C'est la nouvelle exclusivité Netflix, un teenage moovie surfant sur la légende du grand Sherlock Holmes et basé sur une série de livre. En tant que fan du détective, inutile de dire que j'étais sceptique, mais voyons cela ensemble.
Genre : Enquête, humour, ado
Réalisation : Harry Bradbeer
Casting : Millie Bobby Brown, Henry Cavill, Sam Claflin
Nationalité : Américain
Synopsis :
Elevé loin de la société londonienne et de ses bonnes mœurs, la jeune Enola Holmes et la sœur des célèbres Sherlock et Mycroft, elle partage avec eux l'acuité de son esprit et aura besoin de tous ses talents pour résoudre le mystère entourant la disparition de sa mère alors que ses deux frères ne souhaite que faire d'elle une femme au foyer.
Critique :
Elona Holmes est le premier film de Harry Bradbeer, un réalisateur plus coutumier des séries télé et surtout connu pou son travail sur la parait-il très bonne Fleabag. Le film est adapté du premier roman de la saga Les enquêtes d'Enola Holmes et se destine plutôt à un jeune public.
Soyons clair, Enola Holmes est très loin d'être la première adaptation de l'univers du célèbre détective, on ne compte plus le nombre de films et de séries lui ayant donné une nouvelle vie avec dernièrement les versions de Guy Ritchie et de Steven Moffat. Difficile donc de tirer son épingle du jeu face à une œuvre aussi prolifique et pourtant, Enola Holmes y réussit grâce à un positionnement clair, maitrisé et légèrement ironique.
Le positionnement d'Elona Holmes est clair, c'est sans l'ombre d'un doute un film féministe, il se situe
en pleine époque des suffragettes pour nous parler de la condition de la femme et c'est un choix d'autant plus ironique que le personnage de Sherlock Holmes est historiquement plutôt misogyne (c'est le reflet de son époque) et Conan Doyle plutôt vindicatif envers les suffragettes. Dans l'ensemble, je trouve ce positionnement féministe du film très juste puisqu'il ne s'agit pas de dire bêtement que les femmes sont meilleures que les hommes comme certains le dénoncent mais bien de démontrer qu'il n'y a aucune raison de traiter les femmes différemment des hommes et qu'elles ont autant leur place dans notre société que nous. (il y a autant de personnage féminin et masculin gentil que méchant) En cela Elona est un personnage parfait, elle rejette le conditionnement social victorien, pense par elle même et sait même se battre. Pour autant, le film n'en fait pas une super héroïne, ses talents martiaux se heurtent par exemple souvent à son manque de force. Le second personnage principal est tout aussi intéressant puisque, tout comme pour Enola, il s'agit d'un archétype inversé. Ainsi, le héros se trouve dans le rôle de la demoiselle en détresse et du love interest pour autant cela ne lui retire rien de son intelligence ou de sa noblesse. Enola démontre donc que nous ne sommes pas condamné à répéter les stéréotypes de genre et qu'une œuvre de fiction peut tout à fait se tenir en les modifiant (là, vous vous interrogerez peut-être sur l'intérêt, et bien tout simplement parce que la fiction est une pierre fondatrice de la construction sociale et qu'avec un seul modèle à sa disposition on est condamné à reproduire ce modèle).
Le point fort du film, à mes yeux, ce sont ses personnages. Ainsi Millie Bobby Brown, popularisé par la série Stranger Things (n'insistez pas, j'ai déjà dit que je n'en parlerais pas) offre une énergie folle à ce personnage éminemment sympathique. Très expressive, elle fait également montre d'une belle palette d'émotion sans avoir besoin de les exprimer, même si elle parle beaucoup, souvent au spectateur ce qui pourra agacer un peu. L'autre très bon choix du film, c'est Helena Bonham Carter (Dark Shadows, Fight club, etc) qui incarne maman Holmes et dont l'ombre plane sur tout le film. Le rôle lui colle à la perfection et on ne peut que regretter que le personnage apparaisse aussi peu à l'écran. Du côté masculin on retrouve essentiellement Henry Cavill (Justice League, Man Of steel, etc) dans le rôle de Sherlock, une version un peu édulcorée qui donne une relation très appréciable avec Enola. Sam Claflin, remarqué dans la saison 5 de Peaky Blinder, incarne ici un Mycroft sans âme, une vision un peu trop caricaturale de l'homme victorien à laquelle l'acteur n'apporte pas grand chose. Enfin, Louis Partridge est parfait en Tewkesbury, son personnage est attachant et prouve qu'on peu être "féminisé"(je parle de l'utilisation du personnage, quasiment comme n'importe quelle femme d'un film lambda) sans être ridicule. A noter enfin la présence de Burn Gordman (The Expanse, Pacific Rim, Crimson Peak, etc) son rôle n'est pas extraordinaire (même si sa dernière réplique est fabuleuse) mais cet acteur est ultra charismatique et on ne le voit jamais assez à mon goût.
Non seulement le film a de bons personnages mais leurs interactions sont également intéressantes. Ainsi, à l'exception de celles avec Mycroft beaucoup trop stéréotypé, on appréciera les relations entre Enola et sa mère, Tewkesbury ou bien sûr Sherlock. J'avoue même que je serais curieux de voir une suite où la rivalité entre le frère et la sœur serait plus accentuée.
Niveau réalisation c'est assez propre, les images sont superbes, et les transitions à base de collage très Montypythonesque assez créatives. Le film rayonne d'une belle énergie soutenue par celle de l'actrice principale.
Bien entendu, tout n'est pas parfait, je l'ai déjà précisé mais le film se destine à un public plutôt jeune ce qui implique une conséquence quasi directe : le scénario est cousu de fil blanc. On ne peut pas dire que ce soit mauvais, il n'y a pas d'erreur majeure, c'est juste que dès les premières minutes ont sait déjà comment le film va finir. L'enquête est basique, les ficelles sont énormes, on suit plus le film par attachement au personnage que pour vraiment comprendre ce qu'il se passe.
Si je ne recommande donc pas forcément ce film pour des adultes, où alors en mode détente on ne se prend pas la tête, j'enjoins ces mêmes adultes à le montrer à des ados car ils n'ont pas tant d'occasions que ça de regarder des programmes avec un fond aussi qualitatif. Enola est un très beau modèle féminin et ce film montre une alternative à ce qu'Hollywood propose en permanence depuis des siècles.
Conclusion :
Si ce n'est pas le film du siècle, Enola Holmes est un honnête divertissement et surtout un très bon modèle pour la jeunesse, je serais même curieux de voir une suite explorant plus ouvertement la rivalité entre Enola et son frère.
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