Alors que d'immondes pirates mettent en danger notre sacro-saint petit écran à coup de téléchargements illégaux, un homme, un surhomme que dis-je, se dresse seul pour défendre la ménagère de moins de quarante ans et les CSP+. Ce héros se nomme: El programator.
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lundi 10 mars 2014

Jack et la mécanique du coeur

A mes yeux Dionysos fait tout simplement partie des meilleurs groupes de rock français. Impossible dès lors de ne pas aller voir un film adapté de l'un de leurs albums. Ça aura pris le temps mais voyons ensemble si ça en valait la peine.





Date de sortie: 5 février 2014
Durée: 1h34min
Réalisation: Stéphane Berla, Mathias Malzieu
Casting: Mathias Malzieu, Olivia Ruiz, Grand Corps Malade
Genre: Aventure , Drame , Animation
Nationalité: Français

Synopsis:
Édimbourg 1874. L'hiver est tellement froid qu'un enfant né le coeur gelé. Recueilli par l'étrange Docteur Madeleine, l'enfant ne devra la vie qu'a un curieux bricolage et une horloge qui lui servira désormais de coeur. Des années plus tard, le jeune Jack découvrira le grand amour, un sentiment qui mettra son fragile petit coeur en danger mais pour lequel il sera prêt à traverser le monde et risquer sa vie.

Critique:
A l'origine du film qui nous intéresse aujourd'hui, il y a un album de Dionysos: "La mécanique du coeur" une oeuvre singulière, un album concept qui racontait une histoire et multipliait les guests. L'album enchainait les morceaux cultes variant les influences et passant de la pop, au rock ou au flamenco sans états d'âmes. Inutile de dire qu'il s'agit de mon album préféré du groupe, voir d'un de mes albums préférés tout court. Mathias Malzieu y faisait preuve de tout son talent, tant dans l'écriture que dans l'interprétation, en nous offrant une large palette de sentiment. Suite à ça, sortit le roman, un petit livre de 177 pages nous racontant par le menu l'histoire qu'on pouvait deviner dans l'album. Et j'avoue avoir été déçu à l'époque. Certes, le livre recelait de bonnes choses mais la narration ne m'avait pas satisfait, pas plus que l'histoire
qui répondait, parfois mal, à des questions que je n'avais pas eu à me poser en écoutant l'album. Tout n'était pas à jeter, loin de là, mais ça me semblait bancale.
Alors forcément, ce n'est pas sans appréhension que je voyais sortir en salle l'adaptation du roman et, crevons l'abcès de suite, je suis également déçut. Le problème est le même dans les deux cas, l'histoire n'a rien de passionnante et on ne s'attache pas vraiment aux personnages. L'ensemble est traité un peu à la manière d'un conte ce qui justifie qu'on ne s'attache pas forcément aux détails privilégiant l'ambiance, mais ces mêmes détails auraient pu rendre l'histoire vraiment forte. S'il n'y avait la puissance des musiques et des textes de Dinonysos, je doute que le film toucherait vraiment, on resterait de marbre devant cette histoire à la fois décousue et cousue de fil blanc.
Autre point qui me dérange vraiment: la cible. En effet, si je peux tout à fait le comprendre d'un point de vue marketing (les dessins animés c'est pour les enfants...sic), je n'admet pas, d'un point de vue artistique, que le film ait été destiné aux enfants. L'univers de "la mécanique du coeur" est sombre et adulte, c'est ce qui en fait sa force. On n'y parle pas que d'amour, on parle aussi de sexe et de mort. Mais ici, pour être tout public et plaire aux plus petits, on édulcore, on biaise. Le propos est toujours là, mais s'avance masqué, tiède, et fait perdre de la force à l'ensemble.
Mais bon, ne jetons pas le bébé avec l'eau du bain, le film est loin d'être un désastre complet. Dans un premier lieu déjà, il est magnifique. L'univers visuel, s'il évoquera immanquablement Burton et l'expressionnisme, est très réussie et les personnages, s'ils sont un peu lisse, n'en reste pas moins touchant et attachant. C'est beau, c'est créatif, c'est bien animé, la réalisation est vraiment plaisante avec quelques bonnes idées (comme l'impressionnante scène du train accordéon)
Le doublage est également une grande réussite puisqu'on retrouve certains des grands noms qu'on
trouvait déjà sur l'album. Qu'elle joie immense que d'entendre Jean Rochefort dans le rôle de Meliês où le regretté Alain Bashung au détour d'un Wagon. Qu'elle joie aussi que de retrouver Olivia Ruiz et sa fraicheur pour incarner Miss Acacia, ou Grand Corps Malade dans le rôle du sinistre Joe. Un beau casting donc, mais pas sans fausse note. En effet, si Mathias Malzieu passe assez bien dans les parties parlées du film, cela devient un peu ridicule dans les parties chantées car le petit garçon qu'il incarne se retrouve alors avec une voix beaucoup trop grave et puissante pour que ça reste crédible. Erreur aussi, le traitement fait sur la voix de Babet dans le rôle des Jumelles et rendant celles-ci irritantes au plus haut point.
Dans les détails plaisant, on notera également les clins d'oeil au groupe, comme le fait que Jack devienne le sosie de Mathias Malzieu en vieillissant ou qu'un passage du film évoque un concert des Dionysos.
Alors, faut-il aller voir ce film? Je dirais oui, car au pire il se savoure comme un long clip, on ne profite pas de l'histoire mais on déguste ses musiques et la beauté de ses images. Et puis, il y a beaucoup d'amour derrière ce projet, beaucoup de passion et ça se respire suffisamment pour lui laisser sa chance durement mérité.



Conclusion:
Est-ce que je peux être objectif vis à vis de ce film ? Difficile à dire, je suis un fan absolu de l'album et mes attentes étaient forcément démesurées. Si je dois reconnaitre d'énormes qualités au film (visuelles et musicales essentiellement) je trouve aussi qu'il ne fonctionne pas vraiment et qu'on s'y ennuie un peu. Ça vaut le coup d'oeil donc, mais ça aurait pu être encore meilleur.

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