Alors que d'immondes pirates mettent en danger notre sacro-saint petit écran à coup de téléchargements illégaux, un homme, un surhomme que dis-je, se dresse seul pour défendre la ménagère de moins de quarante ans et les CSP+. Ce héros se nomme: El programator.
(retrouvez la sélection télé chaque midi sur la page facebook)

mercredi 30 octobre 2019

Downtown abbey

J'avoue, le contraste entre la précédente critique et celle-ci est assez plaisant. Le grand écart pouvait difficilement être plus grand et pourtant j'avais autant d'impatience à découvrir Banlieusards qu'a retrouver les personnages de Downtown Abbey. (car on sait tous combien adapter une série en film est toujours une bonne idée...)




Date de sortie : 25 septembre 2019
Durée : 2h 03min
Réalisateur : Michael Engler
Casting : Michelle Dockery, Hugh Bonneville, Maggie Smith
Genres : Drame, Historique
Nationalité : Britannique

Synopsis :

Le roi et la reine vont passer une soirée dans la demeure de Downton, y aura-t-il suffisamment de petites cuillères en argent ou la famille perdra-t-elle la face à tout jamais ?

Critique :

J'en suis le premier surpris mais je suis un grand fan de Downtown Abbey. Malgré son sujet très sensible, je me suis, à l'image du personnage de Tom le chauffeur, laissé séduire par les hautes valeurs de cette famille mais surtout la qualité d'écriture et de réalisation du show. Malgré mes craintes c'était donc avec plaisir que je retrouvais les Crawley et leur personnel de maison qui m'avaient accompagnée pendant de si longues années. Le pitch, sans être extraordinaire, était plutôt cohérent, cela permettait d'ajouter un événement inoubliable à l'histoire des personnages, un moment suffisamment fort pour justifier un film. Malheureusement, cette bonne idée est probablement la seule de tout le film car l'on fait ici assurément face au pire des épisodes toutes les saisons confondus.
Si le film s'inscrit clairement dans la continuité de la série, les personnages sont parfois "out of character" et le passif de la série oublié bien facilement. Le plus choquant à ce titre étant pour moi la façon dont les Crawley traitent Thomas Barrow. S'il ne s'agit surement pour les scénaristes que d'une astuce bien pratique pour mettre en avant un autre personnage (j'essaye de ne spoiler ni la série ni le film) ce comportement devient tout bonnement inhumain lorsqu'on sait l'histoire de Barrow dans la dernière saison. Et ce n'est qu'un exemple des nombreuses facilité du film car on pourra soulever les sous intrigues pompières et grossièrement traitées (le mystérieux inconnu du village) et des événements digne de maman j'ai raté l'avion (le plan génial d'une dizaine d'adulte se résume quand même a enfermer quelqu'un dans sa chambre...).
Vraiment à l'exception des dialogues de la Tante Violette, géniale Maggie Smith, tout sent la maison de retraite dans ce film. Et je ne parle même pas de la nocivité de l'idéologie véhiculé par le film.  La série avait le mérite de tempérer un peu les ardeurs royalistes de la thématique mais ici c'est un festival. Alors que le monde réel est à feu et à sang et que partout le peuple se soulève contre son gouvernement on se retrouve face à un film qui nous explique que le peuple ne peut rien sans les gens bien nés....
Film, je te vomit.
Je terminerait sur la réalisation, le passage au grand écran est sensible, trop sensible d'ailleurs puisque c'est fait sans aucune subitilité avec une débauche totale de moyen. Je ne sais pas si le réalisateur découvre les mouvements de caméra ou a enfin le budget pour en faire mais il y en a clairement beaucoup, beaucoup trop. C'est simple, c'est un festival du meilleur looping pour montrer le château.
Alors certes, oui, il y a de la mauvaise foi dans cette critique, le film n'est pas irregardable, ça reste propre et bien joué mais c'est tellement pauvre à côté de la série et tellement nauséabond dans la thématique que je ne peux cautionner ça. Un bon conseil, regardez la série.

