Alors que d'immondes pirates mettent en danger notre sacro-saint petit écran à coup de téléchargements illégaux, un homme, un surhomme que dis-je, se dresse seul pour défendre la ménagère de moins de quarante ans et les CSP+. Ce héros se nomme: El programator.
(retrouvez la sélection télé chaque midi sur la page facebook)

lundi 28 août 2017

Atomic Blonde

Après une semaine de relâche, il est temps de revenir à du bon vieux blockbuster bien gras, doublé en prime d'une adaptation de comics. Accrochez vous à vos slips, on attaque Atomic Blonde.






Date de sortie : 16 août 2017
Durée : 1h 55min
Réalisation : David Leitch
Casting : Charlize Theron, James McAvoy, Sofia Boutella
Genres : Action, Espionnage
Nationalité : Américain

Interdit aux moins de 12 ans

Synopsis:

Berlin, 1989, alors que la tension n'a jamais été aussi forte autour du mur, un agent secret du Mi6
est assassiné après avoir récupéré une mystérieuse liste que tout le monde recherche. Londres décide donc d'envoyer sur place l'un de ses meilleurs agents : Lorraine Broughton, pour comprendre ce qu'il s'est passé et récupérer la liste. là-bas, elle rejoint le responsable local : David Percival, un agent aux méthodes peu orthodoxes. Ensemble, ils devront essayer de survivre à un véritable nœud de vipère où on ne peut faire confiance à personne.

Critique:

Atomic Blonde est l'adaptation du comics The Coldest City (dont je n'avais honnêtement jamais entendu parler et dont les auteurs sont également peu connu) ainsi que le deuxième film de David Leitch qui s'était jusque là surtout illustré en tant que cascadeur (Matrix Reloaded, V for Vendetta, etc).
C'est un film d'espionnage orienté action (ou d'action orienté espionnage pour être plus franc) qui a l'idée brillante de se dérouler à Berlin peu avant la fin du mur. Un choix d'ambiance vraiment fort qui donne une puissante identité visuelle à Atomic Blonde mais qui aurait pu apporter bien plus avec un peu d'effort.
En effet, si sur le fond le scénario du film est plutôt intelligent avec une période historique forte et propice à de nombreuses réflexions (art, culture, géopolitique, etc) et une trame suffisamment complexe, l'histoire ne fait finalement que survoler ces éléments. Le contexte ne sert qu'a faire de belles images sur une jolie bande son et la trame à faire croire que l'histoire est brillante alors qu'elle n'est qu'inutilement complexe.
Et c'est le principal défaut du film. Sorti de son début et de sa fin, l'histoire n'est qu'une succession de scènes creuses ou de baston où l'on s'interroge sur le but de l'auteur (outre meubler, je veux dire). L'ensemble a été dynamisé avec un procédé de Flahsback mais ont sent bien encore que ce n'est là qu'un prétexte tant cela aurait pu être utilisé plus intelligemment au vu de l'histoire.
S'il ne brille pas par son scénario, Atomic Blonde se distingue par contre par son casting. En effet, comme à son habitude, Charlize Theron (Mad Max: fury Road, Dark places, etc) s'est surpassé et elle est aussi envoûtante que bad-ass. Ses combats n'ont rien à envier à aucun héros de films de ces dernières années, surtout que l'actrice as réalisé elle-même ses cascades. Comme toujours, elle n'a pas hésité à prendre des risques et a s'enlaidir (c'est pas Monster non plus) prouvant une fois de plus que son talent ne repose pas que sur son physique, loin de là. Face à elle, un James McAvoy (Split, X-men apocalypse, etc) en mode Tyler Durden, ultra charismatique en jenfoutiste totalement punk. Son rôle est beaucoup moins physique que celui de sa partenaire (peut-être parce qu'il s'était cassé le bras avant le tournage) mais il n'en reste pas moins très marquant.
Enfin, on notera la présence de la talentueuse Sofia Boutella ( Star trek, Kingsman, etc) l'actrice française a toujours la cote à l'étranger et autant de talent, je regrette malheureusement qu'on lui ai confié un rôle peu intéressant. Pour moi, elle se retrouve dans le rôle le moins crédible et le plus stéréotypé du film et c'est bien regrettable quand on sait de quoi l'actrice est capable. A noter aussi la présence du trop rare John Goodman (Kong, Argo, Monuments men, etc) et de Eddie Marsan (Blanche Neige et le chasseur, Le dernier Pub avant la fin du monde, etc) et Toby Jones (Tale of tales, Hunger games La révolte, etc) deux vrais gueules du cinéma qu'on a pu voir dans de nombreux films et séries et qui donne ici beaucoup de cachet à l'histoire.
Au niveau des qualités, on notera aussi les scènes d'actions. Même si toutes ne m'ont pas convaincu certaines sont vraiment spectaculaire à l'image de celle de l'escalier, scène emblématique du film qu'on ne peut que saluer.
Si la réalisation n'est pas exceptionnelle, on notera tout de même de très belles images avec une superbe mise en lumière ainsi que des combats très réussi, ce qui est toujours mieux pour un film d'action.
Enfin, Atomic Blonde c'est aussi une BO, on le remarque de plus en plus, le recours à la musique des années 80 est une plus-value certaine pour faire venir le publique. Au moins, ici, le réalisateur a une excellente excuse puisque c'est la bande son de l'époque et quelle bande son. Entre le spleen de Bowie et le punk des Clash on en prend plein les oreilles et c'est un régal.
Pour conclure, je dirais que Atomic Blonde est un bon blockbuster. Il n'a pas de défauts majeurs et quelques très bonnes qualités. Pour autant, ça n'a rien d'un grand film et c'est vraiment dommage car avec les éléments de base, il y avait possibilité de faire quelque chose d'énorme.


