Alors que d'immondes pirates mettent en danger notre sacro-saint petit écran à coup de téléchargements illégaux, un homme, un surhomme que dis-je, se dresse seul pour défendre la ménagère de moins de quarante ans et les CSP+. Ce héros se nomme: El programator.
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lundi 6 novembre 2017

Au revoir là-haut

4 ans, il aura fallut attendre 4 ans avant de retrouver l'excellent Dupontel derrière la camèra. Mais pour l'occasion, il fait les choses en grand, après le remarquable 9 mois ferme il nous revient avec un film très ambitieux, trop peut-être, c'est ce que nous allons voir.






Date de sortie 25 octobre 2017
Durée : 1h 57min
Réalisateur : Albert Dupontel
Casting : Nahuel Perez Biscayart, Albert Dupontel, Laurent Lafitte
Genre : Comédie dramatique
Nationalité : Français

Synopsis :

Edouard et Albert ont survécu à la première guerre mondiale, mais à quel prix ?
Désormais inadaptés à la vie civile, ils décident de monter une arnaque aux monuments aux morts pour se venger de cette société qui les rejette.

Critique :

Depuis le fabuleux Bernie, j'ai toujours porté beaucoup d'attention au cinéma d'Albert Dupontel ( Enfermés dehorsLe vilain, etc). L'ancien comique a vite fait montre d'un style très personnel, ce n'est d'ailleurs pas sans raison que Terry Gilliam a déjà accepté de faire des apparitions dans les films du réalisateur français à plusieurs reprises. Dupontel est un cinéaste rare, un artiste à la fois modeste dans ses objectifs et très ambitieux dans leur réalisation.
Avec Au revoir la-haut, le réalisateur passe un cap dans sa carrière en s'attaquant à un film très complexe et un budget conséquent.
La bande annonce frappait très fort et annonçait un univers aussi fou qu'habituellement mais cette fois complètement démesurée (costume, foule, bataille, etc), une oeuvre à la hauteur d'un Caro et Jeunet (La cité des enfants perdus, un long dimanche de Fiançailles, etc). Mais on commence à connaitre le problème des bandes annonce, il s'agit souvent de publicités mensongères peu révélatrice du contenu réel d'un film.
Et c'est malheureusement un peu le cas ici.
Si on retrouve bien les moments de folie très réjouissants de la bande annonce, ils ne sont que d'infimes parenthèses dans l'ensemble d'un film qui se veut beaucoup plus conventionnel.
Alors, entendons nous bien, ça reste très impressionnant. Cela fait un moment que Dupontel a pris le goût des mouvements de caméra, il nous avait d'ailleurs gratifié d'un plan séquence très impressionnant dans 9 mois ferme et cette fois encore le réalisateur se fait plaisir mais dans des scènes bien plus spectaculaires. Pour un premier film à gros budget, le réalisateur ne s'est pas laissé déborder et il a réussi a proposer un univers cohérent et très visuel original. Le tout soutenu par un casting particulièrement bon avec Laurent Lafite ( Elle, etc) décidément parfait dans le rôle du séduisant manipulateur sans remord, mais aussi Niels Arestrup (Un prophète, etc) toujours impeccable dans le rôle de l'homme puissant et bien sûr, la découverte Nahuel Perez Biscayart dans le rôle de la gueule cassée, de l'artiste brisé. Un rôle d'autant plus compliqué que l'acteur doit s'exprimer plus par le corps et les yeux que par le visage et la parole. Un véritable challenge qu'il remporte haut la main (avec l'aide toutefois des masques tous plus beaux les uns que les autres). Le casting féminin est également de haut vol avec
Emilie Dequenne (Les hommes du feu, Mobius, etc), Mélanie Thierry (Zero Théorem, La princesse de Montpensier, etc) et la jeune Héloïse Balster, même si on pourra une fois de plus reprocher qu'il ne s'agisse que de rôles de second plan sans réels enjeux pour l'histoire (mais c'est probablement inhérent au livre dont le film est adapté). Le vrai regret pour moi réside dans le rôle de Dupontel qui malheureusement joue Dupontel. Il incarne un rôle dans lequel on l'a déjà vu mille fois sans y apporter grand chose de plus et ça se révèle très frustrant pour un habitué comme moi. Il ne joue pas mal pour autant c'est juste que ça manque d'originalité et ça ne fait que renforcer un autre problème : le classicisme.
Si la trame de l'histoire est extrêmement forte avec des moments de poésie rares comme on peut le voir dans la bande annonce, la narration est d'un classicisme éculé si bien qu'on suit l'histoire sans jamais se laisser prendre au jeu ni même être vraiment ému. Il n'y a pas de réels enjeux et là où le film aurait pu être palpitant ou mystérieux sous un autre angle narratif, il s'avère juste convenu.
Je ne condamne pas le film pour autant, il lui reste suffisamment de qualité pour en faire un bon film, c'est juste que si Dupontel s'était laissé aller autant dans ce film que dans les précédents nous aurions clairement eu affaire à un chef d'oeuvre, une charge émotionnelle rare au lieu d'un sous un long dimanche de fiançaille.
Pour autant, je recommande chaudement ce film. D'une part parce que du "mauvais" Dupontel ça restera toujours meilleur que la majorité de ce qui se produit au cinéma et d'autre part parce qu'avec ce nouveau film le réalisateur prouve qu'il est tout à fait capable de se frotter à une grosse production et son prochain film, s'il est plus personnel, pourrait bien s’avérer époustouflant.

Note : Je rêve d'une exposition des masques, Cécile Kretschmar a fait un travail remarquable.


Conclusion :

Un très beau film dans lequel Dupontel confirme qu'il est un des plus grands réalisateurs Français contemporain. On regrettera tout de même qu'en se frottant à une histoire aussi ambitieuse le réalisateur ait perdu un peu de sa folie et livré un film trop conventionnel.

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