Conclusion :

Sans grande surprise, le film est une grosse déception, c'est un épisode sans grand intérêt et beaucoup trop long. Les fans apprécieront de retrouver la verve de Maggie Smith, les curieux apprécieront les belles images et les cinéphiles attendront que ça se termine.


Je m'en vais comme un prince

vendredi 25 octobre 2019

Banlieusards

Je n'ai pas encore rendu ma carte UGC et pourtant c'est un nouveau film Netflix que je vais critiquer aujourd'hui. Il faut dire que je l'attendais depuis un moment mais laissez moi vous raconter tout ça.





Date de sortie 12 octobre 2019 sur Netflix
Durée : 1h 36min
Réalisation : Kery James, Leïla Sy
Casting : Kery James, Jammeh Diangana, Chloé Jouannet
Genre : Drame
Nationalité : Français

Synopsis :

L'histoire de trois frères de banlieue. Demba, l’aînée, caïd du coin qui a cédé à la pression de l'argent facile. Soulaymaan, le second, convaincu de pouvoir s'en sortir honnêtement par lui même et Noumouké, le petit dernier, perdu entre ces deux modèles et désormais en âge de faire des choix pour son avenir.

Critique :

Vous l'ignoriez surement mais parmi mes coupables passions, il y a Orelsan. J'adore le travail de ce rappeur, je me reconnais beaucoup dans ses textes et des morceaux comme "si facile" ou"inachevés" me permettent souvent de me botter le cul. Bref, Orelsan n'a rien à voir avec ce film mais il a featuré sur le morceau "A qui la faute" que je vous ai mis à la place de la bande annonce de Banlieusards et qui m'a permis de découvrir Kery James. Honnêtement, ce morceau a été une énorme claque et le rappeur en dit presque autant en 5 min de clip qu'en 1h30 de film. Donc si vous ne l'avez pas encore fait, écoutez ce morceau pendant que je vous parle du film.
L'histoire est assez classique, des jeunes de banlieue essayent de s'en sortir. Je n'irais pas jusqu’à dire qu'on l'a souvent vu, la banlieue est rarement (bien) traité en France, mais le thème est déclinable dans tous les milieux difficiles puisqu'il est ici question de la prédétermination : notre environnement conditionne-t-il ce qu'on doit devenir. Et là où le film devient intéressant c'est qu'en parallèle de la classique histoire de petit dealer, Kery James nous propose une réflexion sur la responsabilité de l'état quant au sort des Banlieue. Une réflexion passionnante et remarquablement écrite. (il est à noter que c'est un thème cher au rappeur, il avait même écrit une pièce sur le sujet avant de pouvoir monter le film) Et ce qui fait la force de Banlieusard c'est qu'on ne cède pas au pathos. Kery James n'est pas là pour dénoncer les méchants blancs et plaindre les gentils noirs, non il est là pour exposer au plus grand nombre la situation, pour faire réfléchir, pour faire réagir et c'est d'autant plus important que la société a beaucoup évolué ces derniers mois. Avec les gilets jaunes beaucoup de gens ont compris que ce qu'il se passait en banlieue n'était pas normal. Pas seulement au niveau de la criminalité mais aussi au niveau de la prise en charge de cette criminalité. On appréciera notamment les références à de multiples affaires de violences policières Adama Traoré, Amine Bentousi, etc. Des noms qu'on connait mal, des histoires qu'on connait peu. Mais Kery James a l'intelligence de ne pas insister, il cite à titre de témoignage, pour qu'on ne les oublie pas et pas pour appuyer un plaidoyer lourdingue. Non, le plaidoyer, puisqu'il y en a bien un, est au contraire écrit avec beaucoup de finesse et une grande maîtrise de la langue et de la culture française. Si vous avez encore un doute sur le fait que le rap serait une sous musique, je vous invite à vous plonger dans ce film.
Très clairement pour un premier film c'est un coup de maître. Certes on pourra regretter certains figurants qui joue un peu moins bien, ou certaines facilités mais ce sont des défauts très vite oublié au vu des qualités de l'ensemble.
Niveau réalisation, c'est classique mais efficace, on notera de beaux plans comme le premier mouvement de caméra du film. On appréciera que la réalisation ne cède pas à la glorification de la violence, la traitant au contraire avec beaucoup de recul.
Niveau musique, c'est un sans faute, loin du cliché de la banlieue et du rap bourrin, Kery James propose des flows variés et de grandes qualités et on termine avec son morceau "banlieusards" genèse de ce film.
Un petit mot sur le casting, à l'exception d'un petit caméo de Mathieu Kassovitz (souvenez-vous La Haine, le grand film sur les banlieues françaises, 1995) je ne connaissais aucun des acteurs. Beaucoup sont débutant et pourtant mis a part certains seconds rôles mineurs, ils sont tous très justes. Pour son premier rôle Jammeh Diangana qui incarne le rôle principal, est vraiment bon. Kery James est tout aussi crédible dans celui du grand frère rebelle.
Dans l'ensemble, Banlieusard est une excellente surprise, il est triste de constater qu'un film de cette qualité sur un sujet aussi important n'a pas pu sortir en salle. Nul doute qu'il trouvera son public sur la plateforme vidéo mais le message envoyé ici par l'industrie du cinéma n'est pas glorieux. Je vous recommande donc chaudement de découvrir ce film et moi je m'en vais découvrir les albums de Kery James.



