Alors que d'immondes pirates mettent en danger notre sacro-saint petit écran à coup de téléchargements illégaux, un homme, un surhomme que dis-je, se dresse seul pour défendre la ménagère de moins de quarante ans et les CSP+. Ce héros se nomme: El programator.
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vendredi 4 octobre 2019

Mariane

Aujourd'hui on bouscule un peu les codes puisque je ne vais pas parler cinéma mais série française. J'entame ma migration sur Netflix et au vu de mes dernières critiques celle-ci paraissait idéale pour une transition.





Depuis 13 septembre 2019
Réalisateur : Samuel Bodin
Casting : Victoire Du Bois, Lucie Boujenah, Tiphaine Daviot
Durée d'épisode : 45min
Nombre d'épisodes : 8
Genre : Epouvante-horreur
Nationalité : France

Synopsis :

Écrivaine désabusée, Emma Larcimont se retrouve obligée de retourner dans la ville de son enfance lorsqu'elle découvre que les histoires d'horreurs qu'elle écrit sont bien réelles et que ses proches sont en danger de mort.

Critique :

Pourquoi j'ai regardé Mariane ?
La raison est très simple, j'ai accidentellement découvert que c'était la nouvelle série de Samuel Bodin l'un des créateurs de la cultissime série française Lazy company. En tant que fan, je me devais absolument d'aller voir ce que donnait sa nouvelle série dans un genre très différent de ce qu'il avait déjà réalisé.
Après l'univers du film de guerre, Samuel Bodin s'attaque aujourd'hui à celui du film d'horreur et plus précisément d'un genre dont je ne connais pas vraiment le nom mais dans lequel on peut compter entre autre ça et Scary stories (et vous comprenez désormais ce qui me pousse à critiquer cette série :D ).
Je vais attaquer la critique avec mes petits reproches envers la série (restez jusqu'au bout car il n'y a pas que ça) avec un premier lieu un manque d'originalité puisque l'histoire est déjà vu et revu comme les deux films cités précédemment.
On retrouve donc la menace omnipotente qui habite les cauchemars (on pourra penser a Freddy Krueger aussi bien entendu) ainsi que la bande d'enfants qui lui fait face. Ici, les enfants ne seront que peu présent et uniquement sous forme de flashback pour justifier le groupe d'amis adulte et les tensions qui les divise. C'est d'ailleurs un des principaux reproches que je pourrais faire à la série. Le thème de la bande d'enfant est un thème très porteur. C'est d'ailleurs ce qui fait le principal intérêt de ça et de scary stories (si vous me lisez vous savez que la nostalgie est un outil puissant dont abuse le cinéma ces dernières années) , le fait de l'utiliser aussi peu dans Marianne rend l'histoire bien plus faible à mon sens. De mémoire, il faut attendre le troisième ou le quatrième épisode avant de voir "les gamins de l'épave", sur huit c'est énorme. D'autant qu'on ne verra pas forcément la bande dans les derniers épisodes. Il y a à mon sens un déséquilibre dans la narration qui rend l'histoire plus impersonnelle qu'elle ne devrait l'être en se concentrant beaucoup trop sur Emma. Un problème qui en rejoint un autre, la gestion des personnages. Plusieurs personnages ont un comportement qui ne se justifie que pour servir l'histoire. Je pense principalement au Curé et à Cam Cam. Deux personnages intéressants mais incohérents dont on peine à justifier l'utilisation.
Voilà, je pense avoir craché ma bile jusqu'au bout et j'espère n'avoir pas été trop écœurant car dans les faits, la série n'a pas à avoir honte. Elle tient parfaitement la comparaison avec les deux blockbusters cité plus haut sans pour autant avoir leur budget. Elle se paye même le luxe d'avoir plus d'originalité, notamment en ancrant l'histoire dans un imaginaire sous exploité, celui de la France et de son folklore et de réactualiser certains poncifs. Certes les gamins ne font pas de longues ballades à vélo pendant Halloween mais quelle joie de les voir courir sur la rade ou traîner dans une épave.
On notera également l'effort sur les personnages. Il y a encore quelques années Emma Larcimont aurait forcément été un homme. L'auteur torturé, bordeline et séducteur, c'est un archétype masculin. Quel plaisir de le voir ainsi associé à une femme et aussi bien interprété. On apprécie autant Emma qu'on la déteste. Même si son histoire est un peu facile, elle ne la rend pas moins attachante et on finit par souffrir avec elle de sa lutte contre Marianne, parabole intéressante des affres de la création.
Niveau casting, si j'ai découvert Victoire Du Bois avec beaucoup de plaisir, j'ai surtout follement apprécié de retrouver Alban Lenoir (Un Français, HeroCorp, etc) un de mes acteurs fétiches dans un rôle de policier à la ramasse. Il est drôle, touchant, intense, bref aussi bon que d'habitude et je regrette juste qu'on ne le voit pas plus que ça. Enfin, je terminerais mon tour du casting avec un petit mot pour Mireille Herbstmeyer proprement terrifiante en principale incarnation de Marianne. Ce choix était vraiment le plus intelligent, avec une réelle économie de moyen le méchant n'en reste pas moins perturbant et glaçant. Le maquillage et les fxs ne font pas tout, il suffit parfois d'avoir le bon acteur.
Je terminerais avec un petit mot sur la réalisation. C'était déjà le point fort de la Lazy company (enfin, ça et l'humour), le réalisateur avait réussi à rendre une ambiance marquante avec 3 tentes dans une forêt. Ici, si le budget semble plus conséquent, on constate qu'il réussit une fois de plus à faire beaucoup avec peu. Pas de débauche d'effets spéciaux, pas de scène d'actions spectaculaires juste des plans travaillés, des ambiances oppressantes et de bonnes idées (un peu l’antithèse du combat avec une araignée géante, si vous voyez ce que je veux dire). On notera notamment l'utilisation des livres pour les récap, les transitions ainsi que le séquençage en chapitre très cohérent au vu de l'histoire. Le tout est accompagné d'une excellente bande son de Thomas Cappeau, fidèle de Lazy Company. On reconnaîtra d'ailleurs le style western de la lazy dans un des morceaux plus dynamique.
Pour finir, je dirais donc que si Marianne n'est pas la série du siècle ça n'en reste pas moins une bonne surprise. Même si l'histoire semble terminée, je serais curieux de voir ce que donnerait une seconde saison car l'univers posé peut facilement être étendu et Samuel Bodin a déjà prouvé qu'il était à l'aise avec des univers plus ambitieux tant dans l'histoire que dans la réalisation. J'avoue que j'aimerais vraiment voir ça. En attendant, cette saison est plutôt agréable même s'il n'y a pas grand chose de neuf dans le petit monde des films de possessions. N'hésitez pas à soutenir la série, je rappelle que ce genre de projet en France est très compliqué à monter car nos producteurs ne croient pas dans le film/série de genre, c'est en prouvant que nous sommes demandeur que nous pourrons avoir des propositions de plus en plus ambitieuses.


Conclusion :

Le genre est assez classique mais l'histoire est relativement efficace et surtout c'est tellement rare de voir ces choses en France que c'est très dépaysant. On appréciera aussi le personnage principal plutôt atypique.

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