Alors que d'immondes pirates mettent en danger notre sacro-saint petit écran à coup de téléchargements illégaux, un homme, un surhomme que dis-je, se dresse seul pour défendre la ménagère de moins de quarante ans et les CSP+. Ce héros se nomme: El programator.
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lundi 13 avril 2020

Community

Si vous suivez ce blog, vous avez forcément déjà entendu parler de Community. Je n'ai que cette série à la bouche depuis des années et seule l'occasion d'en parler m'en a manqué. Il se trouve qu'elle est aujourd'hui disponible intégralement sur Amazon Prime ET Netflix. Il est donc plus que temps que je vous explique POURQUOI vous DEVEZ regarder Community.





De 2009 à 2015 : 6 saisons de 13 à 25 épisodes
Durée : 22min
Genre : Comédie, geek
Réalisation : Dan Harmon, Moses Port, David Guarascio
Casting :Danny Pudi, Joel McHale, Gillian Jacobs
Nationalité : U.S.A.

Synopsis:

Condamné pour avoir exercé le métier d'avocat sans en avoir le diplôme, Jeff Winger, beau mâle dominant et sûr de lui, se retrouve à devoir retourner étudier à l'école. Entre adolescents débiles, mères de famille en colère et féministes paumés, il se retrouvera confronté à toute une frange de l’Amérique qu'il ne comprend pas et qu'il va bien devoir accepter.

Critique :

