Alors que d'immondes pirates mettent en danger notre sacro-saint petit écran à coup de téléchargements illégaux, un homme, un surhomme que dis-je, se dresse seul pour défendre la ménagère de moins de quarante ans et les CSP+. Ce héros se nomme: El programator.
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mercredi 15 avril 2020

The Magicians

La saison 5 de The Magicians vient de s'achever, il s'agira très certainement de la dernière, c'est donc le bon moment pour revenir sur cette série et peut-être vous donner envie de vous y plonger.




Date de diffusion : 2015-2020
Durée : environ 40min
5 saisons de 13 épisodes chacune (4 saisons sur Amazon Prime en ce moment)
Réalisateur: Sera Gamble, John McNamara
Casting: Stella Maeve, Hale Appleman, Arjun Gupta
Genre : Drame, Fantasy, Mystère
Nationalité : USA



Synopsis:

Quentin Coldwater, un geek solitaire passionné par la magie et la littérature de l'imaginaire, découvre que tout cela existe vraiment et qu'il est lui même un vrai magicien. Contrairement à sa seule amie Julia, il est accepté dans la très secrète école Brakebills où il fera la connaissance de Penny, Alice, Margo et Elliot. Bien que n'ayant rien en commun, le petit groupe se retrouvera forcé de lutter ensemble contre des périls qui renforceront leurs liens et les aideront à survivre dans un monde plus impitoyable qu'il n'y parait.

Critique :

The magicians est une série adapté de la trilogie de Lev Grossman sortie aux éditions Atalante en France. Je n'ai pas eu l'occasion de la lire, je ne parlerais donc pas de l'adaptation mais uniquement de l'objet série télé en tant que tel.
Il s'agit d'une création de John McNamara, un scénariste ayant travaillé sur de nombreuses séries depuis les années 90 (Loïs et Clark, les nouvelles aventures de Superman) et Sera Gamble, une scénariste et productrice moins expérimentée mais qui avait déjà fait ses armes sur des séries très populaires comme Supernatural.

