Alors que d'immondes pirates mettent en danger notre sacro-saint petit écran à coup de téléchargements illégaux, un homme, un surhomme que dis-je, se dresse seul pour défendre la ménagère de moins de quarante ans et les CSP+. Ce héros se nomme: El programator.
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vendredi 18 juin 2021

Le voisin

Cela faisait un moment que Netflix me propose cette série et comme je suis faible et influençable un esprit libre et aventureux j'ai dévoré les deux saisons pour vous livrer un petit bilan.


Diffusion sur Netflix : décembre 2019 et Mai 2021
Durée : 10 x 30min saison 1 / 8 x 30min saison 2
Genre : sitcom, super héros
Création : Miguel Esteban, Raúl Navarro
Casting : Quim Gutiérrez, Clara Lago, Adrián Pino
Nationalités : Espagne

Chaîne d'origine Netflix

Synopsis ;

Javier, looser égoïste se voit investi des pouvoirs de gardien du cosmos. Que va-t-il en faire, et surtout, cela lui permettra-t-il de reconquérir son ex : Lola ? 

Critique :


Le voisin est donc une série espagnole parodique sur le thème du super héros. On reprend certain code mais on s'en moque beaucoup vu que le héros est un gros looser qui n'a pour lui qu'une belle gueule et un paquet de mensonges. 

Niveau réalisation, on se retrouve sur du sitcom. L'essentiel de l'action se déroule dans les appartements des héros ou sur la terrasse de l'immeuble. On peut encore sentir l'odeur de la colle des décors à l'image, clairement ce n'est pas par sa réalisation que la série se distingue.

Scénaristiquement, ce n'est pas fou non plus, toute la première saison sert uniquement à construire le super héros ainsi qu'a développer les relations du quatuor Javier, José Ramon, Julia et Lola. C'est d'ailleurs le principal intérêt de la série : ses personnages, une brochette de héros branquignol et tous plus attachants les uns que les autres. Que ce soit l'insupportable Javi, héros obsédé par son image l'utopiste Lola, Lois Lane du pauvre, l'excessive Julia, militante de quartier ou le naif José Ramon, provincial débordé, ils ont tous leurs forces et leurs faiblesses et c'est agréable de suivre ce petit groupe au fil de leur innombrables erreurs. Les acteurs sont tous très bon et j'ai ressenti une véritable jubilation à regarder la série en VO. (il y a un nombre de "puta" prononcé parfaitement jouissif -sans vouloir faire dans la putophobie la série ayant plutôt des valeurs modernes de tolérance-)

La série à également quelques fulgurances comme "la puta policia del Karma" que monte Julia après

avoir écouté Karma police de Radiohead ou le fait que la première saison dénonce les dangers des paris sportifs, une problématique qu'on découvre à peine aujourd'hui en France (alors que la série date de 2019). l'instrumentalisation politique de la saison 2 est également un sujet intéressant, même s'il est là encore traité par dessus la jambe.

D'un point de vue humoristique, ne vous attendez pas à vous rouler par terre, c'est sympathique et ça vous décrochera quelques sourires mais il n'y a pas vraiment de barre de rire à attendre. Même la mauvaise foi de Javi à ses limites.

On en arrive enfin à ce qui est pour moi le plus gros souci de la série : le manque de tension dramatique. Dans une histoire de super héros, le plus important est souvent la menace qu'on lui oppose car c'est ce qui fera qu'on s'attachera pour le héros et qu'on s'inquiétera pour lui. Malheureusement, ici, il n'y a pas de menace. Le début de la saison 2 nous laisse espérer avec l'arrivée du personnage de Tucker mais c'est une belle occasion manquée, ce personnage est probablement ce qui se fait de pire dans la série (on est au niveau Hilgueque dans Salut les Musclés). Il faudra attendre la fin de la saison 2 pour apprendre enfin à quelle menace devront faire face les héros mais ça arrive trop tard et trop mal. En effet, cette menace est impersonnelle alors qu'au contraire dans ce genre d'œuvre il faut quelle soit le plus personnelle possible pour que ça fonctionne. Pas de Batman sans Joker, pas de Superman sans Lex Luthor, pas de Spiderman sans Doc Octopus. De plus, la thématique des paris sportifs lancée dans la saison 1 reste vaguement en filigrane sur la saison 2 mais est loin de prendre l'importance qu'elle aurait pu avoir.

Un gros problème de structure donc, qui fait qu'on a du mal à vraiment se laisser emporter par l'histoire. Enfin, on sent que le thème du super héros n'est qu'un prétexte et que les scénaristes n'ont aucun sens du détail. J'en veux pour exemple l'origine des pouvoirs du super héros. Ils viennent de pastilles qu'il doit avaler. A aucun moment il ne s'inquiète de pouvoir en manquer. Il les gobe comme des smarties alors qu'on voit bien qu'il n'en a pas tant que ça. (au vu de sa personnalité cela pourrait se comprendre mais d'autres personnes bien plus pragmatique que lui ne le mentionne pas non plus)

Niveau effet, on sent la faiblesse du budget, il n'y a quasi aucune scène d'action (pourtant le propre d'une œuvre de super héros) et les maquillages d'extraterrestres sont plutôt laid.

Si la saison 2 donne plus de corps à l'ensemble en développant l'univers et en posant enfin clairement la menace (en cliffhanger de fin de saison) la série est globalement trop lente et manque d'enjeux.

Je regarderais surement la saison 3 car je me suis attaché aux personnages et que ce sera théoriquement la plus prenante mais je doute que la série puisse aller au-delà de cette troisième saison et clairement elle ne me marquera pas beaucoup. Si vous cherchez quelque chose de léger, pas prise de tête, moderne pour vous détendre, c'est peut-être à envisager mais sinon, vous n'aurez pas beaucoup de mal à trouver mieux.



Conclusion :

Une série sympathique mais qui manque d'enjeux.

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