Alors que d'immondes pirates mettent en danger notre sacro-saint petit écran à coup de téléchargements illégaux, un homme, un surhomme que dis-je, se dresse seul pour défendre la ménagère de moins de quarante ans et les CSP+. Ce héros se nomme: El programator.
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lundi 4 mars 2019

Green Book

Il y a un petit moment déjà que je voulais voir Green Book, mais le manque de temps m'en avait jusqu'alors empêché. Sacré Oscar du meilleur film 2019, je n'avais plus d'excuses pour ne pas bouger mes grosses fesses et me faire mon avis. Il est donc temps de voir ensemble si la prestigieuse statuette est méritée.




Date de sortie 23 janvier 2019
Durée : 2h 10min
Réalisateur : Peter Farrelly
Casting : Viggo Mortensen, Mahershala Ali, Linda Cardellini
Genres : Drame, Biopic
Nationalité  : Américain

Synopsis :

1962, videur star de son quartier, Tony Lip se retrouve sans revenu pour deux mois. Ne souhaitant pas accepter les propositions de ses amis mafieux pour nourrir sa famille, il consent à devenir le chauffeur d'un virtuose noir malgré ses a priori racistes. Ensemble, ils feront une tournée dans le sud profond des états-unis et devront affronter la discrimination et la ségrégation.

Critique :

Tout d'abord, un peu de contexte : Green Book est le nouveau film de Peter Farrelly, la moitié des frères Farrelly connu pour des films comme Dumb and Dumber, Mary à tout prix ou L'amour extra large. De la comédie bien potache donc, loin de la comédie sociale un peu classe annoncée par la bande annonce de ce nouveau film.
C'est donc avec beaucoup de scepticisme et une pointe de curiosité (celle qui nous pousse à ralentir devant un accident) que je me rendais en salle pour découvrir cette nouvelle oeuvre. D'autant que c'est un film qui repose sur une ficelle usée jusqu'à la corde : l'opposition entre deux personnages que tout oppose. Je citerais par exemple l'arme fatale qui voit s'opposer la fougue de la jeunesse à la sérénité de l'âge, Miss Daisy et son chauffeur et l'irascible vieillesse riche face à l'optimisme jeunesse pauvre, ou Intouchable sur le même thème. Autant dire que Green Book fait beaucoup penser à Intouchable (peut-être parce que c'est le plus récent et marquant dans le genre). On pourrait trouver un peu facile d'avoir "échangé" les rôles et pris un personnage noir riche face à un blanc pauvre mais au contraire cette inversion est riche de réflexions et c'est surement ce qui apporte un vrai plus au film. En dehors de ça, n'allez pas voir Green Book pour être surpris ou voir quelque chose que vous n'avez jamais vu, il n'y a aucune originalité ici.
Non, la force du film réside dans sa simplicité et son efficacité. Il n'essaye pas d'être tape à l’œil ou spectaculaire, d'en faire des tonnes dans l'émotion ou dans la violence, au contraire tout est mesuré, léger et on survole cette passionnante traversée des états-unis avec le flegme du Dr Shirley.
La comparaison avec Intouchable n'était pas hasardeuse (contrairement à celle avec l'arme fatale) les deux films ont beaucoup en commun (notamment le sacro saint "adapté d'une histoire vraie" véritable sésame pour obtenir des prix) mais Green Book est à mon sens bien meilleur (même si Intouchable parle du handicap et Green book du racisme, je sais) car plus subtile et plus dépaysant.
Car le petit plus de Green Book c'est de nous replonger dans les états-unis des années 60, un voyage aussi prenant que celui de la mule avec lequel il partage un certain esprit (irais-je jusqu’à dire que Green Book est une mule intouchable ? ). J'apprécie notamment l'absence de violence du film. Certes on trouvera un ou deux coup de poing, mais au vu de la gravité du sujet (l'histoire se situe quand même 2 ans avant celle de Mississipi Burning et ses lynchages en règle) on aurait pu se retrouver avec quelque chose de bien plus sombre mais heureusement le film réussit à aborder la gravité de la situation tout en restant accessible au plus grand nombre. Le message de tolérance passe ainsi plus facilement et c'est surement le plus important.
Autre point fort du film, le casting. Tout repose sur la relation entre Viggo Mortensen (Captain Fantastic, le seigneur des anneaux, etc) qui joue un italien un peu beauf mais débrouillard et Mahershala Ali (Moonlight, les 4400, etc) qui incarne un virtuose du piano noir et collet monté. Les deux acteurs sont excelents dans leurs rôles respectifs et le rapport entre les personnages est vraiment riche et touchant,
Si Green Book ne sera jamais un film culte pour moi car malgré toute son efficacité et son intérêt social, il reste un film sans risque ni originalité. Je comprend pourtant qu'on puisse lui décerner un prix aussi prestigieux, c'est une oeuvre intelligente qui plaira au plus grand nombre et qui fait du bien dans notre société ou la violence sociale reste toujours présente.


Conclusion :

Un très beau film sur le vivre ensemble. Si le point de départ est un énorme poncif, le traitement n'en reste pas moins remarquable.

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