Alors que d'immondes pirates mettent en danger notre sacro-saint petit écran à coup de téléchargements illégaux, un homme, un surhomme que dis-je, se dresse seul pour défendre la ménagère de moins de quarante ans et les CSP+. Ce héros se nomme: El programator.
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lundi 1 février 2021

Cobra Kai saison 1

Cela fait quelques années maintenant que j'entend parler de Cobra Kai, la suite en série du film Karaté kid de 1984. Braqué de nature contre le principe des suites, des prequels et autre reboot (sans parler de l'exploitation de la culture 80) je n'avais jamais prêté attention à cette série et pourtant son nom revenait régulièrement. j'ai finalement craqué et laissez moi vous dire ce que ça vaut vraiment.



Première diffusion : 2018 sur Youtube premium 

Durée : 10 x 27min 
Genre : Drame, Arts Martiaux, Action
Création : Josh Heald, Jon Hurwitz, Hayden Schlossberg
Casting : Ralph Macchio, William Zabka, Tanner Buchanan
Nationalité U.S.A.

Synopsis:

Plus de 30 ans après sa défaite contre Daniel Larusso, Johnny Lawrence n'a toujours pas digéré son échec et celui-ci rythme toute son existence. Sa rencontre avec un ado en manque de figure paternelle va pourtant le mettre sur le chemin de la rédemption en le faisant revenir sur la voie du poing de Cobra Kai.

Critique :


Cobra Kai
est donc la véritable suite du film culte Karaté Kid réalisé en 1984 (et non le reboot de 2010 même si l'on retrouve Will Smith à la production des 2). On y suit principalement les aventures de Johnny Lawrence, le méchant du film original. On y découvre que, 30 ans plus tard, sa défaite retentissante lors du tournoi de Hill Valley l'a marqué si profondément que sa vie est devenue une succession d'échecs dont il n'arrive pas à s'extraire. On retrouvera donc les acteurs originaux du film, et la série se verra ponctué d'extraits qui serviront de flashback pour renforcer la psyché des personnages. Nul besoin d'avoir vu Karaté Kid pour apprécier la série et pourtant c'est un véritable plus car ce qui fait la force de Cobra Kaï c'est de raconter l'envers du décors.

Nous avons tous déjà vu des milliards de films comme Karaté Kid. Un jeune garçon mal dans sa peau

qui se fait harceler à l'école mais réussi à suffisamment prendre confiance en lui pour surpasser l'adversité et s'accomplir. On pourrait presque coller ce pitch sur Harry Potter. Mais l'intérêt de Cobra Kaï c'est de nous raconter l'histoire que nous ignorons. Comment on devient un harceleur, pourquoi, et quelles sont les conséquences ?

Derrière la blague, il y a un véritable propos de société et une véritable intelligence d'écriture. Cobra Kai démonte le cercle de la haine, la série illustre comment la vengeance, aussi légitime qu'elle paraisse ne fait qu'alimenter un feu qui consumera tout le monde sur son passage. Rien de bon ne nait de la violence et de la haine et c'est assez fort de montrer ça en parlant d'un sport de combat.

Au niveau de l'équipe créative, on s'étonnera de trouver des noms plutôt inconnu et au palmarès peu glorieux (American pie 4) et il faudra s'intéresser à l'ensemble de l'équipe d'écriture pour commencer à voir des profils plus intéressant comme celui de Jennifer Celotta (Malcolm, The Newsroom, Space force. the Office, etc). Cette équipe improbable réussi pourtant à construire une série bien huilée où se mélange film de combats, soap et comédie dans un ensemble très feelgood.

Une partie de l'intérêt de la série repose bien évidemment sur les personnages. On s'attachera immédiatement aux yeux de chien triste de ce looser magnifique qu'est Johny Lawrence. L'acteur n'a jamais vraiment brillé par sa filmographie mais il est très bien dans ce rôle d'américain moyen. On notera d'ailleurs une belle illustration des ravages du patriarcat et du masculinisme toxique, le personnage n'ayant de cesse de se débattre avec les concepts qu'on lui a fait entrer dans le crâne enfant et qui lui pourrissent la vie aujourd'hui. A ses côtés, Xolo Mariduena incarne le candide, l'ado innocent et plein de bonne volonté. Le duo fait des étincelles, la fraicheur de l'adolescent contrastant délicieusement avec l'aigreur de l'adulte. Le reste du casting est tout autant plaisant, on retrouvera bien entendu Ralph Macchio LE Karaté Kid et plusieurs personnages féminin bien campé comme Courtney Henggeler dans le rôle de sa femme, un personnage particulièrement positif, et Mary Mouser dans celui de sa fille plus bad-ass qu'on pourrait le croire.

J'en profite pour mentionner au passage la grande diversité de personnages que ce soit en terme de couleur de peau ou de morphologie, il n'y a guère que les genre non binaire qui ne soient pas représentés mas il faut déjà salué l'effort.

Visuellement, rien de très marquant, la réalisation est propre mais pas particulièrement signifiante. Toutefois les décors sont variés et les extérieurs bien choisie pour produire de belles images. On notera, évidemment, un foisonnement de combats variés et de qualités. 

J'ai donc assez peu de reproches à faire à cette première saison, (peut-être la temporalité un peu aléatoire parfois et des acteurs compétents mais pas exceptionnels) elle est redoutablement bien construite en miroir du film, on suivra donc la formation de Miguel jusqu'à son premier tournoi.  En parallèle, les scénaristes plantent les premières graines des péripéties à venir dans les prochaines saisons. Le cliffhanger du dernier épisode est très parlant en ce sens puisqu'il apporte une touche de noirceur que la série avait évité jusqu'alors en restant très feel good.

Les épisodes s'enchaine sans difficulté, c'est le genre de série qu'on prend plaisir à binger et on aurait tort de se priver. La semaine prochaine, je vous parle de la saison 2 pour voir si le niveau reste le même.



Conclusion :

Brillant. L'idée est aussi remarquable que sa réalisation. A travers les yeux de Johny Lawrence, les scénaristes illustrent le fait que nous sommes tous les héros de notre histoire et potentiellement le méchant de celle d'un autre. C'est drôle, émouvant, intelligent, une série feel good à voir absolument.

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