans et devraient donner à toute une nouvelle génération l'envie de se plonger dans les aventures de la jolie Alita/Gally. Je ne sais pas combien de films sont prévu mais j'irais voir la suite avec grand plaisir, curieux de voir ce que l'acteur choisit pour jouer Destiny Nova donnera à l'écran.(et s'il mangera des flans).

Conclusion :

Contre toute attente, l'adaptation est plutôt réussie. Bien sûr, le propos est simplifié et il y a des facilités scénaristiques mais dans l’ensemble on passe un très bon moment et surtout, ça donne envie de lire/relire les mangas.

jeudi 7 mars 2019

Grace à Dieu

Pour une fois, ce n'est pas par hasard que cet article parait aujourd'hui. Car c'est aujourd'hui jeudi 7 février 2019 que nous allons savoir si Grace à Dieu se termine bien ou pas. Car c'est aujourd'hui que le procès débuté en 2015 pour des faits remontant jusqu'en 1986 sera enfin jugé et qu'on saura si le silence de l'église est considéré comme coupable par la justice ou non. Mais en attendant, parlons cinéma.




Date de sortie 20 février 2019
Durée : 2h 17min
Réalisateur : François Ozon
Casting : Melvil Poupaud, Denis Ménochet, Swann Arlaud
Genre : Drame
Nationalités Français, Belge

Synopsis :

2014, Alexandre apprend que le prêtre qui l'a abusé enfant et de retour dans sa paroisse. Pour ce père de famille qui croit dans le pardon mais aussi la justice, il est impossible de ne pas réagir. S'engage alors un bras de fer usant avec l'église auquel se joindront nombreuses autres victimes soucieuses d'être entendues et que ces horreurs s’arrêtent.

Critique :

Vous avez peut-être remarqué sur le blog que j'ai sorti la critique de Spotlight hier. Il se trouve que sur le fond les deux films ont beaucoup en commun, tout deux traitent d'une histoire vraie et de personnes luttant contre le silence de l'église concernant la pédophilie dans ses rangs. Il est d'ailleurs terrifiant de réaliser que Spotlight dévoilait une affaire s'étant déroulé en 2001 et que le retentissement n'a eu finalement aucun impact puisque 14 ans plus tard en France nous en étions toujours au même point.
De quoi parle Grace à dieu ? De victime d'un prêtre qui se regroupe pour faire arrêter ce prêtre toujours en poste, afin qu'il ne nuise plus aux enfants mais aussi de condamner tous les membres du clergé qui savaient le danger que représentait cet homme et qui n'ont rien fait en 30 ans. Inutile de dire que c'est un sujet lourd et grave mais Ozon a l'intelligence de le traiter sans pathos inutile avec beaucoup de finesse et de respect. Si le film condamne très clairement les responsables de cette affaire, ce n'est pour autant pas un brûlot à charge contre l'église comme on pourrait être tenté de le faire au vu le situation révoltante. On notera d'ailleurs que le film dénonce bien l’hypocrisie de notre société face à la pédophilie et non juste de l'église.
Basé sur une histoire réelle, documenté de centaines de lettres des divers protagonistes Grace à Dieu aurait pu souffrir du même défaut que Spotlight et d'un classicisme regrettable mais le réalisateur a l'intelligence de structurer son film de façon différente. Il rythme ainsi l'affaire par l'apparition des personnages dans une gradation allant du plus stable au moins stable illustrant ainsi la difficulté du combat à mener et l'usure qu'il provoque sur les hommes. Un découpage très riche et lourd de sens qui permet de présenter la diversité des personnalités des victimes et de développer leurs caractères. Ainsi, si Alexandre qui lancera l'affaire est un croyant convaincu et oeuvre pour le bien de l'église dans le but qu'elle reste le refuge qu'elle est censé être, François est quant à lui beaucoup plus va-t'en guerre et résolu à en découvre avec le clergé. Le réalisateur ne cherche pas à angéliser ses protagonistes, il montre des hommes avec leurs fragilités qui essayent de lutter contre un problème qui les dépasse.
Pour incarner ces personnalités fortes, Ozon a su s'entourer d'un superbe casting qui sonne très juste. Je retiens pour ma part surtout Melvil Poupaud (L'autre monde, Le crime est notre affaire, etc), un acteur que je ne connaissais pas vraiment et qui m'a beaucoup touché dans son rôle tout en sobriété. Denis Ménochet (L'empereur de Paris, Assassin's creed, etc) et Swann Arlaud (Petit paysan, un beau voyou, etc) ne déméritent pas non plus d'autant que leurs personnages sont plus torturés et donc offrent une palette d'émotions plus large mais moins subtile. On notera enfin un jolie cameo de Josiane Balasko (Ma vie est un enfer, les bronzés, etc), court mais beau.
Dans les qualités du film je citerais aussi la musique de Evgueni et Sacha Galperine, deux artistes que je ne connaissais pas mais qui livrent une partition de toute beauté, là encore tout en finesse.
Vous l'aurez compris, si je ne peux pas dire que j'ai passé un bon moment devant Grace à Dieu, j'ai tout de même beaucoup apprécié ce film pour ses qualités artistiques d'une part mais surtout pour la force de son sujet. En sortant en salle, ce film poursuit la lutte de ces victimes qui souhaitaient faire entendre leurs voix et faire bouger les choses. On ne peut d'ailleurs que se réjouir que les tentatives d’empêcher la sortie du film se soit avérées des échecs.
Je recommande donc fortement d'aller voir ce film, ce beau portrait de personnages hors norme ayant réussi à se dresser contre notre société pour faire valoir la justice.
Pour finir, il me semblait important de mettre un lien vers le site de l'association dont parle le film et qui s'est battu pour faire reconnaître les victimes et agir contre la pédophilie : La parole libérée.