Conclusion :

Pour un premier film c'est une belle réussite. Une oeuvre profondément humaine qui permet un regard rare sur la banlieue.


Bonus:

Je suis tombé sur ce documentaire où Kery James intervient. Les thématiques ne sont pas rigoureusement les mêmes que dans le film mais tout de même très proche, je ne peux donc que le recommander pour enrichir le sujet évoqué par le film.

vendredi 18 octobre 2019

Psychomagie : un art pour guérir

Vous vous doutez bien que je ne pouvais pas passer à côté d'une oeuvre de Jodorowsky. Laissez moi donc vous dire ce que vaut ce surprenant projet.




Date de sortie : 2 octobre 2019
Durée :1h 44min
Réalisateur :Alejandro Jodorowsky
Casting : Alejandro Jodorowsky, Arthur H, etc
Genre : Documentaire
Nationalité : Français

Synopsis :

Depuis plusieurs décennies, Alejandro Jodorowsky étudie l'art, l'occultisme et surtout la psychologie pour mettre au point une nouvelle méthode pour aider les gens. Fondé essentiellement sur les actes symboliques la psychomagie est le fruit de ce travail.

Critique :

C'est toujours compliqué de critiquer un documentaire car dans la majorité des cas, cinématographiquement, il n'y a rien. Et c'est totalement le cas ici, que ce soit dans la structure ou les images, il n'y a rien de vraiment travaillé, tout est très basique et on en vient à se demander l’intérêt de sortir un tel film en salle. Bien sûr, il y a quelques belles images parce que même caméra à l'épaule en live on peut réussir à capter un moment unique, mais ce n'est pas comparable avec un plan réfléchi à l'avance pour servir une narration ou défendre une idée. Et c'est d'autant plus regrettable quand on voit le sujet et qu'on sait qui est le réalisateur.
Pour autant, ne me faite pas dire que Psychomagie n'a pas d’intérêt. Au-delà de la forme il reste le fond. Cela fait des années que j'attend ce film et pour tout dire j'ai même contribué par deux fois à sa production. D'abord sur Ulule puis sur Indiegogo.
Il faut dire que parmi mes nombreux centres d’intérêt se trouve le tarot et que Jodorowsky est une figure majeure de la tarologie. C'est d'ailleurs, même s'il n'en parle pas dans le film, à mon sens l'une des facettes de la psychomagie : guérir grâce au tarot.
Mais qu'est-ce que la psychomagie ?
Jodorowsky l'expliquera et l'illustrera mieux que moi dans son film mais il s'agit de l'idée que notre inconscient a énormément d'influence sur nous et que pour le guérir il est parfois nécessaire d'avoir recours à des rituels symboliques, des actes artistiques qui paraissent insensé mais s'adressent justement à notre partie non raisonnable.