Conclusion:

Une bonne ambiance, une super bande son, d'excellents acteurs et de bonnes idées mais un scénario confus et un brin ennuyeux.


j'vous remet un peu de Sofia Boutella parce qu'il n'y en a pas assez dans le film ;p


Quelques affiches alternatives dans une ambiance plus comics



vendredi 25 août 2017

Djam

On continue de fuir les blockbusters avec le nouveau Tony Gatlif, un genre en soi tant le réalisateur nous a habitué à un cinéma qui lui est propre et apporte une vrai fraîcheur dans nos salles. (on dirait que je parle d'un nouveau produit ménager...)






Date de sortie : 9 août 2017
Durée : 1h 37min
Réalisateur : Tony Gatlif
Casting : Daphne Patakia, Simon Abkarian, Maryne Cayon
Genre : Drame
Nationalités : Français, Turc, Grec

Synopsis :

Envoyé à Istambul pour acheter la pièce qui permettra à leur bateau de voguer à nouveau, la jeune Djam croise la route d'Avril, une française venue aider les réfugiés mais qui s'est perdu en route. Elles voyageront ensemble, par les chemins de traverse, dans une aventure faite de rires, de musiques et de rencontres.
.

Critique :

En rédigeant cette critique, je réalise que c'est la première fois que je parle de Tony Gatlif sur ce blog. Il faut dire que je n'avais pas eu l'occasion de voir l'un de ces films depuis Liberté en 2010 et que le blog n'existait pas encore.
Pourtant, j'adore Tony Gatlif. Je l'ai découvert en 1997 avec Gadjo Dilo et pour le jeune adulte de province que j'étais alors ce fut comme passer de l'autre côté du miroir. Découvrir la richesse de culture dont je ne connaissais que les stéréotype, de pays dont je ne soupçonnais pas la richesse. Tony Gatlif c'est un peu le Emir Kusturica français, chacun de ces films est la promesse d'un voyage dont on ne revient jamais le même. Le réalisateur se passionne pour la culture tzigane et plus globalement pour toutes les populations "nomades". C'est donc sans grande surprise que son nouveau film traite du sujet des migrants en filigrane. Les héroïnes du réalisateurs suivent leurs traces dans leur périple découvrant l'inhumanité derrière cet exil.