De quoi ça parle The magicians
Si je devais simplifier, je dirais tout bonnement qu'il s'agit de la version adulte d'Harry Potter.
En effet, on retrouvera un peu tous les codes de la saga du jeune sorcier (le quidditch en moins) mais en plus mature. Les thématiques deviennent ainsi beaucoup plus sombre et on touche à des sujets très sensibles comme les addictions, le viol, la dépression, etc.
Honnêtement, c'est cet aspect vraiment adulte qui m'a le plus accroché dans la série. Je ne suis pas un gros amateurs de Harry Potter, que je considère vraiment comme une oeuvre pour enfant (et tant mieux, il en faut) mais je suis un grand amateur d'Urban Fantasy et voir le genre "école de magie" traité avec plus de gravité ne pouvait que me séduire.
Pour autant, mes premiers pas dans la série ne furent pas des plus évident. En effet, la série se construit dans un premier temps sur les personnages de Quentin et de Julia. On suit leurs parcours en parallèle, lui le looser qui obtient tout ce qu'il désire et elle la winneuse qui voit sa vie s'effondrer devant elle. Et si l'idée est intéressante, le traitement est beaucoup plus problématique car les deux personnages se complaisent en permanence dans leur malheur. Ils sont insupportable et donnent des envies de violences assez rare.
Je vous rassure, cela s'améliore avec le temps, comme dans toute bonne fiction l'on suit l'évolution d'un personnage et surtout la série peut se reposer sur d'autres personnages beaucoup plus motivant.
A signaler, c'est assez rare mais la majorité des personnages de la série est plutôt "négative". Hormis Quentin, qui est vraiment le héros par excellence (sauf que c'est un geek asocial toujours en train de pleurer sur lui même), tous les personnages sont des anti-héros. Que ce soit Penny qui envoient chier tout le monde en permanence, Alice qui méprise le reste de l'humanité ou Eliot et Margo qui ne pense qu'a boire et baiser, tous ont des personnalités difficiles et c'est justement cette conflictualité quasi permanente qui fera le sel de la série.
Au casting, nous aurons donc Jason Ralph, l'insupportable Quentin Coldwater, je crois avoir rarement autant détesté un héros de série et pourtant, au fil des saisons je me suis attaché à ce neurasthénique au point d'être sincèrement touché dans certains passages très difficiles, Stella Maeve, la tout autant tête à claque Julia Wicker qui subira peut-être les histoires les plus lourdes et mettra quelques saisons avant de devenir un personnage qu'on apprécie de suivre, Arjun Gupta, le glacial Penny Adiyodi, le beau gosse de service est un personnage de rebelle solitaire plutôt cool même si les scénaristes n'arriveront pas vraiment à en faire quelque chose, Olivia Taylor Dudley, la méprisante Alice Quinn, encore un personnage très difficile à apprécier, sa romance avec Quentin est probablement une des plus pénible qu'il m'ait été donné de suivre et pourtant on en vient a espérer que cela fonctionne entre eux et enfin Hale Appleman (il avait joué dans Teeth, un film d'horreur à voir absolument) le so british Eliot Waugh et Summer Bishil (qui a joué dans Under the silver lake, à voir absolument) la bad-ass Margo. Difficile de dissocier ces deux personnages tant leur relation fait d'eux ce qu'ils sont mais surtout difficile de ne pas les mentionner tant pour moi le show repose majoritairement sur leurs épaules. Anti-héros par excellence, nihiliste de surface, cynique et désespéré ces deux personnages sont d'une richesse rare et sont vraiment le point fort d'une série qui aurait pu devenir sérieusement insoutenable sans ce contrepoint.
Au niveau méchant, Voldemor et Grindewald peuvent aller se rhabiller car si les acteurs ne sont pas connu la brochette qui va se succéder comporte de véritable sociopathe a commencer par le tout premier "La bête" et sa backstory particulièrement glauque.
J'insiste aussi sur le fait que la série recèle plusieurs personnages féminins de premier plan qui n'ont rien à envier aux personnages masculins.
The magicians a donc une écriture aussi dysfonctionnelle que ses personnages et ce sont ces imperfections qui donnent autant de charmes à l'ensemble. Là où elle n'aurait pu être qu'une énième série fantastique pour ado faussement provocante, elle se permet vraiment d'aborder des thématiques très variés et d'alterner des ambiances tantôt insouciante et tantôt très lourde. Je précise d'ailleurs que certains épisodes frôle doucement l'horrifique et certaines scène sont à la limite du gore (j'exagère un peu mais la série n'est pas pour les enfants). La série prend également quelques risques comme ces épisodes musicaux qui commencent à la saison 2 et offriront certains des plus grands moments de la série (à commencer par l'inoubliable climax de l'épisode 9 de la saison 3). Je ne suis pas du tout branché comédie musicale mais ces passages s’intègrent intelligemment à la série et rendent certains passages d'autant plus épiques et mémorables.(le choix des morceaux joue beaucoup, j'avoue avoir été moins touché lorsque je ne connaissais pas les morceaux)
Au niveau de l'histoire, la série se tient dans l'ensemble en offrant des dangers toujours plus impressionnants et variés tout en développant les personnages et leurs relations. Tout l'arsenal de l’imaginaire y passe: réalité alternative, voyage dans le temps, magie de toutes sortes, les scénaristes puisent avidement dans tout ce qu'il est possible pour enrichir leur univers. Un foisonnement qui permet d'éviter toute lassitude et aurait probablement permis à la série de se renouveler encore longtemps. Pourtant dès 2019, la saison 4 offrait une très belle fin à la série.
C'est donc avec une appréhension certaine que je me suis lancé dans la saison 5 redoutant la fameuse saison de trop. Le premier épisode ne m'a pas vraiment rassuré et pourtant, je dois admettre que cette ultime saison, en dépit d'un aspect un peu bordélique dans l'écriture (le dernier épisode notamment boucle beaucoup de choses très/trop rapidement)  offre une fin moins frustrante pour les fans et quelques grands moment de WTF dans son développement. Si vous avez aimé les 4 premières saisons, ne ratez surtout pas cette cinquième, elle est dans la droite lignée du reste et permet vraiment de boucler l'histoire pour tous les personnages.
Au niveau de la réalisation, rien à redire, on sent que la série à bénéficié d'un budget largement suffisant. Que ce soit les décors, les costumes, les make-up ou les effets spéciaux tout est plutôt réussi. Les images sont également très belles avec de bonnes ambiances.
Très clairement, je ne regrette pas d'avoir regardé cette série jusqu'au bout, malgré ma difficulté à accepter certains personnage je me suis vraiment attaché à l'atmosphère si particulière de cette série, à sa façon d'intégrer la magie dans notre réel et à cette troupe totalement hétéroclite de personnages. 5 saisons, c'est à la fois peu et beaucoup mais je ne regrette pas d'avoir suivi jusqu'au bout le déroulement de cette improbable aventure. Certains personnages seront difficile à oublier,  la sensibilité à cœur de peau  d'Elliot et Margo me manqueront beaucoup.


Conclusion :

Si tout n'est pas parfait dans cette série, elle développe tout de même un univers passionnant et une galerie de portrait saisissant au fil de ses saisons, on devient vite accro à cette brochette de magiciens dysfonctionnels.


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