Nous expliquant cela, Jodorowsky fera se succéder plusieurs actions de Psychomagie qu'il a pu mener pour aider des gens à travers le monde. Ainsi que les témoignages de ces patients attestants d'a quels point tout cela est génial (oui, la crédibilité d'un participants dans ce genre d'oeuvre n'est pas des plus haute). Les problèmes vont de la dépression aux tensions dans le couple en passant par l'acceptation du suicide d'un proche. Très clairement la psychomagie est une forme de psychothérapie mais comme le répète Jodorowsky elle se passe avec des actes et non des mots.
En lisant tout cela vous avez peut-être l'impression de glisser lentement dans un mouvement sectaire. Et honnêtement c'est un peu l'impression que j'ai eu au début du film. D'autant que Jodorowsky revendique le côté charnel de son art, un aspect quasi sexuel qui m'a vraiment gêné surtout en imaginant toutes les dérives possibles. Imaginez la nocivité d'une thérapie qui permettrait au professionnel de tripoter ses patients sans vergogne, il suffit d'ouvrir un journal pour voir comment cela pourrait mal tourner.
Et pourtant, au fil du film on réalise toute l'intelligence derrière cette pratique, comment elle fait autant appel à la psychologie qu'a des choses plus primitives. Car l'homme a toujours été une créature de rituelle. Nous avons tous ces gestes symboliques qui nous aident à avancer au quotidien. Le mariage par exemple pourrait presque être vu comme un acte de Psychomagie car il vise à illustrer devant tous l'union de deux corps, deux vies qui en deviennent une. Ce n'est en vérité pas si différent des rituels indigènes de passage à l'âge adulte.
Vous l'aurez compris, si ce n'est pas un objet de cinéma, Psychomagie est au moins un objet de réflexions et je ne peux que vous inviter à avoir la curiosité de découvrir le travail de Jodorowsky. Certains passage sont vraiment émouvant et si dans la bande annonce l'on pourrait craindre de se retrouver face à une émission type Pascal le grand frère je vous garantie que la profonde humanité du réalisateur ainsi que son génie, vous feront vite changer d'avis.
De mon côté, je continuerais à m'intéresser à la Psychomagie, j'espère qu'elle fera plus de bien que de mal voir qu'elle apportera un peu plus de tolérance dans nos sociétés de plus en plus déshumanisées.


Conclusion :

D'un point de vue cinématographique, ça ne vaut rien du tout et c'est bien dommage vu le réalisateur et la thématique, mais au niveau du contenu c'est très intrigant et ça vaut vraiment le détour.

lundi 14 octobre 2019

Joker

Aujourd'hui il est plus que temps de parler clown tueur. Rassurer vous, ce n'est pas d'un énième film sur ça dont je vais vous parler mais bel et bien du phénomène JOKER.






Date de sortie : 9 octobre 2019
Durée : 2h 02min
Réalisateur : Todd Phillips
Casting : Joaquin Phoenix, Robert De Niro, Zazie Beetz
Genre : Drame
Nationalités : Américain, Canadien

Synopsis :

Malheureux handicapé sans histoire, Arthur Fleck se retrouve progressivement mis au ban d'une société en déclin, une situation qui le pousse à craquer et à endosser le costume du Joker.