Conclusion :

Un très beau film, dur mais sobre et surtout utile alors que le silence est toujours de mise dans ces affaires tragiques. La honte doit changer de camp.

mercredi 6 mars 2019

Spotlight

Si j'avais bien vu Spotlight à l'époque de sa sortie en 2016, je n'avais pour autant pas eu le temps d'en faire la critique. Le brouillon traînait donc dans un coin du blog suscitant toujours quelques remords de ma part, surtout au vu de la gravité du sujet. L'occasion m'étant donné aujourd'hui d'en reparler je n'hésite pas une seconde.





Date de sortie: 27 janvier 2016
Durée: 2h 08min
Réalisation: Tom McCarthy
Casting: Michael Keaton, Mark Ruffalo, Rachel McAdams
Genres: Drame, Thriller
Nationalité: Américain

Synopsis:

2001, le Boston Globe mène une enquête de presque un an sur des suspicions d'abus sexuels au sein de l'église. Malgré les pressions, l'enquête vaudra au journal un prix Pulitzer et aura des conséquences dans le monde entier.

Critique:

S'il n'y a pas d'actualité concernant Spotlight, il y en a concernant la pédophilie et l'église, c'est pourquoi je me permet de sortir enfin cette critique trois ans plus tard. Car si Spotlight est un film c'est aussi et surtout un cri d'alerte. La volonté de mettre en avant une affaire de pédophilie institutionnalisée qui n'avait finalement eu que peu d'écho par chez nous. Tellement peu d'écho qu'alors que l'affaire avait explosé en 2001 aux états-unis on s'étonnait encore en France en 2014 qu'une telle affaire puisse exister dans le diocèse de Lyon. (ça n'existe que chez les autres voyons)
Alors oui, Spotlight est un excellent film, c'est un thriller passionnant mené par un casting d'exception. On pourra certes reprocher au film d'être un peu trop conventionnel dans son approche et de ne pas surprendre beaucoup tant la narration est classique mais ce serait passer à côté du principal : la gravité du sujet.
Spotlight ne fait pas que dénoncer la pédophilie, un acte gravissime en soi, il dénonce surtout la manière dont l'église à tout fait pour étouffer le problème en connaissance de cause et en s'assurant qu'aucun prêtre ne soit jamais inquiété.
Spotlight lutte donc contre une vraie tentative de censure d'un organisme puissant au niveau mondial et qui influence notre société en profondeur. Plus qu'un divertissement, Spotlight a donc une vertu documentaire, il permet de mettre en lumière un sujet qui à trop tendance à être tu et de le rendre accessible au plus grand nombre.
Alors certes, une fois de plus le pape a eu des mots forts pour dénoncer la pédophilie, mais ce n'est pas la première fois que des discours de ce genre sont prononcés et jusqu'à aujourd'hui ces mots n'ont jamais été suivit d'actions, bien au contraire. Et comment admettre que depuis 2001 et toutes ces révélations, l'église n'ait pas agit ?
Alors n'hésitez pas à voir ou revoir Spotlight. N'hésitez pas à en parler autour de vous car ce qui pourrait avoir l'air d'un délire de complotiste est une réalité, documenté et ce film en parle avec beaucoup de talent.
Il est temps que la honte change de camp.



Conclusion:

Un film passionnant sur un thème d'une violence terrible. Loin du cinéma divertissement on se retrouve ici presque dans du cinéma d'investigation. A voir absolument.

lundi 4 mars 2019

Green Book

Il y a un petit moment déjà que je voulais voir Green Book, mais le manque de temps m'en avait jusqu'alors empêché. Sacré Oscar du meilleur film 2019, je n'avais plus d'excuses pour ne pas bouger mes grosses fesses et me faire mon avis. Il est donc temps de voir ensemble si la prestigieuse statuette est méritée.




