Alors que d'immondes pirates mettent en danger notre sacro-saint petit écran à coup de téléchargements illégaux, un homme, un surhomme que dis-je, se dresse seul pour défendre la ménagère de moins de quarante ans et les CSP+. Ce héros se nomme: El programator.
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lundi 27 novembre 2017

Carbone

En ce moment, je m'écoute en boucle le dernier album d'Orelsan. Du coup, quand j'apprend que son acolyte Gringe joue dans un film d'Olivier Marshal, je me sens comme un devoir d'aller constater le résultat de mes yeux. Le rappeur qui voulait être acteur fait-il bien de changer de milieu ? Voyons cela.




Date de sortie 1 novembre 2017
Durée : 1h 44min
Réalisateur : Olivier Marchal
Casting : Benoît Magimel, Gringe, Idir Chender
Genre : Policier
Nationalité : Français

Synopsis :

Sur le point de perdre son entreprise de transport, un pdg se lance dans une arnaque financière pour redresse la barre. Forcé de faire appel à de vrais truands, cet homme ordinaire met le doigt dans un engrenage qui ne pourra qu'avoir des conséquences désastreuses pour lui et ses proches.

Critique :

Olivier Marshal est un réalisateur que j'aime beaucoup. Je garde un souvenir ému de ma découverte de 36 quai des orfèvres brillant polar sur la guerre des polices mais aussi de sa saison de Braquo ou de Section Zero. Il nous revient aujourd'hui avec un film assez classique qui recèle toutefois quelques surprises. Grand habitué des histoires policières du fait de son ancien métier, le réalisateur réussit cette fois à se renouveler en traitant un scénario auquel il n'a pas participé. Il est ici question d'intrigue financière basée sur une histoire vraie, une idée brillante traitée malheureusement de façon superficielle et rapidement l'aspect économique se révèle un macguffin justifiant  une énième histoire de gangster.
C'est dommage car le potentiel scénaristique était certain rappelant l'excellent ma petite entreprise et son patron acculè obligé d'enfreindre la loi pour résister à un système injuste. Au contraire, ici l'histoire suivra une trajectoire plus classique avec ses montages en musique pour nous montrer l'évolution de l'arnaque sans risquer d'être chiant, ses références à Scarface parce que c'est cool et ses règlements de compte en moto. Rien de rédhibitoire pour apprécier mais rien de très novateur non plus dans ce film qui donne l'impression d'avoir été vue mille fois. Les rares points apportant de l'originalité n'étant traités que superficiellement, l'impression se fait vite sentir que le scénariste a voulu trop en raconter et se perd un peu en ne racontant finalement pas grand chose. Le personnage de Laura Smet typiquement n'apporte rien au film et son traitement fini même par devenir ridicule et pesant.(il aurait probablement mieux valu donner plus d'importance à la femme du héros)
Au niveau du casting, on se retrouve avec quelque chose de très perturbant et dont je me remet encore difficilement. Dans le premier rôle, Benoît Magimel (Cloclo, Les petits mouchoirs, etc) fait du Benoît Magimel. J'avoue ne pas aimer cet acteur je suis donc bien en peine de le juger. Autant la première partie en mode patron d'entreprise fonctionne à peu près, autant je le trouve insupportable en rebelle mafieux. A ses côtés on retrouve Michaël Youn (Fatal, la beuze, etc) dans le rôle d'un comptable. Vous avez bien lut : Michaël Youn. Contre toute attente, ça passe mais ça n'en reste pas moins difficile à accepter. On notera encore Gérard Depardieu (Vidocq, le dernier métro, etc) dans un rôle plutôt efficace d'abominable capitaliste ou Laura Smet dans le pire rôle du film. Ce n'est pas de sa faute, l'actrice joue très bien, c'est juste que l'histoire du personnage est inepte et totalement superflu. Enfin, un petit mot sur Gringe dont le plus grand tort est de ne pas apparaître assez à l'écran. Le rappeur est très juste, tout en mesure. C'est le personnage le plus sympathique du film et très clairement il aurait mérité un rôle plus riche.
Niveau réalisation, Olivier Marchal sait y faire, c'est bien rodé, il n'y a pas grand chose à redire là-dessus je regretterais juste le manque d'intensité des dernières scènes entre Depardieu et Magimel, c'est tellement expédié qu'on a l'impression que la production n'avait plus de quoi payer les acteurs.
Je terminerai avec un petit mot sur la bande son, à mon grand plaisir elle contient un morceau d'Orelsan, l'excellent suicide social, qui impose très vite un cadre bien lourd au film tout en posant une ambiance assez différente de ce dont on à l'habitude pour ce genre de film. Quelques autres morceaux de rap viendront rythmer l'histoire, pas toujours aussi évident que celui-ci mais permettant une certaine homogénéité.
Vous l'aurez compris, Carbone possède de nombreuses qualités et aurait pu trôner dans les meilleurs films du réalisateur. Toutefois un certain classicisme finit par rendre l'ensemble très commun et sans grand intérêt. Pas un mauvais film donc mais rien d'extraordinaire non plus.



Conclusion :

Un pitch intéressant, une réalisation efficace mais un film trop confus pour emporter vraiment le spectateur.




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