Community est une création de Dan Harmon. Un scénariste, producteur qui n'avait pas forcément fait parler de lui avant cette série mais qui depuis s'est taillé une solide réputation grâce au dessin animé : Rick et Morty.(à voir absolument aussi bien sûr)
La force de Dan Harmond, qu'on retrouve aussi bien dans Community que dans Rick et Morty. C'est à la fois d'être le reflet de son époque et en même temps de s'approprier des concepts pour les pousser à l’extrême. C'est plus flagrant dans Rick et Morty que dans Community et pourtant on y trouve les prémices avec des épisodes vraiment hors normes (le meilleur exemple qui me revient étant l'épisode du jet de dès).
L'autre chance qu'a eu Community, c'est aussi de voir Harmon s'entourer de réalisateurs de talents comme les frères Russo (Anthony et Joe), responsable de certains des meilleurs épisodes de la série ( Advanced dungeons and dragons, A fisfull of paintball, etc) ce qui leur permettra de gagner suffisamment en notoriété pour finir par réaliser une petite saga du nom de Avenger.
Enfin, la série a pu se construire sur un casting d'inconnus pourtant tous plus talentueux les uns que les autres. Le casting est à n'en pas douter l'un des atouts majeurs de la série c'est d'ailleurs ce qui fera la différence sur la fin de la saison, une partie des acteurs ayant changé les dynamiques de personnages se trouveront profondément modifiés au point que la série perdra énormément en force.
Au casting donc, on retrouve :
- Joel McHale (Jeff), un acteur qui, a mon grand regret, na pas vraiment réussi à rebondir depuis et que vous ne devez pas connaitre. Ici, il joue le rôle central, celui en général du personnage neutre auquel le public peut s'identifier tout en suivant les aventures des frappadingues qui l'entoure. C'est Ted de How i met your Mother, Leonard de The big bang theory ou Richy Cunningham de Happy days (ouais je suis allez le chercher loin celui là). Pourtant, Jeff est tout sauf un personnage neutre, c'est un homme imbu de sa personne et égoïste dont on aura plus d'une occasion de rire et dont la courbe de progression s'avérera vraiment attachante. Hamond explique d'ailleurs que Community s'inspire de sa propre expérience et que le passage dans un lycée communautaire lui as permis de devenir plus tolérant.
- Gillian Jacobs (Brita), là encore une actrice qui n'aura pas pu rebondir après la série. Elle joue le love interest du héros et ensemble ils nous joueront le classique "will they, won't they". Une recette éculé qui ne durera pas et se compliquera bien vite. La force du personnage de Brita c'est qu'elle incarne une femme d’apparence moderne et engagé qui se révèle vite une horrible fumiste qui ne s'engage que pour se donner bonne conscience. Là aussi le personnage a une belle courbe de progression et permet de se moquer gentiment de certains travers de société notamment la culpabilité blanche et l'abus inconscient des privilèges.
- Alison Brie (Annie) je vous rebat les oreilles avec cette actrice depuis longtemps. Non content d'avoir joué dans Madmen (à voir absolument), elle joue aujourd'hui dans Glow et vous avez pu la voir dans Horse Girl ou l'entendre dans Bojack Horseman. Elle incarne une étudiante obsédée par la réussite, c'est la bonne copine qui ne supporte pas la contrariété, un personnage aussi attachant qu'agaçant. Elle est également un love interest récurent notamment pour Troy.
- Yvette Nicole Brown (Shirley) encore une actrice qui n'aura pas rebondi, elle incarne pourtant un personnage fabuleux la desperate housewife, la mère de famille qui essaye de se construire une nouvelle vie. Un personnage toujours sur la brèche qui contient une rage énorme qui se libère plus régulièrement que prévue. Shirley c'est un peu Hulk qui fait des cookies
- Chevy Chase (Pierce) ancienne gloire du cinéma Hollywoodien, Chevy Chase était le seul acteur vraiment connu de la série, mais sa carrière était loin derrière lu et il ne se rendait pas bien compte de ce qu'il acceptait avec cette série. Pierce est un des personnages les plus horribles qu'on a pu voir à la télévision, un vieil homme raciste, sexiste et égoïste mais qui n'en a jamais conscience. Les dialogues de ce personnages sont souvent à mourir de rire tellement ils sont naturellement horribles et la série ne peut se permettre un tel personnage que parce qu'il est contrebalancé par tout un discours d'acceptation et une critique de ce genre de comportement. Jamais les propos de Pierce ne sont minoré, il est accepté pour ce qu'il est et l'intelligence de la série est également de montrer qu'on ne battit pas une société en rejetant les gens, il faut essayer de les comprendre et les aider à devenir meilleur. (même si c'est excessivement compliqué comme le prouve le personnage de Pierce)
- Donald Glover (Troy) ce ne sont pas les occasions de vous parler de mon chouchou qui ont manqué, entre Magic Mike XXl, Seul sur Mars, Atlanta (ok, j'en ai jamais parlé mais cette série vaut vraiment le coup d’œil) et Solo, c'est à l'heure actuelle l'un de mes acteurs préféré et également un chanteur de talent comme je l'ai découvert dans Guava Island . Dans Community il incarne le cliché du capitaine de l'équipe de foot, sauf qu'il incarne l'après, lorsque le sport ne suffit plus et que les études nous rattrape. C'est un personnage simple et naïf qui apporte un peu de légèreté à la série et surtout qui fait merveille en duo avec celui de Abed.
 - Danny Pudi (Abed) là encore un acteur qui ne se sera pas beaucoup illustré et c'est bien dramatique car une grande partie du charme de Community repose uniquement sur lui. C'est l'électron libre, le personnage surréaliste, Barney de How I met, Cheldon de The Big Bang Theory, Fonzy de Happy days (oui, je suis vieux, j'assume). Outre de permettre d'aborder les thèmes du racisme et de l'autisme, Abed est un personnage profondément Méta ce qui est un des fondement de la série et qui la rend si différente. Abed est presque conscient d'être un personnage de série est en joue parfois. Sans aller jusqu’à briser le quatrième mur, il transpose les codes des films et série dans "la vie réelle" ce qui donne à réfléchir sur le genre. Ce type de personnage peut s'avérer fatiguant s'il est mal dosé, ici son duo avec Troy permet justement d'équilibrer et d'en faire une valeur sure. L'élément qu'il ajoute est également un énorme plus qui permettra à la série d'explorer des chemins totalement inattendus et ainsi de ne jamais se reposer sur ses acquis.
Si j'aurais pu finir sur Abed qui est l'un des personnages les plus marquants de la série, je m'en serais voulu de ne pas parler de deux personnages secondaires qui prendront de plus en plus de places jusqu'à quasiment devenir personnages principaux :
- Jim Rash (Dean) qui a du tellement se cramer avec cette série qu'il fait surtout du doublage aujourd'hui. Il incarne le Doyen (le Dean, c'est donc le dean Dean...) un personnage au-delà de tout. Je pense que excessif traduit à peine le personnage tellement les scénaristes sont allé loin avec celui-ci. Le personnage est un gag récurent en lui même et ses apparitions tout comme les conséquences de ses décisions sont toujours un plaisir. Son obsession pour Jeff est également un gimmick hilarant d'autant que le personnage s'avère plutôt dalmatianophile (il aime les dalmatiens, ne me demandez pas pourquoi). Si le personnage pourrait sembler n'être qu'une blague un peu lourde, les scénaristes réussissent vraiment à rendre le personnage touchant notamment en abordant les questions difficiles d'identité sexuelle.
Enfin, difficile de ne pas parler de Ken Jeong (Very Bad Trip, Dr Ken, etc) qui incarne Chang, le professeur d'espagnol, grosso modo le méchant récurrent de la série, un personnage là encore totalement over the top et d'une méchanceté rare.
Vous devez l'avoir compris, il y a peu de personnages sérieux dans la série car à la bande de bras cassé que je viens de décrire s'ajoute une pléiade de seconds rôles tous plus marquants les uns que les autres comme Léonard, Sunburn, Magnitude, etc.

