C'était la petite surprise de l'été de Netflix, une mini-série fantastique matinée d'horreur. Mais que vaut vraiment cette satyre d'Hollywood ?
Genre : drame, horreur, mystère
Réalisateur : Nick Antosca, Lenore Zion
Casting : Rosa Salazar, Catherine Keener, Eric Lange
Nationalités : France
Synopsis:
Au cœur des années 90, à Hollywood, une jeune réalisatrice se fait voler la réalisation de son premier film par un producteur has-been. Incapable de supporter cette trahison, la jeune femme est prête à passer un pacte avec le diable pour prendre sa revanche.
Critique :
Brand new cherry flavor est la première réalisation de Nick Antosca, un scénariste que j'ai pu découvrir sur des séries que j'aime beaucoup comme Teenwolf, Hannibal ou Channel Zero. Il est ici accompagné de Lenore Zion, également scénariste, que je connais beaucoup moins mais qui a de belles références comme Ray Donnovan. Au niveau de l'histoire, rien de bien original, on se retrouve face à une sorte de revenge porn, à l'exception que l'héroïne n'a pas été violé (et tant mieux l'histoire fonctionne sans ce poncif) mais dépossédé de son œuvre. Elle est dès lors prête à tous les sacrifices pour récupérer ce qui lui revient de droit et surtout à faire payer celui qui l'a trahi. Rien de bien original dans ce pitch donc, mais l'originalité s'instille progressivement dans la série, par ces non dits qui s'imposent de plus en plus jusqu'à tout dévorer. Le fantastique s'incarne dans cette mystérieuse sorcière qui propose son aide à Lisa et qui fera payer ses services au prix fort. Et le surnaturel est très inspiré, on pensera autant à l'onirisme de Lynch dans les séquences évoquant Eraserhead que dans d'autres plus Twinpeaks ou Lost Highway mais on songera aussi au côté très organique de David Cronenberg, entre La mouche ou Existenz qui nous offrira une séance de sexe suffisamment perturbante pour être inoubliable.
Ces références, et d'autres, donnent un univers visuel riche et envoutant dans lequel on prend plaisir à
s'intoxiquer. Brand new cherry flavor c'est un lent cauchemar dont on peine à s'extirper à mesure que Lisa s'enfonce plus profondément dans les conséquences de ses choix.Niveau casting, j'étais content de retrouver Rosa Salazar (Battle Angel Alita, Le labyrinthe, etc) ses grand yeux illuminent son visage innocent d'une étincelle de folie parfaite pour le rôle. Face à elle, une belle brochette d'acteurs que j'avais pris plaisir à découvrir dans des séries : Eric Lange (Wind River, Cult, etc) qui remplit idéalement le costume de producteur manipulateur, Jeff Ward (Agent of SHIELD, Channel Zero, etc) charismatique en acteur rebelle et Manny Jacinto (The good place, the good place, the good place !!!) que j'aurais aimé voir plus dans son rôle de hacker placide.
Il est intéressant de noter qu'outre la thématique féministe des hommes qui volent le travail des femmes, la série aborde finalement celle plus complexe de l'appropriation culturel, En effet, ce qui fait la qualité première du travail de l'héroïne tient dans ses origines, on a donc un homme blanc qui veut profiter de la culture d'une femme racisé pour se faire de l'argent et de la réputation à sa place, ergo la définition de l'appropriation culturelle.
Moi qui me plain, souvent, et beaucoup, de Netflix
du fait qu'ils ne produisent que du consommable, je dois avouer que pour une fois j'ai été agréablement surpris. Il y a une vraie prise de risque dans cette mini-série, l'atmosphère est malsaine, l'histoire est perturbante et si l'on peut une fois de plus critiquer le "recyclage" très appuyée, ces inspirations sont pertinentes et font corps avec le show. Bref, si cette mini-série n'est pas parfaite et que j'aurais apprécie un final plus spectaculaire, j'ai tout de même dévoré les 8 épisodes, j'en garde des images vraiment saisissante que je ne pense pas oublier de si tôt. Une bien belle surprise. Et j'insiste sur le fait que c'est une mini-série, cela veut dire que c'est auto-conclusif, il n'y aura pas trente saison, l'histoire à un début et une fin et c'est très bien comme ça.
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