Pour porter ce film, une actrice : Daphne Patakia, tout simplement admirable. Elle danse, elle chante et surtout elle joue magnifiquement bien. Que ce soit en Grec ou en Français, l'actrice nous emmène avec elle avec une grande facilité. Si le réalisateur l'a gâté avec ce personnage haut en couleur, c'est bien l'actrice qui le rend crédible et lui donne autant de force. A ses côtés, dans un rôle, il faut l'avouer, plus ingrat, Maryne Cayon peine à s'illustrer même si le contraste entre les deux filles donne aussi son intérêt au film. Enfin, impossible de ne pas mentionner Simon Abkarian (La mécanique de L'ombre, Secret défense, etc), un acteur que j'adore et qui trouve ici un rôle à la hauteur de son talent. On le voit peu mais il est extrêmement touchant.
Autre personnage important du casting : la musique. C'est toujours un élément important de la filmographie de Tony Gatlif. l'occasion de découvre des musiques souvent identitaire et qu'on connait peu. Cette fois le réalisateur nous fait découvrir le Rebetiko, un genre musical grecque issue des vagues migratoires de 1920. Une musique qui confère une ambiance très personnel au film entre rebellion et nostalgie. Une musique qui incarne la douleur de l'exil et la souffrance des personnages.
Si Djam est un beau voyage, c'est un voyage qui m'a un peu perdu. En effet, j'aime quand les films ont une direction que je peux anticiper et celui-ci m'a pris au dépourvu. L'important dans Djam n'est pas la destination mais bien le voyage, il ne faut donc pas en attendre plus qu'une découverte d'autres cultures, et qu'un beau moment loin de chez soi en douce compagnie.
Si ce n'est surement pas le meilleur Tony Gatlif (pour moi ce serait plutôt Gadjo Dilo ou Exils), Djam n'en reste pas moins une rafraîchissante découverte, celle d'une musique qui touche l'âme et d'une actrice d'une grande fougue.



Conclusion :

Comme souvent avec Gatlif, un film dépaysant et d'une grande liberté. Pas forcément son meilleur mais un beau moment de cinéma.








lundi 21 août 2017

La vie de chateau

Les blockbusters c'est bien joli, mais un peu de films indépendant, ça ne fais pas de mal pour étoffer son sens critique. J'ai découvert celui-ci par hasard(le film, pas le sens critique) et j'étais curieux de voir le traitement d'un sujet aussi peu évident.





Date de sortie 9 août 2017
Durée : 1h 17min
Réalisation : Modi Barry, Cédric Ido
Casting : Jacky Ido, Tatiana Rojo, Jean-Baptiste Anoumon
Genre : Comédie dramatique
Nationalité : Français

Synopsis :

Charles, surnommé "le prince", dirige une partie des rabatteurs de la station de métro Chateau d'eau. Lassé de son travail, il voudrait ouvrir son propre salon de coiffure pour homme. Mais pour cela, il lui faut faire des sacrifices et prendre garde à Bébé, son rival aux méthodes moins respectables que les siennes.

Critique :

La vie de chateau est le premier film de Modi Barry et Cédric Ido, il se concentre sur le quartier de Chateau d'eau, un quartier mal aimé de Paris à l'ambiance très particulière. C'est pour cette raison que les deux réalisateurs ont voulu se pencher sur le sujet et essayer d'en faire sortir le positif. C'est également ce qui m'a attiré dans le sujet et pour le coup c'est plutôt réussi. Loin des reportage racoleur que l'on peut régulièrement voir à la télévision, le film bénéficie d'une ambiance assez rare en évitant de sombrer dans le misérabilisme toujours associé au quartier. Un choix partial qui n'est pas dénué d’intérêt (puisque ça offre enfin un contrepoint à tout ce qu'on connait déjà) mais qui manque d'ambition.
Certes, c'est une bonne idée de vouloir valoriser la culture développée autour de ce quartier, comme la "sape" (l'art de s'habiller), mais cela n'est finalement qu'esquissé et très accessoire dans l'histoire. Sans réels enjeux dramatiques, pour rester léger tout du long, et sans approfondissement de la culture propre au lieu, le scénario finit par devenir aussi superficiel qu'un épisode de Plus belle la vie. Ce n'est pas désagréable à regarder mais pas vraiment marquant non plus.
Et c'est dommage, car on sent que le potentiel est là, il y a un vrai univers a exploiter et des destins à suivre. On aimerait s'attacher un peu plus aux personnages notamment parce que les acteurs sont bon.
Pour son premier premier rôle au grand écran, Jacky Ido crève l'écran. Il est parfait dans le rôle du charismatique Charles, sa voix envoûtante et son allure nonchalante le rendent immédiatement sympathique et participe pour beaucoup de l'ambiance légère du film. Le reste du casting est également de qualité et c'est ce qui permet de rendre crédible l'ambiance de ce quartier pas comme les autres.
Une ambiance également mise en valeur par la caméra, très mobile, qui renforce le réalisme par son côté reportage. La réalisation est efficace sans être extraordinaire mais elle sait s'effacer suffisamment pour nous plonger dans le cœur vibrant de ce quartier.
Niveau musique, c'est l'occasion de découvrir des morceaux inspirés par la culture africaine (je fais probablement un immonde raccourci là, mais j'avoue ne pas savoir comment être plus précis) une ambiance sonore qui apporte beaucoup à la jovialité de l'ensemble.
Globalement, La vie de chateau est une bonne surprise. Déjà parce qu'il témoigne de la pluralité de Paris et que ça reste trop rare à l'écran et ensuite parce qu'il se concentre sur un sujet méconnu pour en apporter un nouveau regard. C'est un feel good movie sur une histoire pas forcément gai dans un univers assez dur (avec le même sujet un réalisateur plus sombre en aurait tiré un polar plutôt glauque). Pourtant, je regrette que les réalisateurs soient resté aussi léger dans le développent. Avec seulement 1h17 de durée et de nombreux personnages, l'histoire ne fait que survoler ses sujets et n'est jamais vraiment prenante. On se ballade dans le scénario comme Charles dans son quartier, sans jamais s'attacher. Et pourtant c'est là que le film aurait pu être frappant, en creusant les personnages, en creusant la culture en faisant jaillir l'essence qui prend aux tripes. Ici, le film est plaisant mais peu mémorable et c'est vraiment regrettable.

