Alors que d'immondes pirates mettent en danger notre sacro-saint petit écran à coup de téléchargements illégaux, un homme, un surhomme que dis-je, se dresse seul pour défendre la ménagère de moins de quarante ans et les CSP+. Ce héros se nomme: El programator.
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lundi 9 juillet 2018

Sans un bruit

Cela faisait longtemps que je l'attendais celui là. La première bande annonce était franchement séduisante, offrant un "high-concept" fort : un film utilisant le son comme élément principal de l'histoire. Ca semble bête à dire mais c'est rare qu'on utilise intelligemment le son au cinéma, bref j'avais hâte de savoir s'il s'agissait d'une fumisterie ou d'un réel travail de réalisation et il est maintenant temps que je vous en parle.






Date de sortie 20 juin 2018
Durée : 1h 30min
Réalisateur : John Krasinski
Casting : Emily Blunt, John Krasinski, Millicent Simmonds
Genres : Thriller, Epouvante-horreur
Nationalité : Américain

Interdit aux moins de 12 ans

Synopsis:

De mystérieuse créatures ont exterminé presque toute l'Humanité. Dans ce monde en déclin, une famille essaye de survivre. Sa seule chance d'y parvenir : ne jamais faire le moindre bruit.

Critique :

Sans un bruit est le deuxième film de John Krasinski (Détroit, etc), un acteur qui s'était surtout fait la main à la réalisation sur la série The office. Peu d'expérience donc pour se lancer dans ce projet ambitieux a plus d'un titre, déjà parce qu'il s'agit d'un film de genre (à effets spéciaux en plus) et ensuite parce qu'il repose sur un artifice de réalisation : "les personnages ne doivent pas faire de bruit". Un postulat de départ compliqué à assumer de nos jours où le son est devenu omniprésent et où les personnages sont plus souvent trop bavard que taiseux.
Ainsi, le début du film déstabilise le spectateur car le réalisateur joue le jeu à fond sans lusique et sans dialogue, valorisant le moindre bruit et utilisant du son "subjectif" comme on le fait habituellement d'une caméra (la caméra subjective, quand vous voyez par les yeux d'un personnage). L'atmosphère posé ainsi est captivante, à la fois apaisante et inquiétante. On se réjouit de ce calme retrouvé dans notre vie qui va trop vite et trop bruyamment mais on s’inquiète aussi de cette menace sourde (oui, je suis fier de ce jeu de mot :D) et omniprésente.  Si je suis à ce moment du film (les 15 premières minutes) particulièrement enthousiaste, je me dois tout de même de mentionner un problème qui n'est pas vraiment du fait du réalisateur. Lorsque dans une salle de cinéma tout le monde fait silence pour se concentrer sur le moindre petit son du film, il devient impossible d'ignorer le crétin qui glousse dans un coin de la salle.  Sans un bruit fait probablement partie de ces rares films qu'il vaut peut-être mieux ne pas voir au cinéma car oui, il suffira d'un spectateur indélicat dans la salle pour gâcher l'expérience de tous les autres spectateurs.
Et c'est dommage, car c'est vraiment du très beau boulot. Si le scénario n'est pas parfait, il nous entraîne tout de même intelligemment dans le quotidien d'une famille qui a su s'adapter à cette menace inédite. Loin d'être un film d'action, sans un bruit se constitue de petits moments de survie, s'intéressant plus à comment l'Humanité peut s'adapter après un tel drame plutôt qu'a comment l'Humanité peut le combattre. N'allez donc pas voir le film pour assister à des affrontements titanesques à grands coup d'effets spéciaux, ce n'est pas du tout le sujet du film et c'est tant mieux.
S'il s'est gardé le beau rôle (un peu trop peut-être car ce père à tout du stéréotype du héros parfait) John Krasinski n'est pas le seul à briller à l'écran. Emily Blunt (La fille du Train, Sicario, etc) dans le rôle d'une mère forte que rien ne semble pouvoir abattre s'illustre également tout en douceur et retenue, comme les deux plus jeunes acteurs qui n'ont pourtant pas des rôles faciles.
Dans l'ensemble, Sans un bruit aura donc répondu à toutes mes attentes, c'est un film d'horreur intelligent où les choses ne sont pas laissées au hasard. Un film qui sait prendre son temps, qui ne se repose pas sur ses effets spéciaux et sait instiller une atmosphère suffisamment lourde pour que les jumpscares soient efficace.
Le traitement du son, loin d'être un gadget, apporte un véritable plus à l'ensemble. Si je devais pinailler, ce serait sur les créatures dont les design n'est pas très originale mais surtout dont le sound-design rappelle trop fortement le Prédator. Il s'agit peut-être d'un clin d’œil mais ça me semblait ici beaucoup trop présent pour que ça puisse être ignoré.
Inutile de dire que je recommande chaudement ce film d'horreur qui montre là encore qu'on peut faire du vrai cinéma avec l'horreur et que nous ne sommes pas obligé de nous contenter de teenmoovie sans inspiration (je pense à toi tellement fort action ou vérité)


Conclusion :

Un excellent film d'horreur, le rythme est un peu lent et déstabilisera les amateurs de films tape à l’œil bourré de jumpscares mais il y a une belle maîtrise de la narration au service d'une bonne idée. Des films comme on aimerait en voir plus souvent.


Petite affiche supplémentaire

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