Critique :

J'imagine qu'il est inutile de présenter le Joker, il s'agit de l'emblématique ennemi de Batman déjà incarné au cinéma par pas moins de 3 acteurs : l'inoubliable Jack Nicholson, l'impressionnant Heath Ledger et l'inattendu Jared Leto. Autant dire que du Joker, on en avait bouffé jusqu’à la nausée et que nous n'en attendions pas vraiment un de plus.
Ce qu'il faut ajouter, c'est que ce film est le nouveau de Todd Phillips un réalisateur que vous connaissez forcément pour Very bad trip et qui est plutôt spécialisé dans les comédies de potes même si la dernière était déjà plus cynique et engagée (le très bon War Dogs ). Autant dire que l'adéquation sujet/réalisateur avait tout pour être inquiétante surtout que les films DC ne se sont guère illustrés par leur qualité ces dernières années.
Autant clarifier un point tout de suite, les fans Hardcore de Batman vont hurler. Le réalisateur a fait le choix de n'adapter aucune histoire connue préférant faire sa propre proposition. Il est d'ailleurs à noter que cette proposition n'est pas antinomique avec les origines "officielles" Arthur Fleck pouvant être l'inspiration du Joker qu'on connait. J'y reviendrait plus tard.
Concernant l'histoire, elle fera beaucoup penser à Taxi driver, une référence assumée du réalisateur, car on se retrouve rigoureusement sur les mêmes thématiques. Certaines scènes évoque même le film culte, Joker apparaît en fait comme une réactualisation du classique de Scorcese. Si le réalisateur s'en défend, le film est particulièrement engagé puisqu'il nous montre comment notre société vire au cauchemar par la faute d'une élite complètement déconnectée des réalités du monde. Soit le réalisateur est complètement abruti, soit c'est un immonde opportuniste, soit il prend le parti des divers mouvements qui troublent notre société depuis plusieurs années, d'Occupy Wall-Street aux Etats unis aux Gilets Jaunes en France. Il ne serait d'ailleurs pas étonnant, à l'image du masque de Guy Fawkes pour V for Vendetta, que des masques de clown commencent à fleurir dans la rue.
Vous l'aurez donc compris, Joker n'a rien d'un film de super héros, c'est un drame social et voici donc venir l'élément qui pourra le plus bloquer les spectateurs : la lenteur.
Pour donner corps à la dégringolade de son personnage et conférer une ambiance moribonde à son histoire, le réalisateur a opté pour un rythme plutôt lent et sur une absence d'action. Autant vous dire qu'il y a très peu de violence dans le film, il n'y a en fait qu'une scéne qui aurait pu passer inaperçu dans un tas de film américain mais devient ici d'une violence rare car elle est totalement inattendue.
Pour porter le film, Joaquin Phoenix (The sisters brothers, Her, etc) nous livre une prestation intense qui n'a absolument pas à rougir de celles de ses prédécesseurs. A noter que c'est la deuxième fois que l'acteur incarne un rôle proche de Travis Bickle (Taxi driver) puisque c'était déjà le cas dans A beautiful day, tout aussi  acclamé mais moins réussie à mon sens.
C'est également un plaisir de voir De Niro en présentateur de Talk Show, d'autant que le choix de l'acteur n'a rien d'innocent, l'opposition ente Phoenix et De Niro n'étant pas sans évoquer celle de Henry Fonda est Terrence Hill dans Mon nom et personne et ainsi l'évolution de l'industrie du cinéma. (en l’occurrence, je ne suis pas convaincu que le changement soit aussi marqué mais ça n'en reste pas moins intéressant).
Niveau réalisation, c'est un régal, les images sont superbes, la bande son est au top et la reconstitution de l'époque réussie. On pourra pester de ne pas retrouver le Gotham comme on le connait, mais je vois cela comme une genèse de Gotham, la ville est en train de pourrir et donnera 10 ans plus tard la célébré sombre cité. Les fans prendront d'ailleurs plaisir à chercher les nombreux clin d’œil aux précédentes œuvres car le réalisateur a clairement potassé son dossier.
Alors, est-ce que Joker est un bon film ? Oui, indubitablement, c'est une vision puissante du personnage et un film qui aurait pu se suffire à lui même sans être intégré dans l'univers de Batman et c'est ici le seul vrai reproche que je ferais. Joker à le cul entre deux chaises, il a la volonté d'être un film fort et indépendant mais reste un film de studio. Et on ne peut pas faire un brûlot engagé en faisant un film grand public, ce n'est pas possible, le réalisateur se retrouve donc obligé de faire des concessions comme cette fin un peu bâtarde qui peut permettre d'intégrer le film comme on veut dans l'univers que l'on veut et qui évite au réalisateur de se mouiller vraiment. Un beau moment de cinéma mais une petite déception même si ce Joker est au films DC ce que Logan était à la franchise X-men.