Conclusion :

Un film original sur un quartier très typique de paris. C'est rafraîchissant mais ça manque un peu de corp pour être vraiment marquant.




vendredi 18 août 2017

Office

Il y a peu je me plaignais d'être en manque de Johnnie To. Le réalisateur, pourtant toujours aussi prolifique, n'est plus importé en France depuis plusieurs années, vous imaginez donc ma joie lorsque j'ai appris la sortie d'un de ces nouveaux films. J'allais enfin avoir ma dose et ce, même si il s'agissait d'une comédie musicale.






Date de sortie : 9 août 2017 (2015 en chine)
Durée : 1h 59min
Réalisateur : Johnnie To
Casting : Chow Yun-Fat, Sylvia Chang, Eason Chan
Genres : Comédie, Comédie musicale, Romance
Nationalité : Hong-Kongais
Titre original : Hua Li Shang Ban Zu

Synopsis :

Alors que la crise économique de 2008 est sur le point de frapper Hong Kong, trois couples se découvrent et se déchirent au sein d'une entreprises où les intérêts économiques écrasent l'individualité.

Critique :

Depuis le temps, vous ne l'ignorez probablement pas, je déteste les comédies musicales. C'est un genre auquel je ne suis absolument pas sensible et qui m'ennuie au plus haut point. C'est d'autant plus étranges que j'adore la musique, et suis très sensible aux soundtrack mais les comédies musicales souvent très codifié grâce à Hollywood me font saigner des oreilles. Quelques unes ont toutefois réussie à me toucher, le plus souvent en sortant du moule des comédies sirupeuses imposé par Broadway. En début d'année La la Land m'avait mis une belle claque, je reste aussi fan de classiques comme Chantons sous la pluie et d’œuvres plus obscures comme le Rocky Horror Picture show. mais malgré tout mon amour pour Johnnie To ( La vie sans principe, Elections, PTU etc), j'avoue que je suis resté à la porte de ce film.
Je ne dirais pas pour autant que Office est un mauvais film, ce serait une condamnation injuste et totalement partiale, je ne suis juste pas du tout le public. Le réalisateur livre ici une oeuvre vraiment originale avec des choix artistiques audacieux et une atmosphère à la fois très proche et très différente de ce que l'on connait. Lui qui est réputé pour ses films de mafieux et ses décors urbain très ancré dans le réel nous propose ici tout le contraire avec un décors très théâtral et des personnages de classe plus aisée . Office, c'est un peu l'hybridation improbable de Un américain à Paris, Dogville et Margin Call (bon, vite vu Margin call parce que la partie économique est salement survolée), sans parler du fait que c'est en chinois. Et ne nous mentons pas, ça a son importance. Je n'avais, pour ma part, jamais vraiment écouté de chanson chinoise, la découverte était donc assez perturbante.
Dans sa forme, Office rappellera les comédies musicales live, comme si l'action se déroulait sur scène dans des décors modulaire. Cela confère au film une ambiance organique assez intrigante, renforcée par la nature même du décors et sa grande horloge centrale. Comme si tous les personnages n'étaient que les rouages d'une grande machine autonome et folle. Une divinité omnipotente broyant leur vie sans qu'ils s'en aperçoivent. L'autre intérêt de ce décors, c'est de renforcer les perspectives et donc de renforcer l'effet de la 3D. J'ai eu l'occasion de voir le film en 3D (je déteste les films en 3D pour dire si Office partait avec des handicaps) et si je n'ai pas ressenti de véritable intérêt à ce procédé, je vois au moins ce que le réalisateur a essayé de faire (contrairement à tout ces films où la 3d ne se justifie que parce qu'un objet fonce sur le public a un moment de l'histoire).
