Alors que d'immondes pirates mettent en danger notre sacro-saint petit écran à coup de téléchargements illégaux, un homme, un surhomme que dis-je, se dresse seul pour défendre la ménagère de moins de quarante ans et les CSP+. Ce héros se nomme: El programator.
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lundi 9 janvier 2017

Nocturnal animals

Meilleurs voeux à tous, voici venu le temps de la première critique de l'année et j'ai choisi pour cela le deuxième film de Tom Ford huit ans après son précédent : A single man. L'attente en valait-elle la peine, c'est ce que nous allons voir.





Date de sortie : 4 janvier 2017
Durée : 1h 57min
Réalisation : Tom Ford
Casting : Amy Adams, Jake Gyllenhaal, Michael Shannon
Genres : Drame, Thriller
Nationalité : Américain

Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs

Synopsis:
Galeriste à succès, Susan Morrow s'ennuie dans sa vie confortable. Un matin, elle reçoit le nouveau roman de son ex-mari avec qui elle n'a plus de contact depuis 20 ans. Cette oeuvre troublante qu'il lui a dédié va lui rappeler leur vie ensemble et remettre en question ses certitudes.

Critique:
Cela fait plusieurs jours maintenant que j'ai vu le film et je n'ai eu de cesse d'en repousser sa critique. Non pas que le film ne m'ait pas plu, loin de là, mais probablement parce qu'il ne m'a pas plu autant que je l'aurais voulu et que cette déception fait que je ne sais comment en parler.
L'histoire de Nocturnal Animals est assez simple, celle d'une femme qui fait le point sur sa vie et ce qu'elle en a fait. Là où c'est intelligent c'est que l'histoire passe par le prisme de l'art. On suit donc en parallèle la vie de l’héroïne, le roman de son ex-mari et les souvenirs d'eux qu'il déclenche. C'est donc une narration brillante où se mélangent présent, passé et fiction pour nous faire découvrir l’héroïne mais aussi son ex-mari ou tout du moins une version fantasmé de lui. Outre l’intérêt de construction que cela apporte, ce choix permet de mélanger deux genres différents car si ce qu'il se passe dans "vraie vie" est un drame classique ce qu'il se passe dans la fiction est plutôt un thriller sombre.
Si l'histoire est bien écrite, elle est également superbement mise en image, on sent que Ford est un esthète et qu'il soigne les détails. L'ensemble est très graphique et marque vraiment l'esprit. Rien n'est laissé au hasard que ce soit dans la mise en scène ou dans le montage. Le réalisateur a vraiment réfléchi au meilleur moyen de faire passer ses idées et cela se ressent.
Dans les qualités il faut également noter le casting avec une Amy Adams (Premier contact, American Bluff, Big Eyes, etc) toujours aussi brillante dans un rôle de femme en perte de repère et Jake Gyllenhaal (Demolition, Prisoners, etc) très juste en homme sensible et brisé (on notera d'ailleurs le traitement subtil de son personnage construit a partir de souvenir et de fiction). On signalera aussi le monolithique Michael Shannon (Midnight special, Man of steel, etc) duquel on regretterait presque qu'il ne soit pas plus présent.
J'arrête le concert de louanges en parlant de la musique (ah, 2017, l'année du jeu de mot ?) elle est sublime et donne vraiment une autre dimension au film. Abel Korzeniowki pourtant relativement peu connu au cinéma  livre une partition rare et enivrante.
Et pourtant, malgré toutes ces qualités indiscutables Nocturnal animals n'arrive pas à emporter mon adhésion. Comme si toute cette perfection formelle étouffait le fond jusqu’à faire perdre l'émotion. Car oui, c'est souvent le problème avec la perfection esthétique le risque de fournir une oeuvre froide et sans âme. Nous n'en sommes pas là pour autant mais il manque clairement quelque chose à mes yeux pour que le film nous prenne vraiment aux tripes. D'autre part, cette perfection esthétique renforce la lenteur/langueur du film qui le rend un peu long.
Enfin, en essayant de ne pas spoiler, je dirais que la fin du film est un risque majeur du réalisateur. Elle se justifie tout à fait et c'est un tour de maître que de finir ainsi mais ça n'en reste pas moins dangereux.
Difficile de conclure après tout ça, j'aurais voulu dire que Nocturnal animals était une immense claque, mais je dois admettre que le film ne m'a pas cueilli, je suis resté à la porte tout du long et si je ne peux que constater ses immenses qualités je dois aussi admettre qu'il a échoué à m'émouvoir.



Conclusion:
Un très beau film sur l'art et les relations humaines

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