Alors que d'immondes pirates mettent en danger notre sacro-saint petit écran à coup de téléchargements illégaux, un homme, un surhomme que dis-je, se dresse seul pour défendre la ménagère de moins de quarante ans et les CSP+. Ce héros se nomme: El programator.
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vendredi 18 août 2017

Office

Il y a peu je me plaignais d'être en manque de Johnnie To. Le réalisateur, pourtant toujours aussi prolifique, n'est plus importé en France depuis plusieurs années, vous imaginez donc ma joie lorsque j'ai appris la sortie d'un de ces nouveaux films. J'allais enfin avoir ma dose et ce, même si il s'agissait d'une comédie musicale.






Date de sortie : 9 août 2017 (2015 en chine)
Durée : 1h 59min
Réalisateur : Johnnie To
Casting : Chow Yun-Fat, Sylvia Chang, Eason Chan
Genres : Comédie, Comédie musicale, Romance
Nationalité : Hong-Kongais
Titre original : Hua Li Shang Ban Zu

Synopsis :

Alors que la crise économique de 2008 est sur le point de frapper Hong Kong, trois couples se découvrent et se déchirent au sein d'une entreprises où les intérêts économiques écrasent l'individualité.

Critique :

Depuis le temps, vous ne l'ignorez probablement pas, je déteste les comédies musicales. C'est un genre auquel je ne suis absolument pas sensible et qui m'ennuie au plus haut point. C'est d'autant plus étranges que j'adore la musique, et suis très sensible aux soundtrack mais les comédies musicales souvent très codifié grâce à Hollywood me font saigner des oreilles. Quelques unes ont toutefois réussie à me toucher, le plus souvent en sortant du moule des comédies sirupeuses imposé par Broadway. En début d'année La la Land m'avait mis une belle claque, je reste aussi fan de classiques comme Chantons sous la pluie et d’œuvres plus obscures comme le Rocky Horror Picture show. mais malgré tout mon amour pour Johnnie To ( La vie sans principe, Elections, PTU etc), j'avoue que je suis resté à la porte de ce film.
Je ne dirais pas pour autant que Office est un mauvais film, ce serait une condamnation injuste et totalement partiale, je ne suis juste pas du tout le public. Le réalisateur livre ici une oeuvre vraiment originale avec des choix artistiques audacieux et une atmosphère à la fois très proche et très différente de ce que l'on connait. Lui qui est réputé pour ses films de mafieux et ses décors urbain très ancré dans le réel nous propose ici tout le contraire avec un décors très théâtral et des personnages de classe plus aisée . Office, c'est un peu l'hybridation improbable de Un américain à Paris, Dogville et Margin Call (bon, vite vu Margin call parce que la partie économique est salement survolée), sans parler du fait que c'est en chinois. Et ne nous mentons pas, ça a son importance. Je n'avais, pour ma part, jamais vraiment écouté de chanson chinoise, la découverte était donc assez perturbante.
Dans sa forme, Office rappellera les comédies musicales live, comme si l'action se déroulait sur scène dans des décors modulaire. Cela confère au film une ambiance organique assez intrigante, renforcée par la nature même du décors et sa grande horloge centrale. Comme si tous les personnages n'étaient que les rouages d'une grande machine autonome et folle. Une divinité omnipotente broyant leur vie sans qu'ils s'en aperçoivent. L'autre intérêt de ce décors, c'est de renforcer les perspectives et donc de renforcer l'effet de la 3D. J'ai eu l'occasion de voir le film en 3D (je déteste les films en 3D pour dire si Office partait avec des handicaps) et si je n'ai pas ressenti de véritable intérêt à ce procédé, je vois au moins ce que le réalisateur a essayé de faire (contrairement à tout ces films où la 3d ne se justifie que parce qu'un objet fonce sur le public a un moment de l'histoire).
Niveau casting, j'ai peu de chose à dire. Sorti de Chow Yun Fat (Tigre et Dragons, The killer, etc) je ne connaissais aucun des acteurs. Je serais bien en peine de juger leurs compétences de chant et ils m'ont semblé juste en tant qu'acteurs. En bon européen j'ai eu du mal à identifier les acteurs et il m'a fallut la moitié du film pour vraiment comprendre le couple Sophie/David.
Au niveau de l'histoire, il est intéressant de constater que derrière le luxe et les lumières éclatantes on retrouve la noirceur de l'univers de To. Sous le vernis, les financiers ne valent guère mieux que les truands, ils ont juste l'air plus respectable mais pas la chanson (air/chanson, jeux de mots, elle est pour moi, merci). La comédie tourne donc au drame dévoilant un monde aussi inhumain que sa grande horloge. On notera que je n'ai pas vraiment senti le côté comédie, certes le film est globalement léger mais j'ai rarement eu l'occasion de rire, presque plus rarement que dans les films plus graves du réalisateur.
Pour conclure, j'aurais un énorme reproche à faire à ce film. Que To s'essaye à la comédie musicale ne m'étonne pas vraiment. Certaines scènes de ses films précédents étaient choregraphié comme des ballets, à l'image de la scéne des parapluies dans Sparrow ou la scéne du champ d'ordure dans Vengeance mais justement, on ne retrouve ici aucune scène d'un niveau équivalent. La caméra se ballade dans dans les décors, la réalisation est très aérienne mais jamais les acteurs n'ont de réelles scènes marquante de chorégraphie. Et pour moi c'est ça qui fait de ce film une oeuvre mineure dans la filmographie de To. Malgré la beauté des images et la démesure du projet, il manque ce sens de la mise en scène et cette gestion des acteurs qui rendent certaines scènes de ses films magique et inoubliable.
En conclusion, je dirais que si je ne regrette pas d'avoir vu le film pour son aspect unique, il restera à mes yeux comme l'un des projets plus faible du réalisateur, une oeuvre destinée à un public précis et qui souffre un peu de son côté trop calibré.





Conclusion :

Une oeuvre unique, étrange et intrigante. Pas vraiment le meilleur Johnnie To mais assurément l'un des plus ambitieux.

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