Alors que d'immondes pirates mettent en danger notre sacro-saint petit écran à coup de téléchargements illégaux, un homme, un surhomme que dis-je, se dresse seul pour défendre la ménagère de moins de quarante ans et les CSP+. Ce héros se nomme: El programator.
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lundi 18 décembre 2017

A ghost Story

Il y a peu, je vous parlais du PIFFF, je n'ai pas eu l'occasion de suivre le festival mais j'ai eu la chance de participer à la soirée d'ouverture (pour voir le très beau nouveau court métrage d'Anais Vachez ) et ainsi de découvrir A ghost story. Je n'avais jamais entendu parler de ce film, c'était donc une découverte complète et je suis content de pouvoir en parler avec vous aujourd'hui avant la sortie du film mercredi.





Date de sortie 20 décembre 2017
Durée : 1h 32min
Réalisateur : David Lowery
Casting : Casey Affleck, Rooney Mara, McColm Cephas Jr.
Genres : Drame, Fantastique
Nationalité : Américain


Synopsis:

Incapable de se décider à quitter sa maison, un homme récemment décédé va se retrouver à hanter sa femme. Le temps n'ayant plus d'emprise sur lui, il traverse l'existence des propriétaires successifs de sa maison à la recherche de ce qui donnera un sens à son existence et à sa mort.

Critique:

A Ghost Story est le troisième film de David Lowery après Les amants du Texas et Peter et Elliott le dragon, autant dire que les attentes n'étaient pas énorme face à ce projet plutôt singulier. Film fantastique minimaliste et poétique, il s'agit d'une réflexion sur l'existence et ce qui nous pousse à vivre.  Un film atypique donc, et qui donne à réfléchir.
La première chose qu'on note sur ce film, c'est son originalité. Il fourmille de bonnes idées et de choix de réalisation très tranchés. On notera par exemple le format de diffusion 4/3 qui donne une dimension très nostalgique et renforce l'aspect mélancolique par son côté diapositive très daté. Le choix du costume du fantôme également fait beaucoup pour l'ambiance. Outre le fait de déshumaniser le personnage, il instaure une dimension presque enfantine et légère qui renforce la poésie du propos. Et c'est vraiment cette poésie qui porte le film. Le réalisateur soigne la majorité de ses plans pour en faire de véritables tableaux et les substituer aux dialogues. Une très belle réalisation donc, minimaliste mais diablement percutante. Le tout est accompagné d'une bande son très réussie comme vous pouvez déjà le voir dans la bande annonce qui là encore imprègne l'histoire d'une profonde tristesse.
Concernant les acteurs, ils sont très justes, le couple Casey Affleck (Les brasiers de la colère, Gone Baby gone, etc) et Rooney Mara ( Her, the social network, etc) est vraiment touchant et l'actrice s'illustre même dans une scène très physique malheureusement l'une des plus insupportable du film. Mais au final, le réalisateur réussit à donner plus de force à ce simple drap qu'a ses acteurs ce qui est un vrai tour de force. Bien sûr, sans un attachement initial du spectateur pour les personnages, nous ne serions pas autant touché par ce fantôme/drap donc cet intérêt leur doit tout de façon indirecte.
Avec autant de qualités, on pourrait croire que A ghost story est le film à voir du moment mais ce serait oublier LE gros point négatif du film : son rythme.
Le réalisateur prend vraiment tout son temps pour raconter une histoire qui pouvait tenir dans un court métrage de 30 minutes et cela donne des longueurs vraiment insoutenables. On notera la plus évidente : le plan séquence de "mangeage de tarte" le plus long du monde. Une scène d'une longueur intolérable qui  éprouvera les plus endurants d'entre vous. Et c'est malheureusement ce rythme qui fera le plus de mal au film. Là où il aurait pu connaitre un grand succès populaire au vu de la qualité de l'ensemble et de l'universalité du propos, ces longueurs lui seront fatales car insupportable pour la majorité du public. D'autant qu'il reste un autre problème. Si le choix du drap pour symboliser le fantôme est une bonne idée en théorie, la pratique montre toutefois quelques inconvénients. Premier défaut : à déshumaniser le personnage principal on en perd l'attachement sentimental avec le public. Impossible de lire ses émotions, de vraiment comprendre ce qu'il veut, le spectateur se retrouve donc à devoir subir et conjecturer. Et cette distance rallonge d'autant plus la sensation de longueur. Pire, certaines scènes qui se veulent "violente" en devienne ridicule notamment parce qu'elles évoquent d'autres fictions volontairement humoristique (je vous renvoie notament sur ce magnifique sketch seule raison valable de l'existence de paranormal activity).
Est-ce que le film vaut la peine de passer outre ces longueurs ?
Oui, clairement car c'est un très beau film. Il réservera même quelques surprises aux moins attentifs (les cinéphiles avertis grilleront un peu rapidement les diverses ficelles) mais surtout, il offre une conclusion satisfaisante avec une fin extrêmement émouvante.
S'il n'est pas sans défauts, A ghost story est un film rare qui vous touchera profondément si vous vous laissez porter et acceptez d'oublier le temps l'espace d'un film. A l'heure où les films sont de plus en plus standardisé et calibré, A ghost story apparaît comme une rafraîchissante initiative, un espoir anticonformiste. On regrettera tout de même certaines longueurs mais ça n'en reste pas moins une belle découverte.


Conclusion:

Un beau film, très poétique mais qui souffre d'abominables longueurs qui perdront une grande partie du public.




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