Je n'avais pas vraiment envie d'aller voir Moonlight mais le destin s'en mêle parfois et j'étais tout de même curieux de voir ce que l'oscar 2017 avait dans le ventre. L'occasion de voir si le prix est mérité ou non de mon point de vue.
Date de sortie 1 février 2017
Durée : 1h 51min
Réalisation : Barry Jenkins
Casting : Alex R. Hibbert, Ashton Sanders, Trevante Rhodes
Genre : Drame
Nationalité : Américain
Synopsis:
La vie du solitaire Chiron, de l'enfance à l’âge adulte, dans un quartier difficile de Miami.Critique:
Moonlight est le premier film de Barry Jenkins et le moins que l'on puisse dire c'est que le réalisateur a su frapper fort. Ce que l'on remarque immédiatement dans Moonlight c'est la patte du réalisateur. Sur des sujets très dur : drogue, harcèlement scolaire, homosexualité en milieu difficile, Barry Jenkins réussi à instiller une véritable grâce, une tendresse qui imprègne l'ensemble de ses plans. Et c'est là la véritable force de ce film, réussir à extraire la beauté d'une histoire qui n'en a presque pas. Le réalisateur évite tous les pièges, il ne cède pas au misérabilisme, ni à la violence, ni au sexe, il se contente de raconter son histoire et d'en extraire ce qui est beau. Il réussit également à s'extraire des clichés en présentant des figures différentes de celle habituelles comme ce parrain de la drogue humaniste incarné par Mahershala Ali.Et c'est l'autre force de ce film, bien qu'une grande partie de son casting soit jeune, le réalisateur a su
s'entourer de très bons acteurs qui sonnent tous juste. Les trois incarnations de Chiron notamment retranscrivent avec beaucoup de subtilité la grande sensibilité et la colère du jeune garçon. Une entreprise d'autant plus dure que la caméra colle souvent au plus près des acteurs.
Au niveau de l'histoire par contre, je trouve l'ensemble assez léger. C'est une jolie histoire avec de beaux personnages mais ça ne raconte pas grand chose. Le réalisateur a choisit de traiter une partie de la vie de son personnage sans enjeux particuliers ce qui rend le spectateur complètement passif dans l'histoire. Il ne peux pas vraiment anticiper ce qui viendra car il ne sait même pas ce qu'on lui raconte. C'est un choix de narration mais qui personnellement m'a déplu et laissé un goût amer à la fin, l'impression que le réalisateur ne savait pas vraiment ce qu'il voulait raconter. (c'est juste une impression dû au type de narration, le réalisateur sait très bien où il va). D'autres part, en refusant les facilités le réalisateur livre un film très beau, très tendre mais qui ne touche pas vraiment. Le spectateur est sensibilisé, s'attache au personnage mais n'est pas impliqué émotionnellement ce qui là encore laisse un goût d'inachevé. J'aurais aimé être pris aux tripes par l'histoire de ce garçon d'autant que s'il n'en montre rien, le héros ressent des émotions très forte et il est dommage que le spectateur ne puisse les partager.
Dernier petit mot sur la musique car Nicholas Britell (The big short, etc) livre une partition d'une grande douceur, aux antipodes du genre d'ambiance attendu pour un film de "banlieue". Cette musique fait beaucoup pour renforcer la poésie et la beauté de l'ensemble.
Concernant l'oscar, j'aurais du mal à dire s'il est pleinement mérité. Je n'ai vu que trop peu des autres films du palmarès et je ne suis pas convaincu que La la land soit vraiment meilleur (même s'il est plus spectaculaire).
Moonlight est un vrai film d'auteur, une vision unique d'une histoire assez classique et pourtant, le film n'a pas réussi à m'emporter pleinement. En fait, c'est surtout la force de son sujet et l'intelligence de son traitement qui permet à Moonlight de se distinguer du reste de la production. Car en dehors de ça, Moonlight manque à mon sens d'une certaine fougue qui aurait pu en faire un vrai grand film.
Une chose et sûre, je garderait un œil sur les prochaines productions de Barry Jenkins car le réalisateur est vraiment prometteur, mais je ne recommande pas plus que ça Moonlight, qui est un bon film offrant un regard unique, mais pas une oeuvre prenante.
Petite aparté, dans un sujet vaguement proche (un jeune marginal qui essaye d’échapper à un quartier difficile et au trafic de drogue.) j'avais adoré Dope, plus classique mais beaucoup plus fun et impliquant.
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