Alors que d'immondes pirates mettent en danger notre sacro-saint petit écran à coup de téléchargements illégaux, un homme, un surhomme que dis-je, se dresse seul pour défendre la ménagère de moins de quarante ans et les CSP+. Ce héros se nomme: El programator.
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lundi 13 août 2018

Under the silver lake

On peut critiquer la com' depuis des années et encore y être sensible. Ainsi, je ne sais plus qu'elle était la catch phrase qui accompagnait l'affiche de Under the silver lake mais l'ensemble suffit à m'intriguer. Le visionnage de la bande annonce me confirma qu'il fallait que je vois ce film et il est maintenant temps que je vous en parle.







Date de sortie 8 août 2018
Durée : 2h 19min
Réalisateur :  David Robert Mitchell
Casting : Andrew Garfield, Riley Keough, Topher Grace
Genres : Thriller, Comédie
Nationalité : Américain

Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs

Synopsis:


De nos jours, à Los Angeles, un jeune désœuvré tombe sous le charme envoûtant de sa voisine. Lorsqu'elle disparaît sans explication au lendemain de leur rencontre, il décide de résoudre ce mystère qui semble la clef de tous les secrets dissimulés sous le lac d'argent.


Critique :

Under the silver Lake est le troisième film du réalisateur de It Follow. J'avais à l'époque dit énormément de bien de ce film d'horreur qui apportait un peu de fraîcheur dans un genre sclérosé et je me réjouit de retrouver aujourd'hui David Robert Mitchell dans un genre très différent.
Si pour son premier film, le réalisateur avait utilisé tous les codes du film d'horreur, il emploi cette fois ceux du film noir. On retrouve donc le classique du héros entraîné dans un complot qui le dépasse par la disparition d'une belle femme mystérieuse. Une trame de type Le faucon maltais déjà détourné plusieurs fois notamment par Shane Blake dans The nice Guys ou Kiss Kiss Bang Bang. Mais le réalisateur ne se contente pas de transposer ces codes de nos jours, il s'en sert également pour dénoncer l'influence de la culture pop sur notre société. Si les geeks de mon espèce pourront ainsi se réjouir des nombreuses références qui ponctuent le film, ils seront également frappé par le cynisme de l'ensemble et par la façon dont le réalisateur joue avec ces codes jusqu’à leur faire perdre leur sens.
Sur de nombreux points, le film m'a rappelé l'excellent et cultissime (en tout cas pour moi) KABOOM de Greg Arakis. Les influences ne sont pas identique mais on retrouve dans les deux cas le même nihilisme et la critique de la société.
Si elle est assez classique, l'histoire de Under The Silver Lake n'en est pas moins captivante, l'auteur sait entretenir le mystère et réussit à nous tenir en halène avec beaucoup d'humour. Le personnage principal est aussi mystérieux que son enquête, le comprendre est donc un enjeux tout aussi important que son investigation.  Je regrette tout de même quelques longueurs, les 2h sont nécessaire pour obtenir l'ambiance de film noir qui sert le film mais je pense que 20 minutes de moins n'aurait pas été un luxe (avec le temps vous me connaissez, j'aime allez à l'essentiel).
Niveau casting, le film repose essentiellement sur Andrew Garfield (Silence, The Amazing Spider-man, etc) un acteur avec lequel j'ai toujours autant de mal même si je n'arrive pas à expliquer pourquoi (à ce niveau c'est peut-être juste physique). En l’occurrence, il se débrouille plutôt bien ici pour incarner un personnage qui n'est pas franchement attachant, un paumé qui ne respecte pas grand monde et ne se respecte pas lui même. Le reste du casting est également plutôt réussi, avec beaucoup de rôles féminins. On retiendra surtout Riley Keough (It comes at night, Logan lucky, etc), sexy, mystérieuse et véritable macGuffin de l'histoire mais on notera aussi une pléiade d'actrices moins connues mais aux personnages attachants : Callie Hernandez (Alien : Covenant, La la Land, etc), Riki Lindhome, Zosia Mamet ou Grace Van Patten, inoubliable dans son rôle décalée de fille aux ballons. Dans l'ensemble, les rôles féminin sont assez faible, mais je serais tenté de dire que ça fais partie du propos de l'auteur, l'un des effets pervers de la pop-culture étant qu'elle favorisait l'exploitation de la femme (je vous recommande l'excellente chaîne Youtube américaine Pop-culture détective si vous voulez ouvrir un peu les yeux, attention ça pique).
Que dire de la musique si ce n'est que Disater/peace déjà aux commandes sur It follows livre encore une fois un travail remarquable. La musique a beaucoup d'importance dans le film, puisqu'elle fait partie de l'histoire, et l'une des scènes est à ce titre plutôt culte et d'un cynisme abominable (ça se passe autour d'un piano vous ne pourrez pas le louper).
Je terminerais en disant que la réalisation est également de haute volée, les images sont superbes, avec une grande variété de décors, une belle attention aux détails et quelques bonnes idées.
S'il n'est pas parfait, ce nouveau film de David Robert Mitchell m'a encore mis une belle grosse claque. D'une part parce qu'il est totalement inscrit dans son temps et pointe habilement les névroses de notre société et d'autres part parce qu'il est tout simplement bien écrit faisant appel à tout un imaginaire hollywoodien qui nous imprègne sans que nous le sachions vraiment.
Under the silver lake est un film atypique, c'est un personnage principal tristement humain et impuissant qui donne à réfléchir sur la pop-culture et l'importance de voir au-delà.
Un film qui marquera les esprits.



Conclusion :

Avec ce deuxième film David Robert Mitchell prouve que It Follow n'était pas qu'un coup de chance et qu'il est un réalisateur à suivre. Un film noir et cynique comme on en voit assez peu ainsi qu'un beau coup de pied au cul dans la culture pop. A voir.

La petite affiche alternative qui va bien



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