Alors que d'immondes pirates mettent en danger notre sacro-saint petit écran à coup de téléchargements illégaux, un homme, un surhomme que dis-je, se dresse seul pour défendre la ménagère de moins de quarante ans et les CSP+. Ce héros se nomme: El programator.
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vendredi 10 septembre 2021

Clickbait

 C'est une des tendances du moment sur Netflix France, que vaut vraiment cette mini-série au pitch captivant ?



Date de diffusion :  25 aout 2021
Durée :  8 x 45
Genre : Drame, mystère
Création : Tony Ayres, Christian White
Casting : Zoe Kazan, Betty Gabriel, Phoenix Raei

Nationalités : Australie, USA

Synospsis :

Lorsqu'une vidéo de Nick Brewer apparait sur les réseaux sociaux annonçant sa mort à venir, c'est toute e quotidien de sa famille qui vole en éclat et risque d'emporter de nombreux destins au passage.

Critique :


Clickbait
, c'est avant tout un pitch redoutable. Et c'est amusant car il y a là une véritable mise en abyme dans ce titre. Un clickbait, c'est un appât à clic : une photo, un texte ou une vidéo suffisamment racoleuse pour que tout le monde ait envie de cliquer dessus pour en savoir plus. Bien entendu, si ce clic ne renverra pas forcément sur une arnaque, il y a de fortes chances qu'il ne mène qu'a une déception. La pratique la plus courante est journalistique ou un gros titre annoncera quelque chose de spectaculaire avant de détailler dans l'article que ça ne l'était absolument pas.

Et bien Clickbait c'est ça. La promesse est spectaculaire et le soufflet retombe aussi vite qu'il a prit. Il y a pourtant de bonnes idées, comme ce point de départ, ou le fait que chaque épisode se centre sur un personnage différent. Mais tout est un peu artificiel et donne un sentiment d'inassouvi. Si on prend par exemple l'épisode du journaliste, c'est un point de vue intéressant car ça permet de comprendre un peu mieux ce qui peut pousser les journalistes à être si inhumain dans ce genre de drame. Mais d'une part c'est assez caricatural et de l'autre ça crée un besoin qui ne sera pas assouvi. L'histoire nous attache à un personnage dont on n'aura pas de fin satisfaisante vu qu'il n'est qu'un détail de l'histoire et qu'on n'en entendra plus parler après cet épisode.

L'autre gros souci c'est que l'histoire ne tient pas la route. Elle s'effondre comme un château de carte dès lors qu'on introduit une technologie pourtant courante de nos jours (plus d'infos dans la partie spoiler). Alors, ce pourrait être un choix scénaristique, nous sommes dans un monde ou cette technologie n'existe pas. Sauf qu'elle est utilisé dans l'un des épisodes juste après une séquence pénible ou cette même technologie aurait facilement réglé un problème. En bref, le scénaristes ont complexifié l'histoire pour que ça ait l'air intelligent mais ils n'ont même pas soigné les détails. Pire, on dirait qu'au niveau informatique, le scénariste est à peine capable d'ouvrir Word, dommage pour une série qui en parle autant. L'ensemble est grossier.


En plus, si vous faites partie des gens qui comme moi aiment à anticiper l'histoire et deviner les coupables, vous ne pourrez pas le faire ici. En tout cas pas avant les quelques minutes qui vous sépareront de la révélation tout simplement parce que rien ne rattache le/la/les coupable(s )au crime, c'est à peine si on les a déjà vu précédemment.

Par contre, niveau casting, c'est plutôt réussi, avec plusieurs beaux rôles féminin Zoe Kazan (la ballade de Buster Scruggs, Bored to death, etc) dans le rôle de la sœur et Betty Gabriel (Westworld, unfriended : dark web, etc) dans le rôle de la femme en tête. Leur relation amour/haine est particulièrement bien vu et fait parties des bons moteurs de la série. On pourrait d'ailleurs presque dire que c'est une série de femme car il y a vraiment beaucoup de rôle féminin et tous plutôt intéressants.

Niveau réalisation, il y a quelques efforts notamment dans la représentation des média sociaux mais aussi sur l'épisode 4 (dur d'en parler sans spoiler). C'est globalement efficace sauf lors des scènes d'actions, il y a notamment deux course-poursuites à pieds assez risible et un accident de voiture pas beaucoup plus glorieux.

Dans l'ensemble, je n'ai pas passé un mauvais moment devant cette série, ça commence même plutôt bien, avec de bonnes idées, mais c'est tellement fait de bric et de broc qu'on se lasse progressivement. Le dernier épisode m'a apporté des réponses intéressantes, la trame principale était globalement une bonne idée mais difficile à accepter tant elle repose sur du vide.

Conclusion :

Malgré un pitch très prometteur, la série s'enlise assez rapidement




Donc, l'histoire ne repose pas sur le clickbait mais sur le catphishing, c'est à dire le fait d'usurper l'identité de quelqu'un en ligne. Le scénario était probablement brillant en 2000 lorsqu'internet était encore en bas débit et que nous échangions sur msn, mais il devient puéril en 2020 alors que la visioconférence est un outil utilisé de 7 à 77 ans. Le scénario aurait pu se rattraper au branche si le coupable avait utilisé du "deepfake" (des vidéos trafiqués) c'est une technologie accessible de nos jours pour quelqu'un qui s'y connait et ça aurait permis de vraiment ancrer l'histoire dans le réel. Mais non, la flemme, les scénaristes ont préféré ignorer le problème. Le pire étant que l'épisode 7 pointe directement ce soucis. Ethan flippe car il commence à croire que Allison n'est pas qui elle prétend. Il suffirait qu'il demande une visioconférence et le problème serait réglé mais non, là encore il préfère se jeter dans la gueule du loup, une facilité scénaristique permettant de créer une tension factice. Et que vont-ils faire quand ils se verront ? Une visioconférence.... En fait, c'est comme si le personnage de Allison était censé être une hackeuse surcompétente car elle fait des visioconférences et sait ce que sont des métadonnées. Alors que ça donne juste l'impression que tous les autres personnages sont abrutis.

Dernier point, je suis très mitigé sur l'épisode de The Mistress. Très clairement, dans la réalisation tout laisse entendre qu'elle est mythomane et qu'elle n'a jamais vu Nick. C'est plutôt une bonne chose d'un point de vue réalisation mais je trouve que c'est aussi une grosse facilité scénaristique.

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