Alors que d'immondes pirates mettent en danger notre sacro-saint petit écran à coup de téléchargements illégaux, un homme, un surhomme que dis-je, se dresse seul pour défendre la ménagère de moins de quarante ans et les CSP+. Ce héros se nomme: El programator.
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jeudi 28 novembre 2019

Les misérables

Puisqu'un film a réussi à émouvoir le cœur de notre grand président (j'aimerais que ceci soit une blague), il fallait absolument que je le vois pour me faire un avis, voici donc la critique des misérables (de vaguement Victor Hugo)





Date de sortie : 20 novembre 2019
Durée : 1h 42min
Réalisateur : Ladj Ly
Casting : Damien Bonnard, Alexis Manenti, Djebril Didier Zonga
Genres : Policier, Drame
Nationalité : Français

Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs

Synopsis :

Nouveau venu dans la Brigade Anti-Criminalité de Montfermeil, Stéphane va devoir faire équipe avec deux vieux briscard aux méthodes qu'il réprouve. Dans ce climat de tension, une opération va dégénérer et se retrouver filmer par un drone. Une situation explosive pour les trois policiers qui vont tout tenter pour se couvrir.

Critique :

Alors, il n'y a bien évidemment aucun lien entre ce film et le roman de Victor Hugo si ce n'est une comparaison habile, le réalisateur faisant comprendre en utilisant ce titre que rien n'a vraiment changé depuis que Victor Hugo à écrit son roman à Montfermeil. L'histoire est assez classique un nouvel élément intègre un groupe et tout ne se passe pas comme prévu. Les petits plus : on s'intéresse à la banlieue avec objectivité, on y voit ainsi ses dangers mais aussi sa richesse (ce qui est plus rarement montré). On sent que le réalisateur connait son sujet et a envie de le partager. On met également en avant la BAC, une unité de police dont on entend en général surtout parler dans des reportages sur TF1 pour vanter son efficacité. Pourtant depuis 1 ans les Gilets Jaunes ont pu goûter de cette légendaire efficacité et découvrir des policiers aux méthodes plus que discutable. (l'allusion aux cowboys dans la bande annonce est tout sauf hasardeuse).
Au niveau de la réalisation c'est très efficace. Ladj Ly s'est formé  l'école du documentaire, c'est donc caméra au point qu'il avance dans le film pour le rendre le plus vivant possible. On pourra d'ailleurs penser à ces reportage sur TF1 ou la caméra suit les policiers au plus près dans leur investigation mais avec une qualité d'image nettement supérieure et d'autres parti pris. Le rythme est très maîtrisé et le film monte
progressivement en tension jusqu’à ne plus lâcher le spectateur. Loin des clichés de banlieue le réalisateur nous livre un film sur la banlieue qui n'a pas l'air d'être de la banlieue. On n'entendra par exemple pas de rap, et on ne retrouvera aucun poncifs de la streetculture même dans les dialogues. Je ne dirais pas que c'est "polissé" mais c'est un peu l'impression que ça donne. Alors, ça ne gène en rien la lecture du film, bien au contraire puisqu'il en devient plus accessible au grand public, et probablement à ceux qui doivent vraiment voir ce film, mais on pourra tiquer de cette autocensure.
Constitué principalement d'inconnus le casting nous propose toutefois un très bon niveau d'acting, même les enfants sont crédible dans des situations pas toujours facile. A noter qu'Alexis Manenti joue le connard à la perfection, on prend vite plaisir à détester son personnage de flic raciste et corrompu.
Au niveau de l'histoire, c'est plutôt crédible et le propos du réalisateur est assez clair. Je regrette personnellement le phénomène du "méchant flic" car contrairement à ce qui semble être l'un des objectifs, le film pourrait donner l'impression que les dérives policières ne serait le fait que de très rares individus isolés oubliant le fait qu'on parle d'une institution et que comme telle ses membres se couvrent par effet de corporation. Le film l'évoque rapidement dans une phrase qu'on entend au début de la bande annonce "sans cohésion pas d'équipe et sans équipe on est seul" bref il faut parler d'une seule voix. Il le matérialise aussi dans l'histoire avec son trio de personnage mais visuellement le fait que la police ne soit incarné que par 3 personnes alors que la banlieue est portée par plus d'une centaines de personnes crée un contraste qui dessert le propos à mon sens(car le cinéma c'est avant tout l'art de l'image). Dommage que cette influence du corporatisme ne se fasse plus sentir par la suite et c'est probablement aussi dû à son choix de fin qui ne me convient pas entièrement.(même si je le comprend et le respecte
Dans tous les cas, Les misérables est un film utile, rappelant les dérives de notre société et appelant à y réfléchir. Je conseillerais en complément de jeter un œil à l'excellent Banlieusards sur Netflix qui offre un regard tout aussi riche. En peu de temps nous avons droit à 2 films sur la banlieue par des gens vraiment légitime pour en parler, ce serait dommage de se priver.

Dans tous les cas, je me réjouis qu'un film pareil puisse finir en salle et j'espère vraiment qu'il aura le succès qu'il mérite et permettra de faire évoluer les mentalités.


Conclusion :

Un très beau film qui permettra surement au grand public trop abreuvé de bfm et tf1 de découvrir la banlieue et sa complexité.

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