Précision: J'ai vu quelques fausses polémiques avant même la sortie du film je tiens donc à préciser que le film ne fait pas du Joker un héros tragique, il montre un pauvre type qui pète un plomb parce que la société l'a abandonné. Le propos n'est pas de justifier sa violence mais bien de mettre notre société face à son manque d'humanité et aux conséquences que cela peut avoir.



Conclusion :

les influences sont indéniables, on est effectivement proches d'un Taxidriver nouvelle génération et très loin du Batman de Tim Burton mais ce Joker est  un inquiétant reflet de notre société. Un film sombre qui donne à réfléchir, en espérant qu'il ne soit pas trop tard.

mercredi 9 octobre 2019

Bacurau

J'imagine que vous n'avez jamais entendu parler de Bacurau, j'ai moi même, et malgré son prix du jury à Cannes, découvert ce film par accident mais vous me connaissez, j'aime ouvrir mes horizons, j'étais donc curieux de voir ce que ce "western futuriste" avait dans le ventre.




Date de sortie : 25 septembre 2019
Durée : 2h 10min
Réalisation : Kleber Mendonça Filho, Juliano Dornelles
Casting : Sônia Braga, Udo Kier, Barbara Colen
Genres : Drame, Thriller, Western
Nationalités : Brésilien, Français

Interdit aux moins de 12 ans avec avertissement

Synopsis :

Dans un futur proche, un petit village perdu au milieu de nulle part se retrouve la cible d'un groupe d'assassin.

Critique :

Faut dire que la bande annonce était intrigante et les promesses d'un film unique séduisante pour quelqu'un qui, comme moi, cherche a fuir le ronron Hollywoodien. Mais soyons clair, en grand fan d'Alejandro Jodorowsky (La danza de la realidad, Jodorowsky's dune, etc), je n'ai rien vu d'original ou de démesuré ici. On s'éloigne effectivement des canons du genre mais c'est à une démesure mole que l'on a affaire, a peine de quoi faire vaciller nos habitudes.
Pour autant le film ne manque pas de qualités. Il se base sur un type de film plutôt classique et affilié au Western ; le petit village au prise avec un groupe de bandit. Mais, là où dans les films Hollywoodien un mystérieux étranger (Clint Eastwood par exemple) aurait été engagé pour sauver le village c'est ici les villageois qui s'organisent pour résister. Et c'est une des forces de ce film, il est éminemment politique. Critique du pouvoir, du colonialisme, des dérives de notre société, Bacurau nous dresse le portrait d'un village résolu à ne pas se compromettre, un village de valeureux gaulois qui résiste contre l'envahisseur fut-il Brésilien aussi.
Bacurau nous propose donc un autre mode de vie, un monde plus humain, tourné vers l'autre mais qui ne se laisse pas marcher dessus pour autant.
Ainsi, si au vu de la bande annonce vous vous attendez à assister à un film d'action, vous serez déçu. L'action n'est qu'un prétexte (mais aussi un élément inévitable pour illustrer la lutte pour la survie), il doit y avoir 10 minutes d'actions sur 2h10 de films, le reste servant essentiellement à présenter le village et ses habitants. On fait ici plus face à un drame social mâtiné de thriller qu'a un western.
Niveau casting, si quelques figures se détachent du lot - Udo Kier (Downsizing, Nymphomaniac, etc) mon amour - on est ici devant un film chorale, la majorité des personnages sont importants car le film dénonce entre autre l'individualisme. Je ne connaissais aucun des acteurs mais le casting est vraiment bon et ça fais du bien de découvrir de nouvelles têtes. Je noterais essentiellement Sonia Braga fascinante en femme de poigne et Barbara Colen envoûtante.
Niveau réalisation, il y a quelques belles choses mais rien d'extraordinaire. Certains parti pris m'ont un peu bloqué. L'apparence du drone notamment, même si elle se justifie par l'histoire, donne un côté ultra cheap limite Ed Wood au film.
Dans l'ensemble, Bacurau est vraiment une bonne surprise par son aspect décalé. Je regrette toutefois que les réalisateurs n'aient pas pris plus de risque pour offrir une expérience de cinéma plus intense. Il y a un côté un peu tiède à l'ensemble qui jure avec la volonté de rébellion. A noter, n'allez pas voir ce film pour l'aspect SF, c'est une fumisterie, le réalisateur a juste ajouté "dans un futur proche" au début du film comme il aurait pu mettre "il était une fois". Le futur de Bacurau est tellement proche qu'il pourrait s'être passé il y a 10 ans.