Date de sortie 23 janvier 2019
Durée : 2h 10min
Réalisateur : Peter Farrelly
Casting : Viggo Mortensen, Mahershala Ali, Linda Cardellini
Genres : Drame, Biopic
Nationalité  : Américain

Synopsis :

1962, videur star de son quartier, Tony Lip se retrouve sans revenu pour deux mois. Ne souhaitant pas accepter les propositions de ses amis mafieux pour nourrir sa famille, il consent à devenir le chauffeur d'un virtuose noir malgré ses a priori racistes. Ensemble, ils feront une tournée dans le sud profond des états-unis et devront affronter la discrimination et la ségrégation.

Critique :

Tout d'abord, un peu de contexte : Green Book est le nouveau film de Peter Farrelly, la moitié des frères Farrelly connu pour des films comme Dumb and Dumber, Mary à tout prix ou L'amour extra large. De la comédie bien potache donc, loin de la comédie sociale un peu classe annoncée par la bande annonce de ce nouveau film.
C'est donc avec beaucoup de scepticisme et une pointe de curiosité (celle qui nous pousse à ralentir devant un accident) que je me rendais en salle pour découvrir cette nouvelle oeuvre. D'autant que c'est un film qui repose sur une ficelle usée jusqu'à la corde : l'opposition entre deux personnages que tout oppose. Je citerais par exemple l'arme fatale qui voit s'opposer la fougue de la jeunesse à la sérénité de l'âge, Miss Daisy et son chauffeur et l'irascible vieillesse riche face à l'optimisme jeunesse pauvre, ou Intouchable sur le même thème. Autant dire que Green Book fait beaucoup penser à Intouchable (peut-être parce que c'est le plus récent et marquant dans le genre). On pourrait trouver un peu facile d'avoir "échangé" les rôles et pris un personnage noir riche face à un blanc pauvre mais au contraire cette inversion est riche de réflexions et c'est surement ce qui apporte un vrai plus au film. En dehors de ça, n'allez pas voir Green Book pour être surpris ou voir quelque chose que vous n'avez jamais vu, il n'y a aucune originalité ici.
Non, la force du film réside dans sa simplicité et son efficacité. Il n'essaye pas d'être tape à l’œil ou spectaculaire, d'en faire des tonnes dans l'émotion ou dans la violence, au contraire tout est mesuré, léger et on survole cette passionnante traversée des états-unis avec le flegme du Dr Shirley.
La comparaison avec Intouchable n'était pas hasardeuse (contrairement à celle avec l'arme fatale) les deux films ont beaucoup en commun (notamment le sacro saint "adapté d'une histoire vraie" véritable sésame pour obtenir des prix) mais Green Book est à mon sens bien meilleur (même si Intouchable parle du handicap et Green book du racisme, je sais) car plus subtile et plus dépaysant.
Car le petit plus de Green Book c'est de nous replonger dans les états-unis des années 60, un voyage aussi prenant que celui de la mule avec lequel il partage un certain esprit (irais-je jusqu’à dire que Green Book est une mule intouchable ? ). J'apprécie notamment l'absence de violence du film. Certes on trouvera un ou deux coup de poing, mais au vu de la gravité du sujet (l'histoire se situe quand même 2 ans avant celle de Mississipi Burning et ses lynchages en règle) on aurait pu se retrouver avec quelque chose de bien plus sombre mais heureusement le film réussit à aborder la gravité de la situation tout en restant accessible au plus grand nombre. Le message de tolérance passe ainsi plus facilement et c'est surement le plus important.
Autre point fort du film, le casting. Tout repose sur la relation entre Viggo Mortensen (Captain Fantastic, le seigneur des anneaux, etc) qui joue un italien un peu beauf mais débrouillard et Mahershala Ali (Moonlight, les 4400, etc) qui incarne un virtuose du piano noir et collet monté. Les deux acteurs sont excelents dans leurs rôles respectifs et le rapport entre les personnages est vraiment riche et touchant,
Si Green Book ne sera jamais un film culte pour moi car malgré toute son efficacité et son intérêt social, il reste un film sans risque ni originalité. Je comprend pourtant qu'on puisse lui décerner un prix aussi prestigieux, c'est une oeuvre intelligente qui plaira au plus grand nombre et qui fait du bien dans notre société ou la violence sociale reste toujours présente.


Conclusion :

Un très beau film sur le vivre ensemble. Si le point de départ est un énorme poncif, le traitement n'en reste pas moins remarquable.