Niveau casting, j'ai peu de chose à dire. Sorti de Chow Yun Fat (Tigre et Dragons, The killer, etc) je ne connaissais aucun des acteurs. Je serais bien en peine de juger leurs compétences de chant et ils m'ont semblé juste en tant qu'acteurs. En bon européen j'ai eu du mal à identifier les acteurs et il m'a fallut la moitié du film pour vraiment comprendre le couple Sophie/David.
Au niveau de l'histoire, il est intéressant de constater que derrière le luxe et les lumières éclatantes on retrouve la noirceur de l'univers de To. Sous le vernis, les financiers ne valent guère mieux que les truands, ils ont juste l'air plus respectable mais pas la chanson (air/chanson, jeux de mots, elle est pour moi, merci). La comédie tourne donc au drame dévoilant un monde aussi inhumain que sa grande horloge. On notera que je n'ai pas vraiment senti le côté comédie, certes le film est globalement léger mais j'ai rarement eu l'occasion de rire, presque plus rarement que dans les films plus graves du réalisateur.
Pour conclure, j'aurais un énorme reproche à faire à ce film. Que To s'essaye à la comédie musicale ne m'étonne pas vraiment. Certaines scènes de ses films précédents étaient choregraphié comme des ballets, à l'image de la scéne des parapluies dans Sparrow ou la scéne du champ d'ordure dans Vengeance mais justement, on ne retrouve ici aucune scène d'un niveau équivalent. La caméra se ballade dans dans les décors, la réalisation est très aérienne mais jamais les acteurs n'ont de réelles scènes marquante de chorégraphie. Et pour moi c'est ça qui fait de ce film une oeuvre mineure dans la filmographie de To. Malgré la beauté des images et la démesure du projet, il manque ce sens de la mise en scène et cette gestion des acteurs qui rendent certaines scènes de ses films magique et inoubliable.
En conclusion, je dirais que si je ne regrette pas d'avoir vu le film pour son aspect unique, il restera à mes yeux comme l'un des projets plus faible du réalisateur, une oeuvre destinée à un public précis et qui souffre un peu de son côté trop calibré.





Conclusion :

Une oeuvre unique, étrange et intrigante. Pas vraiment le meilleur Johnnie To mais assurément l'un des plus ambitieux.

lundi 14 août 2017

La Tour Sombre

Je ne suis pas un grand fan de Stephen King, mais sa saga de la Tour Sombre fait partie de mes œuvres de références. Pour tout dire, elle m'a beaucoup plus marqué que le seigneur des anneaux et reste pour moi l'oeuvre majeure de l'auteur. Du coup, comme tous les fans, c'est surtout avec crainte que je voyais arriver cette adaptation, pourtant il me fallait bien me faire mon propre avis en espérant que ce soit moins grave que je ne le pense.





Date de sortie : 9 août 2017
Durée : 1h 35min
Réalisation :  Nikolaj Arcel
Casting : Idris Elba, Matthew McConaughey, Tom Taylor (IV)
Genres : Fantastique, Aventure
Nationalité : Américain

Synopsis:

Tous les soirs, le jeune Jake Chambers fait le même cauchemar. Il rêve de la lutte entre le dernier Pistolero et le sinistre homme en noir. Mais si ces terreurs nocturnes étaient réelles ? Et si la Tour Sombre était menacée risquant ainsi la destruction de tout l'univers. L'adolescent n'aura que peu de temps pour démêler le vrai du faux et ainsi peut-être aider à sauver le monde.

