On poursuit les critiques cinéma avec ce film à la bande annonce très prometteuse sur une page d'histoire méconnue de l'entre deux guerres.
Date de diffusion : 22 juin 2020
Durée : 1h 59min
Genre : Biopic, Drame
Réalisation : Agnieszka Holland
Casting : James Norton, Vanessa Kirby, Peter Sarsgaard
Nationalités : Polonais, Britannique, Ukrainien
Synopsis :
1933, un journaliste débutant fasciné par le miracle économique russe décide de braver tous les interdits pour en comprendre la nature exacte. Sa découverte le changera à tout jamais.
Critique :
S'il fallait résumer le film en un seul mot ce serait : holodomor.En toute sincérité je n'en avais jamais vraiment entendu parler et c'est pourtant une page sombre et importante de notre histoire. Je n'en dirais pas plus pour ceux qui voudraient voir le film mais les plus curieux pourront se tourner vers wikipedia.
L'ombre de Staline est donc le nouveau film de Agnieszka Holland, une réalisatrice Polonaise qu'on connait surtout dans nos contrées pour son travail sur des séries cultes comme Sur écoute ou House of card.
Avec L'ombre de Staline, elle s'inspire donc d'une histoire vraie et elle revient sur une période très sombre de l'histoire qu'elle traite comme un polar. Un choix audacieux qui fait à la fois la force et la faiblesse de ce film. Car si les spectateurs se retrouvent avide de savoir comment le personnage va s'en sortir seul contre tous et ce qu'il va vraiment découvrir, ils finiront un peu confus dans la résolution et son retour à la réalité un peu mou. Car il n'y au final pas réellement de climax dans cette histoire. Peut-être la réalisatrice a-t-elle voulu illustrer l’immobilisme du monde face à la situation à l'époque mais cette dernière partie qui aurait dû être explosive pour que l'on ressente pleinement l'horreur de la situation se rendort au contraire comme un vieux chat près du chauffage sursautant parfois au fil de ses songes.
Il faut dire que c'est tout le film qui souffre d'un soucis de rythme. Car, avouons le, fatigué comme souvent, j'ai dû lutter pour ne pas m'endormir dans la partie infiltration qui pourtant devrait être la plus captivante. Je ne vous dirais pas que le film est ennuyeux, ce serait injuste, mais il possède un rythme très particulier, plutôt lent qui, couplé à un aspect très esthétisant, donne une atmosphère morne au film. Là où l'on aurait pu s'attendre à un traitement plus brut pour mettre en avant la violence de la situation, l'on fait face à une mise en image très léchée, très hollywoodienne, avec des effets de style un peu gratuit qui donnent un recul très étrange sur la situation.
Je serais en peine de dire que l'ombre de Staline est un mauvais film, le pitch est brillant, le sujet important, les acteurs très bon, les images magnifiques. Et pourtant, quelque chose ne prend pas. L'implication émotionnelle n'est pas vraiment là, on pourra même être agacé devant cette romance inutile intégrée à la truelle
Niveau casting, comme je le mentionnais plus haut c'est une réussite. Je ne connaissais pas James Norton, que je n'avais du croiser que dans des seconds rôles de série mais il incarne ici à merveille ce journaliste utopiste prêt à tout pour défendre la vérité. Un modèle positif assez rare qui fait plaisir à voir. Vanessa Kirby incarne également à merveille son rôle de journaliste désabusée même si je ne suis pas entièrement convaincu de son utilité (à part pour avoir un personnage féminin, s'entend) et enfin Peter Sarsgaard est aussi puant qu'il sait l'être dans le rôle d'un Pullitzer aux méthodes discutables.
Dans l'ensemble l'Ombre de Staline bénéficie de nombreuses qualités et aurait pu être un film majeur. Pourtant, quelque chose, dans le rythme, dans l'écriture (peut-être aurait-il fallut prendre moins de temps dans la présentation pour s’attarder plus longuement sur la révélation), ne prend pas et l'on se retrouve à suivre le film un peu malgré nous en attendant que ça se termine. C'est d'autant plus dommage qu'il y a vraiment de bonnes idées (comme le parallèle avec la ferme des animaux) mais ça ne suffit pas toujours.
Un film à voir par curiosité ou pour sa culture personnelle mais qui ne vous marquera pas forcément en dehors du drame historique qu'il dénonce.
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