Qu'est-ce que raconte la série ?
En toute franchise c'est difficile à dire car si la série donne l'apparence de suivre le quotidien d'un lycée public et de voir comment un groupe de gens que tout sépare va apprendre à vivre ensemble, la série se révèle surtout un pastiche des mondes de l'imaginaire et des épisodes entiers peuvent se concentrer sur la parodie d'un genre que ce soit le polar, la fantasy, le dessin-animé ou le documentaire. Certains épisodes poussent tellement loin leur concept que vous ne les oublierez jamais. Que ce soit le paintball ou la construction de fort de couvertures, jamais les choses n'ont été prise autant au sérieux.
C'est d'ailleurs surement la grande force de la série, ce serment de l'enfance qui fait que l'on joue avec sérieux. On fait n'importe quoi mais sérieusement. Et ce soin apporté à faire sérieusement n'importe quoi permet d'emporter le spectateur dans des territoires qu'il n'aurait jamais imaginé.
D'autant que dans l'ensemble l'action ne quitte jamais les murs du collègue. Il y a bien quelques extérieurs mais 80% de la série se déroule dans l'école, voir dans la salle d'étude.
Community est une série qui ressemble a aucune autre car elle semble n'avoir aucune limite. Elle sait intelligemment traiter des sujets de société, on appréciera d'ailleurs la grande diversité de ses personnages et l'importance donné à chacun  mais elle sait surtout détourner les codes de la fiction et de notre société.
Si parfois Community peut sembler stupide à travers des personnages comme Troy ou Abed, elle est au contraire plus fine qu'il y parait et sait qu'il ne suffit pas d'avoir l'air intelligent.
Vous l'aurez compris, je ne saurais tarir d'éloge pour cette série qui m'a tant marqué à l'époque, que j'ai intégralement revu avec plaisir et qui me porte encore aujourd’hui.
Pour autant je dois lui reconnaître des faiblesses qui expliquent ma note.
En effet, la série est inégale.
Il se trouve que face à un manque de succès et des conflits artistiques la production a préféré se séparer de Dan Harmon pour la saison 4, saison qui voit aussi le casting se modifier. Je ne spoilerais pas le nom des personnages qui partent(oui, les) mais cela bouleverse indéniablement l'équilibre de la série et aussi intéressant que soit les ajouts, rien ne sera plus pareil. Lors de la saison 5 et  Harmon revient mais le mal est déjà fait et la série a perdu une partie de son âme. Malgré tout les saisons 4,5 et 6 restent à regarder, elle contiennent certains des meilleurs épisodes mais sans jamais égaler l'état de grâce des 3 premières.
Vous savez presque tout, plus vous serez consommateur de culture geek plus vous vous amuserez devant cette série qui fourmille de références mais quoi qu'il en soit Community reste un véritable classique, une série moderne, complètement folle et totalement feel good



Conclusion :

Community pourra déstabiliser le spectateur moyen peut habitué à sortir du cadre ordinaire, mais il ne pourra que réjouir les geeks de tout poils qui voient dans le monde qui nous entoure un formidable terrain de jeu.

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