Critique:

La tour sombre est une oeuvre hybride, partant d'une histoire archétypale : "un chevalier qui poursuit sa quête et affronte un homme en noir" King développe un univers gigantesque et complètement fou, reflet halluciné des états-unis. La force de la tour sombre ne réside donc pas dans son histoire, qui n'a vraiment aucun intérêt mais dans la richesse de ses personnages, la folie de ses concepts et l'ampleur de son univers. Et c'est d'autant plus fort que l'écrivain en a fait le noyau central de tous ses écrits donnant à la saga une magie supplémentaire.
Inutile donc de vous dire que la saga était inadaptable. Ce n'est pas pour rien qu'autant de scénaristes et de réalisateurs se sont cassés les dents sur le projet, il était impossible de réaliser un film, même une trilogie qui aurait pu égaler l'oeuvre écrite. La meilleur idée était de faire une série mais se posait le problème du budget. Pour s'approcher de l'oeuvre il faut un énorme investissement financier mais le genre de l'oeuvre n'a rien de grand public. Oui, car la tour sombre a son genre propre, ce n'est ni un Western, ni de l'Héroic Fantasy, ni du Fantastique, c'est composite. Une qualité majeure à mes yeux mais un véritable problème pour le marketing et les investisseurs qui ont besoin d'une direction claire pour être sûr d'attirer le grand public et de rentrer dans leurs frais.
Pourquoi je vous explique tout ça ?
Tout simplement parce que ce film n'est pas une bonne adaptation de la tour sombre. Ce film est un choix, un autre concept. Plutôt que de se perdre dans un projet impossible, le réalisateur est allé dans l'épure. Au lieu de raconter la saga, il n'en a fait qu'une introduction. Ici, le pistolero n'est plus le héros, C'est Jake Chambers. Le film est directement orienté vers les ados. En temps normal j'aurais probablement hurlé à la trahison et pourtant, c'est tellement malin. C'est un axe de lecture possible du livre et ça ne le remet pas en cause, c'est une autre histoire, qui a pu avoir lieu, sans pour autant nuire à la quête de Roland mais surtout qui permet de nombreuses choses. Ce film est un teaser de 1h30 qui va permettre à tout une nouvelle génération de se plonger dans une oeuvre majeure. Et pour autant, l'histoire se suffit à elle même. Elle est simpliste à l’extrême, certes, mais elle est efficace et laisse entrevoir un univers très prometteur. Dans sa simplicité, la Tour sombre est bien plus puissant que tous les Percy Jacksons et autres adaptations de littérature jeunesse.
 Et celui qui dit le contraire à oublier le visage de son père.
Je ne vais pas vous dire que j'ai adoré ce film, il a de nombreux défauts. On sent notamment que le réalisateur n'a pas l'habitude des films d'actions. Ses scènes manquent de force et le combat final est vraiment raté (la gestuelle de Matthew McConaughey flingue complètement le personnage le faisant entrer au panthéon des personnages kitchouille, juste en dessous de Profion) mais il a l'intelligence de ne pas en abuser. Il y a très peu de scènes d'actions dans le film, elles sont juste là pour rythmer un peu contrairement aux abus démesurés que j'ai pu constater dans tous les derniers blockbusters.
Un film de 1h30 efficace ? J'ai l'impression que je n'avais pas vu ça depuis le vingtième siècle. Sérieusement ! ça fais du bien, je vous jure.
Et puis, il faut parler du casting.
Certes, je tique un peu sur le fait que Roland soit incarné par Idris Elba ( Pacific Rim, Thor, etc). Avant d'être un personnage, Roland est un symbole, un archétype. C'est un chevalier, c'est un cowboy, c'est John Wayne et Clint Eastwood. Du coup, oui, ça me fait bizarre de le voir incarné par un acteur noir. Mais là on parle de Idris "fucking" Elba. Pas d'un acteur surcoté qui est là sans raison valable, non on parle d'un vrai bon acteur ultra charismatique. Et puis, est-ce que l'image du cowboy n'a pas évolué depuis l'écriture du livre ? Est-ce que Django n'est aujourd'hui pas plus légitime que Josey Wales ? J'aurais aimé que ce soit un peu plus motivé dans l'histoire (même si la scéne de la mort de Roland et son ambiance sécessionniste est un peu là pour ça) mais honnêtement Idris rempli pleinement le rôle.
Matthew McConaughey est également parfait dans le sien, il n'en fait pas trop et a juste ce qu'il faut de diabolique dans l'attitude. Mon seul regret le concernant a déjà été évoqué plus haut. Je ne sais pas qui a fait ce choix, du réalisateur ou de l'acteur, mais la gestuelle très précieuse de prestidigitateur à la fin fait perdre toute crédibilité à l'acteur et pire, à la scène (sa mort n'a d'ailleurs rien à envier à celle de Marion Cottillard dans Dark Knight). Un petit mot sur le véritable héros du film, le jeune Tom Taylor (IV) qui pour un premier film a la chance d'avoir un bon personnage et de bien le porter. Je ne suis pas fan de films avec des enfants mais l'équilibre est suffisamment bon pour qu'il ne soit pas désagréable. Il est très adulte et posé et possède toutes les qualités d'un bon pistolero.
Concernant la bande son, pas grand chose à dire, c'est du classique mais de mémoire je ne crois pas avoir jamais été épaté par Junkie XL (Deadpool, Man of steel, etc).
A noter pour les amateurs de King et de références que le film est bourré de petit clin d’œil que ce soit à Shining, à ça ou a d'autres romans.
Pour finir, je dirais que Nikolaj Arcel (Royal affair, Millenium, etc) s'en est plutôt bien sorti. Il n'y a qu'a regarder sa filmo, rien ne le prédestinait à réaliser un film de ce genre. Et pourtant, malgré un budget restreint (60 millions quand même mais vu l'ampleur du projet ce n'est pas lourd) et une oeuvre inadaptable, il réussit à livrer une vision qui tient la route et qui est très prometteuse. N'oublions pas qu'avant d'être la saga que l'on connait, la tour sombre c'est une nouvelle d'une qualité toute relative nommée le pistolero. Si ce film est l'équivalent de la nouvelle vis à vis d'une future adaptation audiovisuel, on tient peut-être une oeuvre de référence à venir et sinon on aura au moins eu un teen moovie de qualité. En conclusion, je dirais que la tour sombre est loin d'être un film parfait mais qu'il est tout de même bourré de qualités pour ceux qui ne connaissent pas l'oeuvre d'origine et vaut donc la peine qu'on s'y intéresse.

