Déjà considéré comme LE film de l'année ( c'est les films à venir qui doivent être content) La la land est le film inévitable de ce début février. Est-ce que ça en fait un bon film pour autant ? Voyons cela ensemble.
Date de sortie : 25 janvier 2017
Durée : 2h 08min
Réalisateur : Damien Chazelle
Casting : Ryan Gosling, Emma Stone, John Legend
Genres : Comédie musicale, Romance
Nationalité : Américain
Synopsis:
Mia est actrice, ou au moins voudrait l'être. Sébastien est patron de club, en tout cas il en rêve. Leur deux destins vont se percuter avec fracas, ils vont s'aimer, se porter et avancer ensemble dans leurs rêves. Mais l'amour résiste-t-il aux rêves, c'est ce qu'ils découvriront ensemble.Critique:
Débarrassons nous déjà d'une chose, est-ce que La la land est le film de l'année ?
Et bien non. Déjà parce que, sauf à mourir étouffé par ses popcorns durant le générique sans avoir vu d'autres films avant, "le film de l'année" est une formule qui n'a aucun sens : surtout au début du mois de février. Ensuite parce qu'un film, c'est personnel et que ce genre de choix dépendra énormément d'un individu à l'autre. Et enfin parce que La La land est loin d'être exempt de défauts, donc on va espérer que le reste de l'année soit capable de fournir un peu mieux.
Disclaimer
J'ai probablement déjà dû l'évoquer mais dans le doute je rappelle que j'ai une aversion profonde pour les comédies musicales. Les passages chantés dans les Disney me font pleurer des larmes de sang et les comédies musicales de type Broadway me donnent envie d'égorger des chatons mignons avec les dents. Plusieurs œuvres trouvent pourtant grâce à mes yeux, principalement les classiques ou les hommages très réussi ("once more with feeling" de Buffy par exemple) bref, attaquons le sujet principal :
La La land qu'est-ce que c'est ?
Il s'agit du troisiéme film de Damien Chazelle qui s'était déjà illustré en 2014 avec Whiplash. C'est un hommage aux grandes comédies musicales, où on pourra reconnaître des références aussi classiques et évidentes que "Chantons sous la pluie" ou "un américain à Paris". (Le réalisateur de revendique plus de Jacques Demy mais je ne suis pas du tout d'accord). Si l'on en juge au sujet de ces deux premiers films, le réalisateur doit être passionné de musique et ça transpire dans tout La La land. On ressent d'ailleurs plus d'amour de la musique que d'amour de la comédie musicale. C'est probablement ce qui m'a permis d’apprécier le film, il y a au final très peu de passages chantés (peut-être 5 sur 2h) mais énormément de musique, du jazz principalement. Cette frénésie musicale donne au film un rythme prenant qui emporte complètement le spectateur d'autant que quelques morceaux sont vraiment entêtants, essentiellement les deux morceaux principaux déclinés à travers le film : "another day of sun" et"City of star".
Au service de cette musique, on trouve une réalisation virevoltante à l'image de cette spectaculaire
scéne d'introduction, un faux plan séquence de toute beauté avec une caméra qui se déplace avec autant de grâce que les danseurs.
Le film ne serait bien entendu rien sans ses acteurs : Emma Stone (Magic in the Moonlight, Birdman, etc) et Ryan Gosling (Lost River, The nice guys, etc) danse, chanson, pour le peu que j'en connais je les ai trouvé bluffant et juste parfait dans leurs interprétations. Le couple fonctionne bien ensemble et on s'y attache très vite. A noter que Ryan Gosling n'a pas été doublé pour les scènes de piano, une performance qui force le respect. A leurs côtés par contre, c'est le désert. Il n'y a pas vraiment de personnages secondaires, même John Legend, caution musicale du film, ne fait guère plus que de la figuration. Le reste du casting se compose de quelques visages qui réapparaissent de temps en temps comme si le réalisateur avait voulu traduire à quels points les choix de vie des personnages les isolent.
Car c'est là l'histoire du film, il ne s'agit pas vraiment d'une histoire d'amour mais plus d'une histoire de vie. Comment nos choix orientent notre vie et comment nos rêves peuvent nous rendre heureux ou pas. C'est un très bel hommage aux artistes qui luttent chaque jours pour essayer de faire vivre leur art (et d'en vivre) et j'avoue m'être assez facilement reconnu dans leurs épreuves. En ce sens, La la land s'éloigne un peu des comédies romantiques classiques en apportant un peu de profondeur. De la même manière, si le film est le fils spirituel des comédies musicales avec Gene Kelly, il réussit toutefois à les réactualiser en apportant une noirceur qu'on n'y trouvait pas à l'époque. Par contre, n'ayez pas trop d'attentes sur ces points, l'histoire est très simple (peut-être trop, avec de gros raccourcis et beaucoup de simplifications) et ne sombre jamais dans le glauque (ne vous attendez pas à les voir devenir alcoolique ou drogué).
Dans l'ensemble La La land est une belle histoire qui donne le sourire et l'envie de se dépasser. Attention, ce n'est pas pour autant forcément un "feel good moovie" car les larmes ne sont jamais loin du rire.
Voilà, pour moi La La land fut une très belle découverte, je ne serais pas surpris que le film finisse dans mon top 10 de l'année. Il y a beaucoup d'amour derrière cette réalisation et ça se sent, ce serait dommage de se priver d'autant de bonnes ondes pour bien commencer l'année.
Et pourtant...
Au final, la plus grosse critique que je ferais à La la land c'est de s'inscrire dans la mouvance des
"memberberies"(oui, sur ce blog quand on fait dans le sociologique, on ne cite pas des philosophes mais Southpark ) c'est à dire toutes ces œuvres qui se reposent uniquement sur la nostalgie pour toucher le public. C'est le problème de tous les reboots, remakes, séquelles, suite, j'en passe et mon cul sur la commode. Des films qui font office de doudous confortables et entretiennent le mythe du "c'était mieux avant", un mythe qui fait dangereusement régresser notre société car ça n'a jamais été mieux avant. Dans La la land, c'est flagrant, le héros est obsédé par le jazz, qui dans l'inconscient collectif représente surement LA musique du passé, les héros regardent des vieux films, on nous parle beaucoup du Hollywood de l'âge d'or, et le film lui même est un vibrant hommage aux comédies musicales de Gene Kelly. Tout est ancré dans le passé, c'est surement ce qui explique ce côté très normé du film (leur société ne ressemble pas vraiment à la notre, ça fais très vision WASP du monde avec uniquement des blancs hétéros qui n'ont que des problèmes d'argent). En soi, tout peut se justifier et je ne peux pas reprocher à La la Land ces choix de réalisations (pas artistiquement en tout cas, moralement peut-être), il s'agit juste d'une oeuvre supplémentaire s'inscrivant dans une mouvance que je trouve malsaine.
Conclusion:
Fidèle descendant des comédies musicales des années 50, La la land réussit également à leur apporter un peu plus de profondeur. Ce n'est pas le film de l'année mais ça n'en reste pas moins un film superbe et émouvant qui permet de commencer 2017 de la plus belle des façons. Laissez vous lalalander.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire