Alors que d'immondes pirates mettent en danger notre sacro-saint petit écran à coup de téléchargements illégaux, un homme, un surhomme que dis-je, se dresse seul pour défendre la ménagère de moins de quarante ans et les CSP+. Ce héros se nomme: El programator.
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lundi 6 avril 2020

Freud

Allez tiens, il est temps de vous cultiver bande de sacripants, une petite série éducative sur le père de la psychanalyse moderne ça vous fera pas de mal et paf c'est partie pour remplacer l'éducation nationale.





Sortie sur Netflix en mas 2020
Durée : 8 x45min
Genre : Drame, Policier, Thriller
Réalisation :Marvin Kren
Casting: Robert Finster, Ella Rumpf, Georg Friedrich
Nationalités : Autriche, Allemagne

Synopsis :

Médecin jeune et rebelle, Freud essaye de révolutionner la médecine Autrichienne grâce à la pratique de l'hypnose. Une prétention qui lui vaut l'animosité de ses confrères mais surtout qui le mènera à enquêter sur des cas de démences très étranges ayant entraînés une série de meurtres.

Critique :

Ziggy, ils l'appellent Ziggy, ils sont fou pas lui, c'est un psychiatre pas comme les autres, il aime la coke c'est pas de ma faute.
Oui, désolé, découvrir que Ziggy c'est le diminutif de Sigmund ça vous change un homme..
Bref, vous vous en doutez peut-être déjà, Freud n'a rien d'une série éducative. Je peine même à la qualifier de série historique car c'est une série d'enquête fantastique (voir horrifique) qui profite juste de la notoriété du célèbre psychiatre pour attirer le chaland. L'idée n'est pas neuve, nombreux sont les auteurs/personnages historiques qui se sont vu "fictionaliser" de la sorte (vous croyez vraiment qu'Abraham Lincoln a chassé des vampires ?) et elle est même plaisante car cela pose un contexte vraiment à part et permet une ambiance riche.
J'ai notamment beaucoup aimé comment les épisodes se construisent autour de concepts psychologiques forts (hystérie, traumatisme, somnambulisme, etc) et par conséquent que la psychanalyse soit la thématique principale de la série.
Pour autant, plus que la psychanalyse, ce qui prime dans l'histoire, c'est l'hypnose, et là, Autriche oblige, c'est la fête de la saucisse. Si vous cherchez une série réaliste, tournez les talons, l'hypnose est ici un super pouvoir qui vous permet de contrôler n'importe qui d'un simple claquement de doigt. Jean Grey et le professeur Xavier n'ont qu'a bien se tenir, la concurrence est rude. Soyons clair, trop d'hypnose tue l'hypnose, toute l'histoire tourne autour de ce "talent" et cela m'a gentiment gonflé. Si l'utilisation qu'en fait Freud est assez cohérente, on voit que c'est compliqué, que ça prend du temps et que l'effet est très limité. Certains personnages non historique qui sont les éléments pivots de l'histoire, ont une utilisation beaucoup plus fantaisistes de l'hypnose qui casse complètement la barrière de l'incrédulité. De fait, les scénaristes ont beau jouer en continu sur la corde du "est-ce que c'est vrai, est-ce que ça ne l'est pas", cette utilisation fantastique de l'hypnose répond d'elle même à la question : c'est forcément faux. Non, ce n'est pas de la psychologie, c'est du fantastique (l'un n’empêche pas l'autre cela dit). Et le vrai problème n'est pas tant là que dans le fait que l'hypnose peut tellement tout résoudre simplement que cela casse tous les enjeux. On se moque un peu des manigances des méchants lorsqu'on sait que d'un claquement de doigts ils peuvent contrôler n'importe qui. Surtout dans un monde où personne n'a de pouvoirs équivalent à leur opposer.
C'est dommage car l'histoire est vraiment intéressante, on se retrouve dans une ambiance très Sherlock Holmes avec du mysticisme, de la politique, du mystère. On pourra même penser à une version moins fantastique et plus originale de Penny Dreadful. J'en profite pour prévenir que la série n'est pas tout public, d'une part elle recèle une composante horrifique à cause de certains délire cauchemardesque mais surtout, vu que c'est Freud, parce qu'il y a un peu de sexe. Aucun abus de ce côté par contre, c'est plutôt bien dosé. Tous les éléments sont réunis pour fournir une histoire passionnante et originale hormis cette facilité scénaristique assez grossière.
Un autre problème pourra également freiner le spectateur trop habitué aux séries américaines et à leurs mécaniques : le rythme.
Probablement pour mieux servir son découpage thématique et offrir une atmosphère plus pesante, la série est affligé d'un rythme vraiment étrange (à titre d'exemple, le climax de la série arrive dans le début du dernier épisode, laissant cette épisode traîner sur la longueur sur toute sa fin et la série ne profitant pas non plus du souffle que ça aurait donné à la fin de l'avant dernier épisode).
Outre Robert Finster que je découvrais pour l'occasion, dans le rôle de Freud, les personnages sont vraiment bons. On retiendra bien sûr Ella Rumpf (Cocorico, une actrice française) qu'on a pu découvrir dans Grave et qui incarne  Fleur Salomé autour de laquelle tourne toute l'histoire. Bourreau ou victime, c'est un peu le thème de la série et ce qui permet d'aborder la difficile relation entre le psychanalyste et son patient. Un rôle particulièrement complexe et toujours sur la brèche qu'elle incarne avec brio. Les seconds rôles sont loin d'être inintéressant également, ainsi l'inspecteur Kiss (Georg Fridriech) est très charismatique et son duo avec Franz Poschacher tellement savoureux qu'on aimerait presque voir un spin-off centré sur eux. Les méchants ont quant a eux le charme du nihilisme victorien et leur motivation apporte beaucoup de gravité à une histoire déjà très sombre.
Vous l'aurez compris, tout n'est pas à jeter dans cette série, en fait le premier épisode est même très réussi et vraiment prometteur, il ne faut juste pas attendre trop du développement.
Non, vous n'apprendrez pas la vie de Freud en regardant la série, non vous ne serez pas bluffé par la qualité de l'intrigue mais oui, vous pourrez être emporté par la force hypnotique de son ambiance et la puissance de ses images.
1,2,3 vous vous réveillez.




Conclusion:

Une série à la thématique originale et à l'ambiance prenante mais qui pèche par un scénario un peu flemmard et un rythme étrange.

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