Alors que d'immondes pirates mettent en danger notre sacro-saint petit écran à coup de téléchargements illégaux, un homme, un surhomme que dis-je, se dresse seul pour défendre la ménagère de moins de quarante ans et les CSP+. Ce héros se nomme: El programator.
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vendredi 28 août 2020

Dark Saison 1

J'avais envie de voir cette série depuis sa sortie mais il aura fallut attendre sa dernière saison pour qu'enfin je me décide à faire un rattrapage, du coup on commence avec la saison 1 mais attendez vous à voir les autres critiques sortir dans les semaines qui viennent.



Date de diffusion : décembre 2017


Durée : 10 x 60min 
Genre : Drame, Science fiction, Thriller
Réalisation : Baran bo Odar, Jantje Friese
Casting : Louis Hofmann, Andreas Pietschmann, Maja Schöne
Nationalité :Allemagne

Chaîne d'origine Netflix

Synopsis:

Alors que la petite ville tranquille de Windem s’inquiète de la disparition récente d'un adolescent, un deuxième enfant va disparaître causant le déclenchement d'une terrible chaîne d'événements qui pourrait bien causer la perte de toute la ville.

Critique :

Sortie sur Netflix un an après le très surcoté Stranger Things, Dark avait été alors qualifié du sobriquet peu glorieux de "Stranger Things allemand", une comparaison absolument illégitime à moins de n'avoir regardé aucune des deux séries. Là où Stranger Things est une série se déroulant dans les années 80 et traitant d'une petite ville envahie par des monstres d'une autre dimension (bref "S'INSPIRE" de Stephen King et des films de la Amblin). Dark traite des voyages dans le temps et de l'impact que ceux-ci ont sur une petite ville Allemande (un style Twinpeaks, Broadchuch, Jordskott). Alors oui, les années 80 sont un peu évoqué, et des fois des jeunes font du vélo mais à ce compte là autant dire que Stranger Things a tout pompé au Vélo de Ghilain Lambert (spoiler, ce n'est pas le cas).

Bref, c'était une aparté que j'estimais nécessaire pour remettre les choses à leur place (vous n'aurez

probablement pas de critique de Stranger Things sur ce blog, sachez juste que c'est pas original et sans grand intérêt). Ceci étant fait je peux me concentrer sur Dark qui est tout simplement un petit bijou. Comme je l'évoquais précédemment, Dark est une série qui se concentre sur une petite ville dans laquelle se déroulera toute l'action. Widen devient donc un personnage à part entière de l'histoire et on creuse au sein de sa communauté pour faire remonter ses plus sombres secrets. 
Un procédé assez classique, la différence étant ici que l’élément déclencheur est le voyage dans le temps (enfin, non, c'est la disparition d'un enfant, mais on se comprend). Et c'est ce choix qui fait toute la différence dans la série. Premièrement, cela permet d'apporter une forme de fantastique à l'histoire et des enjeux plus importants, même s'il reste à taille humaine, et deuxièmement, cela permet de mélanger la forme et le fond. En effet, ce type de série se repose souvent sur les flash-back pour bâtir sa mythologie. Dark n'y échappe pas sauf que grâce au voyage dans le temps on assiste plutôt à des "act-back"(j'invente le concept faute de mieux, je devrais surement le déposer tant il va devenir une référence :D ). Le flash-back est un souvenir, c'est quelque chose qui s'est déjà produit et sur lequel on ne peut pas agir, bref le spectateur comme l'acteur est passif face au flashback. C'est ce qui rend l'abus de flashback dangereux dans un film car cela donne au spectateur l’impression que l'histoire n'avance pas. Hors, ici, les réalisateurs utilisent des "act-back" c'est à dire qu'ils racontent le passé mais en faisant interagir des éléments du présent. Ces souvenirs deviennent donc actif, le spectateur est donc toujours dans l'action même lorsqu'on lui montre le passé.

Et si le procédé semble évident, il est ici d'une redoutable efficacité car il fait s’entremêler présent et passé en une seule histoire d'une grande fluidité.

On notera d'ailleurs l’extrême qualité du casting car il est rare qu'on ne reconnaisse pas les différentes versions (enfant, ado, adulte, etc) d'un même personnage cela participe d'un vrai soin porté aux détails pour ne jamais perdre le spectateur. Ainsi, la réalisation n'est pas obligé de marteler les informations, on comprend en général immédiatement où et quand on se trouve et si ce n'est pas le cas il y aura toujours un élément qui viendra rapidement éclaircir la situation. (je précise qu'il faut quand même suivre, si vous faites autre chose en même temps, vous en comprendrez rien du tout)

Si les images ne sont pas exceptionnelles, la réalisation n'en reste pas moins très soignées notamment par son sens du détail. Peu de choses ont dû être laissées au hasard.

Au niveau de l'histoire, c'est tout simplement brillant, on retrouve cet esprit série très nordique, c'est sombre et intime et pourtant la dimension temporelle offre des perspectives rares. La série a été pensé pour faire trois saisons et cette première remplie bien son rôle en posant les bases de l'univers. De nombreuses questions restent en suspens au dernier épisode mais l'histoire à su nous dévoiler suffisamment de matières pour nous motiver à vouloir creuser un peu plus. Je ne regrette d'ailleurs pas d'avoir attendu si longtemps pour regarder la série car s'il y a une série à bingwatcher c'est bien celle là, le nombre d'information à retenir me semble trop important pour pouvoir attendre plus d'un an entre deux saisons. Enfin, s'il est prévisible, le cliffangher de fin n'en reste pas moins percutant et l'envie de poursuivre n'en reste que plus forte.

Impossible pour moi de ne pas mentionner le générique de début qui est vraiment parfait. Il repose sur un effet très simple : le kaleidoscope. Cet effet de déformation permet de laisser deviner certaines images fortes de la saison (on pourra ainsi s'amuser à les reconnaître après coup) tout en leur donnant un aspect organique et perturbant. De plus cet enchevêtrement est assez symbolique de l'histoire de la série. Bref, c'est simple et efficace et la chanson Goodbye du groupe Apparat appuie bien l'ambiance mélancolique qui plane sur la série.

A ce niveau de la série, le seul défaut que je pourrais lui reprocher, c'est qu'il n'y a que des blancs au casting. Alors non, j'exagère, il y a Yasin et sa mère qu'on doit voir en tout cumulé pendant 5min (sur les 3 saisons...). Alors certes, c'est du détail et cela peut se justifier par l'histoire mais j'ai tout de même du mal à avaler qu'en 2017 on ne réussisse pas à apporter un peu de diversité dans une série d'autant que cela pouvait surement servir aussi le propos.

Dark n'est clairement pas une série détente, c'est une oeuvre prenante à laquelle il faut s'accrocher mais clairement c'est un petit joyaux d'écriture et vous serez récompensé de vos efforts. J'ai hâte de voir la suite.


Conclusion :

Une première saison passionnante, une utilisation habile du genre voyage dans le temps pour raconter l'histoire et les secrets d'une petite ville. Une sorte de Broadchurch en plus sombre et complexe.

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