Alors que d'immondes pirates mettent en danger notre sacro-saint petit écran à coup de téléchargements illégaux, un homme, un surhomme que dis-je, se dresse seul pour défendre la ménagère de moins de quarante ans et les CSP+. Ce héros se nomme: El programator.
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vendredi 14 février 2014

Jacky au royaume des filles

je ne connais Riad Sattouf que de nom, son premier film ne m'avait vraiment pas attiré, mais à l'heure où la problématique du sexisme devient de plus en plus visible dans notre société (on a pu notamment beaucoup voir tourner le court métrage "Majorité opprimée" sur les réseaux sociaux, je trouvais le sujet de son film très pertinent et j'avais vraiment hâte de voir comment il avait pu le traiter.




Date de sortie: 29 janvier 2014
Durée: 1h30min
Réalisation: Riad Sattouf
Casting: Vincent Lacoste, Charlotte Gainsbourg, Didier Bourdon
Genre: Comédie
Nationalité: Français

Synopsis:
Enfant unique et sans père, Jacky prie tous les jours les chevalins dans l'espoir un jour de pouvoir épouser la Colonelle, la fille de la Générale. Hélas, alors qu'il avait une chance de se rendre au grand bal de Bubunne sa mère décède le laissant à la merci de son acariâtre belle-famille.

Critique:
"Jacky au royaume des filles" c'est tout simplement une version moderne et décalée de Cendrillon. On y retrouve tous les éléments, à l'exception près que le royaume de conte de fée est ici une dictature et que la belle Cendrillon est un beau Jacky. Et c'est cette première idée, simple mais brillante, qui rend le film peu accessible. En effet, impossible durant la première moitié du film de ne pas réfléchir à cette inversion de la place des hommes et des femmes. Et c'est normal, c'est une modification des codes que nous connaissons, donc une perte de repères et il faut que le cerveau s'y habitue. Dès lors, moins évident de profiter de l'aspect comique du film d'autant que le réalisateur ne nous facilite rien. Loin des comédies potaches, Riad Sattouf s'attache à traduire de la manière la plus violente les problèmes des rapports homme/femme dans notre société (exacerbé ici par une culture où un sexe est opprimé par l'autre) notamment à travers la prédation sexuelle au quotidien. Sans devenir sordide, l'histoire n'en prend pas moins une allure assez malsaine dont il devient compliqué de se moquer (à moins de rire jaune). Enfin, il n'est pas évident de s'attacher au personnage principal: benêt, veule, méchant, manipulateur, il ne vaut guère mieux que sa belle famille. Dès lors, le spectateur navigue à vue, sans jamais vraiment s'impliquer.
Alors, oui, ça semble faire beaucoup de défauts pour un seul film et pourtant "Jacky au royaume des
filles" est loin d'être mauvais justement parce qu'il ne cède pas à la facilité et traite de sujets complexes: religion, dictature, rapports homme/femme, etc. Cette simple volonté de sortir du moule est en soi louable, mais heureusement, ce n'est pas la seule qualité du film. On notera également l'esthétisme, emprunté au régime soviétique et quelques scènes superbes comme celle du bal. Mais surtout, c'est le casting dont on peut se réjouir. Je ne m'extasierais pas sur Vincent Lacoste, il fait la blague mais ne m'a pas marqué plus que ça, par contre, quelle joie de retrouver Anémone et Valérie Bonneton toutes deux parfaites dans leurs rôles de "mâle dominant". Quel bonheur de retrouver Charlotte Gainsbourg dans un film un peu plus léger que ces derniers (Antichrist,Nymphomaniac...) et quelle surprise de découvrir Michel Hazanavicius (le réalisateur de "The artist") dans le rôle de la bonne fée. Enfin, impossible de ne pas citer non plus Didier Bourdon, toujours fidèle à lui-même. Un casting très réussi donc, et c'était le minimum pour réussir à rendre crédible cet univers à la fois familier et singulier.
Au final, bon film ou pas, et bien c'est mitigé. Certes, il y a de très bonnes choses mais l'équilibre entre le burlesque, le sordide et le reste est un peu bancal. Le spectateur se retrouve un peu perdu dans cette confusion et profite difficilement de ce spectacle. On ne s'ennuie pas, mais on ne s'amuse pas vraiment non plus. À mon sens Jacky est un peu la preuve qu'une bonne idée et beaucoup de bonne volonté ne suffisent pas à faire un bon film, même si je l'estime meilleur que la majorité de la bouillie qu'on nous sert. (Ah, et la fin m'a vraiment fait marrer)


Conclusion:
Une comédie originale sur des thèmes difficiles. Ce n'est certes pas entièrement réussi, le mélange ne prenant pas complètement, mais ça vaut le coup d'oeil.


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