Il y a peu de temps la série Silicon Valley s'est achevée avec sa sixième saison, l'occasion pour moi de revenir sur cette comédie méconnue de HBO qui mérite pourtant d'être découverte.
Diffusion : 2014 - 2019
Durée : entre 7 et 10 x 26 min selon la saison
Genre : Comédie dramatique
Création : Mike Judge, John Altschuler, Dave Krinsky
Casting : Thomas Middleditch, Martin Starr, Kumail Nanjiani, Zach Woods
Nationalité : U.S.A.
Chaîne d'origine HBO
Synopsis :
De nos jours, dans la Silicon Valley, plusieurs informaticiens essayent, à l'image de leurs idoles Bill Gates et Steve Wozniak, de trouver le logiciel ou l'application qui révolutionnera l'informatique et fera d'eux des millionnaires.Critique :
Silicon Valley est une série créé par John Altschuler, Dave Krinsky et surtout Mike Judge connu pour avoir créé Beavis and Butt-Head (le dessin animé qui a traumatisé la génération MTV) et écrit Idiocracy (comédie discutable mais tristement prophétique). Assez loin de ces créations, Silicon Valley nous plonge au cœur de cette fameuse vallée de San Francisco qui a vu émerger Facebook, Google et tant d'autres géants de l'informatique moderne (la "Tech"). L'histoire suivra principalement Richard Hendricks, Bertram Gilfoyle, Dinesh Chugtai et Jared Dunn quatre pur-geeks(voir gros nerds) essayant de vivre de leurs talents pour l'informatique (Jared mis à part). Si la série est une comédie, avec des passages indubitablement drôle, il ne s'agit pas d'une sitcom à la Brooklyn 99 ou Community cherchant essentiellement à faire rire le public, mais bien d'une comédie dramatique, c'est à dire d'une histoire qui utilisera le rire pour accompagner son propos. Ici la difficulté à survivre dans la jungle de la Tech et de ses milliardaires mégalomanes. L'occasion de nous faire découvrir les dessous des succès de toutes ces grandes firmes et l'impact que la Tech a sur nos vies. Silicon valley c'est une série de son temps, les références au milieu de la Tech sont innombrables et parfois pointus ce qui n’empêche pas de suivre l'histoire toujours limpide mais flatte d'autant les amateurs de Tech ravi(e)s de retrouver cet univers si particulier ainsi fidèlement retraduit.En plus de son ambiance, l'une des grandes qualités de cette série réside indubitablement dans son scénario. il n'est pas particulièrement complexe mais les scénaristes ont réussi à le rendre constamment palpitant. Les héros progressent sans cesse dans leur but et pourtant chaque progrès provoque invariablement de nouveaux problèmes. A tel point qu'ils sont constamment sur la brèche, proche de tout perdre, laissant le public pendu à ce suspens digne d'un polar haletant. Au fil des saisons les enjeux deviennent de plus en plus énormes et c'est toujours un plaisir de découvrir comment les héros vont se planter et comment ils réussiront à s'en sortir. Une écriture qui n'est pas sans rappeler l'essence de la Tech et de l'entrepreneuriat en général : l'essentiel n'st pas de réussir mais de réussir à se relever de ses échecs. Loin de ce milieu qui peut sembler inhumain, la série est très morale et n'aura de cesse de critiquer gentiment toutes ces entreprises qui font autant de bien à notre société qu'elle peuvent faire de mal.
Mais l'histoire ne fonctionnerait pas sans une belle galerie de personnages et ici la série nous gâte. Si aucun des acteurs n'est vraiment connu ils sont tous parfaits dans leurs rôles d’asociaux. On rit plus souvent d'eux qu'avec eux mais c'est un plaisir de les voir apprendre de leurs erreurs.
Dans les rôles principaux l'on retrouvera donc : Thomas Middleditch (Retour à Zombieland, le loup de Wall street, etc) dans le rôle de Richard qui pourrait presque être le héros de l'histoire, un informaticien brillant qui cherche à prendre sa revanche sur le monde et dont les facultés sociales sont un gros handicap, Martin Starr (Spiderman, Freak and geek) dans le rôle de Gillfoy, le perso le plus cool, un sataniste/anarchiste/codeur de génie qui déteste tout le monde, Kumail Nanjiani (The lovebirds, Community, etc) dans le rôle de Dinesh l'informaticien lâche qui ne rêve que d'argent et de fille facile et enfin Zach Woods (The Good Wife, The office, etc) dans le rôle de Jared, un très beau personnage sensible et décalé à la fois drôle et émouvant.
Si le casting est particulièrement masculin, à l'image de la tech, on comptera au moins deux excellents personnages féminins avec Amanda Crew dans le rôle de Monica Hall, l'atout communication de Pied Piper et surtout Suzanne Cryer (The Cloverfield Paradox, 10 Cloverfield Lane, etc) dans le rôle de Laurie Bream, une investisseuse particulièrement inhumaine et savamment décalée.
C'est d'ailleurs dans les personnages négatifs que la série se distingue le plus, entre le cultissime Gavin Belson (Brillant Matt Ross), le sinistre Jian Yang ( Imperturbable Jimmy O Wang ) et tant d'autres la galerie de monstres n'a rien à envier à celle de Barnum.
Le casting ne serait pas complet si je ne mentionnais pas Elrich Bachmann incarné par T.J Miller, un personnage particulièrement drôle et emblématique des premières saisons que la série devra supprimer(durant la quatrième saison). Officiellement l'acteur dit qu'il avait fait le tour, la prod qu'il posait problèmes durant les tournages, officieusement les accusations de viols et de violence portées sur l'acteur n'incitait probablement pas à renouveler son contrat. Même si le personnage manque, il ne déséquilibre pas l'alchimie de la série qui peut se reposer sur le reste de son excellent casting. La dernière saison réussira même à clore l'histoire d'Elrich Bachmann de façon plutôt habile ce qui évite la moindre frustration aux fans.
Niveau réalisation, rien d'extraordinaire à mentionner, comme souvent chez HBO c'est remarquablement produit, les images sont de grandes qualités et n'ont rien à envier au cinéma. Pour autant, il ne faudra pas attendre de plans particulièrement signifiants ou emblématiques.
Le série étant terminé, que dire de la dernière saison ?
Tout simplement qu'elle achève à merveille cette superbe odyssée. Bien sûr, ce n'est pas parfait, je regrette notamment une menace un peu sous-exploitée mais dans l'ensemble que ce soit en terme de rythme, d'humour ou d'émotion, la série se termine du mieux qu'elle pouvait bouclant une oeuvre rare et riche.
Cette série fait indubitablement partie de mes coups de cœur tant par l'intelligence de son écriture que dans la fragilité de ses personnages ou dans toutes ses références plus ou moins subtiles à l'univers de la Tech. Le petit monde de Pied Piper va me manquer, et je ne vous joue pas de la flûte.(désolé, c'était contractuel, j'étais obligé de la faire)
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