On équilibre un peu le blog avec une comédie Française, un genre que je traite assez rarement. La bande-annonce ne m'avait pas vraiment vendu du rêve mais les conseils d'une amie et le créneau horaire m'ont décidé à tenter ma chance. L'occasion de faire une bonne découverte ou pas ? C'est ce que nous allons voir.
Date de sortie : 15 août 2018
Durée : 1h 41min
Réalisateur : Romain Gavras
Casting : Karim Leklou, Isabelle Adjani, Vincent Cassel
Genres : Action, Comédie
Nationalité : Français
Synopsis :
François n'a jamais connu que le milieu du crime, pourtant il rêve d'une vie tranquille, loin du danger et des escrocs. Un rêve à portée de main puisqu'il lui suffit d'investir ses économies avant la fin de la semaine. Mais c'est compter sans sa mère qui à tout dépensé condamnant François à trouver un moyen de rassembler 80 000 euros en quelques jours s'il ne veux pas tirer un trait définitif sur ses rêves.
Critique :
Le monde est à toi est le deuxième film de Romain Gavras fils du célébre réalisateur Costa Gavras (Z, Amen, etc) et plus habitué aux courts métrage et à la pub qu'au cinéma. C'est une comédie de gangsters avec une structure assez classique (un peu à la Ocean 11 ou Logan Lucky), le coup qui tourne mal et nécessite un second coup qui réserve des surprises. Une structure peu originale donc et qui génère des attentes, le coup final devant être le climax de l'embrouille ce moment où l'on est impressionné par l'intelligence du héros.
S'il y a beaucoup de déjà vu dans le thème, l'originalité du film réside dans le léger décalage des archétypes de ses personages et surtout de son héros véritable antithèse de Tony Montana, fils à maman opprimé qui ne rêve que d'une vie normale loin des deals et des arnaques. Dans ce rôle d'homme ordinaire Karim Leklou (Le nom des gens, Un prophète, etc) un acteur que je n'avais jamais vu mais qui rempli parfaitement son rôle d'homme acculé, fatigué, qui se bât pour défendre son dernier espoir. Son petit côté looser le rend éminemment sympathique et surtout ce personage évite la banlieusite (néologisme bonjour, je veux parler de l'utilisation abusive des pires modes d'expressions de banlieue: les wesh, les gros, les refré, etc qui rendent un personnage insoutenable) face à lui la Divines Oulaya Amamra qui s'avère une fois de plus très douée. Comme pour Divines son personnage est suffisamment riche pour lui permettre d'exprimer toute une palette d'émotions et elle n'a pas à rougir face aux grosses vedettes du film. Car oui, le film a la chance d'avoir deux gros nom du cinéma français à l'affiche : Isabelle Adjani absolument parfaite en mère abusive et Vincent Cassel tout aussi marquant en gros looser complètement effacé. Son personnage est probablement un des plus drôles du film et c'est agréable de le voir dans un rôle bien moins charismatique que ceux auquel nous avons été habitué. Enfin, le casting se complète de quelques belles gueules et de personnages savamment décalés comme "Poutine". On notera enfin la présence de Philipe Katerine et de François Damiens même s'il s'agit surtout de sympathique cameos.
Ce que j'ai vraiment apprécié dans ce casting et dans les personnage c'est que le film n'a pas plongé dans l'illustration lourdingue de la banlieue, ce que laissait craindre la bande annonce. On retrouve effectivement les éléments tape à l’œil et agressif qu'on attribue de façon négatif à cet univers mais le film a su voir plus loin et c'est appréciable.
La bande son est en ce sens très réussie car si on retrouve du rap on retrouve aussi de grands classiques de la chanson populaire française qui donnent une toute autre ampleur aux images.
Si la direction d'acteur est à l'évidence de qualité, il en est de même pour la réalisation avec quelques plans vraiment superbes, ne serait-ce que ce tout premier plan de la cité. Difficile de faire plus marquant. Pour autant, la réalisation souffre d'un point plus faible : les scènes d'actions, car si l'histoire s'y prête, il n'y en a ici quasiment aucune. Il y a bien quelques utilisations d'armes à feu et quelques coups mais il ne s'agit jamais d'affrontements ce sont juste des aggressions à sens unique qui permettent d'illustrer la violence mais jamais d'insuffler de l'action. C'est un détail, voir même un choix, mais j'ai ressenti un léger manque à ce niveau et le public habitué aux blockbusters Americains du même style le ressentira d'autant plus.
Enfin, le point faible du film, c'est probablement le scénario. Ce n'est pas qu'il soit mauvais, il y a beaucoup de bonnes choses c'est juste qu'il est mal équilibré. Le cœur du film est un peu confus avec un empilement de péripéties qui rallongent inutilement le film (ou disont qu'il y avait déjà eu tellement de choses avant qu'on a surtout envie de rentrer dans le dur du film à ce moment) mais surtout le climax n'est pas à la hauteur. Comme je l'expliquais plus tôt, il s'agit d'un film d'arnaque, la construction est classique et mène à une ultime arnaque où le héros doit passer pour un petit génie. Sauf que cette conclusion ne me semble pas assez satisfaisante. Là encore trop brouillonne, on perd la force du film pour finir de façon molle et décevante ce qui va presque à l'encontre du sujet.
Bref, j'ai passé un bon moment devant ce film mais je suis un peu frustré qu'il n'ait pas pu prendre plus d'ampleur car Romain Gavras a très clairement une patte et devrait pouvoir nous épater dans ses prochains films.
Anecdote le film m'a étrangement fait penser à Narco de Gilles Lelouche. Le rapport n'est pas évident mais il y a quand même quelque chose. Quoi qu'il en soit, je ne peux que vous recommander de jeter un œil à Narco si vous avez l'occasion. Les films français aussi originaux se font rares.
Conclusion :
Un bon petit mix polar/humour, on regrettera juste un léger manque de maîtrise de la narration qui fait passer le film a peu de chose d'être vraiment très bon.
Une affiche alternative plutôt sympa
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