Conclusion :

Un film original à la croisé des chemins mais qui parait bien fade lorsqu'on est familier de la filmographie de Jodorowsky.

vendredi 4 octobre 2019

Mariane

Aujourd'hui on bouscule un peu les codes puisque je ne vais pas parler cinéma mais série française. J'entame ma migration sur Netflix et au vu de mes dernières critiques celle-ci paraissait idéale pour une transition.





Depuis 13 septembre 2019
Réalisateur : Samuel Bodin
Casting : Victoire Du Bois, Lucie Boujenah, Tiphaine Daviot
Durée d'épisode : 45min
Nombre d'épisodes : 8
Genre : Epouvante-horreur
Nationalité : France

Synopsis :

Écrivaine désabusée, Emma Larcimont se retrouve obligée de retourner dans la ville de son enfance lorsqu'elle découvre que les histoires d'horreurs qu'elle écrit sont bien réelles et que ses proches sont en danger de mort.

Critique :

Pourquoi j'ai regardé Mariane ?
La raison est très simple, j'ai accidentellement découvert que c'était la nouvelle série de Samuel Bodin l'un des créateurs de la cultissime série française Lazy company. En tant que fan, je me devais absolument d'aller voir ce que donnait sa nouvelle série dans un genre très différent de ce qu'il avait déjà réalisé.
Après l'univers du film de guerre, Samuel Bodin s'attaque aujourd'hui à celui du film d'horreur et plus précisément d'un genre dont je ne connais pas vraiment le nom mais dans lequel on peut compter entre autre ça et Scary stories (et vous comprenez désormais ce qui me pousse à critiquer cette série :D ).
Je vais attaquer la critique avec mes petits reproches envers la série (restez jusqu'au bout car il n'y a pas que ça) avec un premier lieu un manque d'originalité puisque l'histoire est déjà vu et revu comme les deux films cités précédemment.
On retrouve donc la menace omnipotente qui habite les cauchemars (on pourra penser a Freddy Krueger aussi bien entendu) ainsi que la bande d'enfants qui lui fait face. Ici, les enfants ne seront que peu présent et uniquement sous forme de flashback pour justifier le groupe d'amis adulte et les tensions qui les divise. C'est d'ailleurs un des principaux reproches que je pourrais faire à la série. Le thème de la bande d'enfant est un thème très porteur. C'est d'ailleurs ce qui fait le principal intérêt de ça et de scary stories (si vous me lisez vous savez que la nostalgie est un outil puissant dont abuse le cinéma ces dernières années) , le fait de l'utiliser aussi peu dans Marianne rend l'histoire bien plus faible à mon sens. De mémoire, il faut attendre le troisième ou le quatrième épisode avant de voir "les gamins de l'épave", sur huit c'est énorme. D'autant qu'on ne verra pas forcément la bande dans les derniers épisodes. Il y a à mon sens un déséquilibre dans la narration qui rend l'histoire plus impersonnelle qu'elle ne devrait l'être en se concentrant beaucoup trop sur Emma. Un problème qui en rejoint un autre, la gestion des personnages. Plusieurs personnages ont un comportement qui ne se justifie que pour servir l'histoire. Je pense principalement au Curé et à Cam Cam. Deux personnages intéressants mais incohérents dont on peine à justifier l'utilisation.
Voilà, je pense avoir craché ma bile jusqu'au bout et j'espère n'avoir pas été trop écœurant car dans les faits, la série n'a pas à avoir honte. Elle tient parfaitement la comparaison avec les deux blockbusters cité plus haut sans pour autant avoir leur budget. Elle se paye même le luxe d'avoir plus d'originalité, notamment en ancrant l'histoire dans un imaginaire sous exploité, celui de la France et de son folklore et de réactualiser certains poncifs. Certes les gamins ne font pas de longues ballades à vélo pendant Halloween mais quelle joie de les voir courir sur la rade ou traîner dans une épave.
On notera également l'effort sur les personnages. Il y a encore quelques années Emma Larcimont aurait forcément été un homme. L'auteur torturé, bordeline et séducteur, c'est un archétype masculin. Quel plaisir de le voir ainsi associé à une femme et aussi bien interprété. On apprécie autant Emma qu'on la déteste. Même si son histoire est un peu facile, elle ne la rend pas moins attachante et on finit par souffrir avec elle de sa lutte contre Marianne, parabole intéressante des affres de la création.
Niveau casting, si j'ai découvert Victoire Du Bois avec beaucoup de plaisir, j'ai surtout follement apprécié de retrouver Alban Lenoir (Un Français, HeroCorp, etc) un de mes acteurs fétiches dans un rôle de policier à la ramasse. Il est drôle, touchant, intense, bref aussi bon que d'habitude et je regrette juste qu'on ne le voit pas plus que ça. Enfin, je terminerais mon tour du casting avec un petit mot pour Mireille Herbstmeyer proprement terrifiante en principale incarnation de Marianne. Ce choix était vraiment le plus intelligent, avec une réelle économie de moyen le méchant n'en reste pas moins perturbant et glaçant. Le maquillage et les fxs ne font pas tout, il suffit parfois d'avoir le bon acteur.
Je terminerais avec un petit mot sur la réalisation. C'était déjà le point fort de la Lazy company (enfin, ça et l'humour), le réalisateur avait réussi à rendre une ambiance marquante avec 3 tentes dans une forêt. Ici, si le budget semble plus conséquent, on constate qu'il réussit une fois de plus à faire beaucoup avec peu. Pas de débauche d'effets spéciaux, pas de scène d'actions spectaculaires juste des plans travaillés, des ambiances oppressantes et de bonnes idées (un peu l’antithèse du combat avec une araignée géante, si vous voyez ce que je veux dire). On notera notamment l'utilisation des livres pour les récap, les transitions ainsi que le séquençage en chapitre très cohérent au vu de l'histoire. Le tout est accompagné d'une excellente bande son de Thomas Cappeau, fidèle de Lazy Company. On reconnaîtra d'ailleurs le style western de la lazy dans un des morceaux plus dynamique.
Pour finir, je dirais donc que si Marianne n'est pas la série du siècle ça n'en reste pas moins une bonne surprise. Même si l'histoire semble terminée, je serais curieux de voir ce que donnerait une seconde saison car l'univers posé peut facilement être étendu et Samuel Bodin a déjà prouvé qu'il était à l'aise avec des univers plus ambitieux tant dans l'histoire que dans la réalisation. J'avoue que j'aimerais vraiment voir ça. En attendant, cette saison est plutôt agréable même s'il n'y a pas grand chose de neuf dans le petit monde des films de possessions. N'hésitez pas à soutenir la série, je rappelle que ce genre de projet en France est très compliqué à monter car nos producteurs ne croient pas dans le film/série de genre, c'est en prouvant que nous sommes demandeur que nous pourrons avoir des propositions de plus en plus ambitieuses.


Conclusion :

Le genre est assez classique mais l'histoire est relativement efficace et surtout c'est tellement rare de voir ces choses en France que c'est très dépaysant. On appréciera aussi le personnage principal plutôt atypique.