Note: n'allez pas voir le film en VF. Avoir traduit Gunslinger (pistolero) par Chevalier, j'ai juste envie de tuer des gens, c'est une trahison totale de l'univers.


Conclusion:

S'il frustrera les fans par la simplicité de son approche, la Tour sombre se révèle une excellente porte d’entrée à la saga de King ainsi qu'un très bon teen moovie.

Quelques affiches alternatives, j'aime particulièrement la première en mode Inception, elle est très signifiante.







vendredi 11 août 2017

Valerian et la cité des mille planétes

Impossible de passer à côté de Valérian, surtout que je suis un fan de la première heure de la bande dessinée. Voyons donc ensemble si le film est aussi mauvais que le disent les Américains ou aussi génial que le disent les Français.





Date de sortie : 26 juillet 2017
Durée : 2h 18min
Réalisation : Luc Besson
Casting : Dane DeHaan, Cara Delevingne, Clive Owen
Genres : Science fiction, Aventure, Action
Nationalité : Français

Synopsis:

28éme siécle, Valèrian et Laureline sont deux super agents chargés de la sécurité des intérêts Humains dans l'univers. Leur nouvelle mission les amène sur Alpha, une station orbitale en constante évolution ou se regroupent toutes les espèces de l'univers. Au cœur de la station, un mal inconnu semble se propager risquant de condamner toute la station si jamais les deux agents ne résolvent pas le mystère qui entoure cette menace.

Critique:

1997, Luc Besson pillait l'air de rien l'imaginaire de Christin et Mézières pour son film "le 5éme élément". 20 plus tard, il assume son inspiration en adaptant leur célèbre bande dessinée : "Valèrian et Laureline". Un monument de la SF qui marqua profondément les esprits des années 70 notamment grâce à son héroïne : forte, intelligente et libre.
Adapter Valérian et Laureline n'était donc pas une mince affaire, les attentes étaient énormes et surtout les besoins étaient considérables. Faire vivre un univers aussi foisonnant que celui de la bd nécessitait un budget titanesque, le genre de financement que nous sommes généralement incapables de débloquer en France. Et il faut reconnaître cela à Besson, lui en est capable. C'est l'un des rares Français à pouvoir rassembler un budget suffisant pour concurrencer les blockbuster américains. Une grande qualité donc, mais qui n'a jamais fait un bon film, j'en prend pour preuve sa filmographie hasardeuse.
Donc, qu'en est-il de ce film ?
Je vais passer rapidement sur l'aspect "adaptation" la vérité c'est que j'ai lu la bande dessiné il y a quelques années et que mes souvenirs ne sont pas assez vif pour faire une varie comparaison. Je sais qu'il a fait des simplifications (normalement Valérian est plus un vieux baroudeur qu'un jeune couillon et il peut voyager dans le temps. Laureline quant à elle est née au 14éme siécle et il l'a sauvé du bûcher) mais j'ai l'impression qu'on respecte l'esprit de la bd. Mon seul regret viendra vraiment du personnage de Valerian dont l'adaptation est totalement ratée, j'y reviendrais d'ailleurs plus tard (#teasing dans ta face).
Si on parlait de l'histoire maintenant. C'était le point fort de la bd, des scénarios profonds et inventifs, des œuvres marquantes. Besson l'a bien compris, c'est pourquoi il fait semblant de livrer une histoire complexe alors que c'est juste brouillon, confus et bête. Comme souvent dans les films de ce genre, je me suis ennuyé tout du long, on passe sans cesse d'une scéne de poursuite à une scéne de dialogue creux pour expliquer aux mal-comprenants ce qu'ils ont raté. Les caméos s'accumulent, tous plus inintéressant les uns que les autres (sauf peut-être Rihanna mais ça s’intègre quand même hyper mal à l'histoire) bref on tente tant bien que mal de justifier le budget.
Et certes, les effets sont impressionnant mais pourtant, ça n'a rien de spectaculaire. Besson fait le choix de garder une esthétique bande dessiné, de ne pas trop faire réaliste, pourquoi pas, mais la conséquence directe c'est que ces grands paysages numériques sonnent complètement faux et ne touche pas la sensibilité du spectateur. J'ai eu nettement plus le vertige dans les décors réels de Crash test Aglaé que dans cette partouze virtuelle qui m'a décollé la rétine. Alors oui, les Na'vi sont très réussi, euh non, les Müls, rien à voir ils ne sont pas bleus, oui ça explose de partout, oui c'est joli mais qu'en est-il de l'émotion ? Elle devait coûter trop cher.
Oui, car il ne faudra pas compter sur les acteurs pour nous procurer des émotions, si  Cara Delevingne (suicide squad, etc) se révèle excellente dans le rôle de Laureline (le film aurait d'ailleurs dû s'appeler Laureline tellement le personnage est plus intéressant que celui du héros) Dane DeHaan (A cure for life, The amazing spiderman, etc) ne va pas du tout dans son rôle. Les scénaristes ont fait une relecture du personnage de Valérian, devenu un jeune obsédé qui ne jure que par la hiérarchie, qui n'a aucun intérêt mais pire dans laquelle l'acteur n'est absolument pas crédible. Impossible de croire qu'avec son physique et son comportement le personnage puisse être à la hauteur de sa légende. Il n'y a qu'a regarder la filmo de l'acteur, il s'est fait connaitre dans des rôles de personnages malsains, il ne peut pas soudainement briller dans celui du héros séducteur. Pire, toujours aussi peu inspiré, Besson nous ressort son couplet sur l'amour mais plus que jamais, le couple ne fonctionne pas. Valérian ne fait que harceler Laureline tout du long, on dirait qu'elle ne cède que par un étrange syndrome de Stockolm.
Bien entendu, on se retrouve avec ce vieux message tout pourri de "elles disent non mais en fait elles pensent oui". Une bien belle morale qu'on espérait avoir disparu du cinéma depuis des siècles. Et c'est d'autant plus dommage qu'avec un personnage comme Laureline il y avait moyen de faire quelque chose de plus progressiste. Un petit mot sur Clive Owen (Blood ties, Les fils de l'homme, etc) pour en finir sur le casting. Il n'a aucun intérêt. L'acteur n'a aucune latitude pour s'exprimer dans un personnage aussi archétypal que creux, il fait donc ce qu'il peut et s'avère aussi expressif que les robots qui le suivent.
Pas grand chose à dire sur la musique, ça commence avec du Bowie ce qui est toujours une bonne chose et ça se suit avec des créations d'Alexandre Desplat (Tale of tales, Moonrise Kingdom, etc) qu'on a connu plus inspiré.
En conclusion, je dirais que Valérian est un film convenu, creux, daté, mal écrit mais spectaculaire. Il n'a rien a envié à tous les blockbuster américain qui se succèdent sur nos écrans, il n'est pas pire que les gardiens de la galaxie mais plutôt que de prouver qu'on pouvait faire aussi nul qu'Hollywood, j'aurais préféré que Besson prouve qu'on pouvait faire mieux.



Conclusion:

Une fois de plus, Luc Besson prouve qu'il est capable de faire comme les américains. C'est aussi impressionnant que creux. Pas un mauvais film donc mais aussi vite oublié que vu, une attraction de fête foraine.