Alors que d'immondes pirates mettent en danger notre sacro-saint petit écran à coup de téléchargements illégaux, un homme, un surhomme que dis-je, se dresse seul pour défendre la ménagère de moins de quarante ans et les CSP+. Ce héros se nomme: El programator.
(retrouvez la sélection télé chaque midi sur la page facebook)

mardi 21 janvier 2020

Brooklyn affairs

J'avais très envie de voir ce film à sa sortie mais il vient seulement d'être projeté dans mon petit cinéma de banlieue, du coup voyons donc un mois après tout le monde ce que ce deuxième film d'Edward Norton plutôt bien reçu par la critique a vraiment dans le ventre.





Sortie en salle : 4 décembre 2019
Durée : 2h 25min
Genre : Policier, Drame
Réalisateur : Edward Norton
Casting : Edward Norton, Gugu Mbatha-Raw, Alec Baldwin
Nationalité : Américain

Synopsis:

New york, 1950, Lionel Esrog, affligé du syndrome de la tourette est un petit détective au service de son idole Franck Minna. Lors d'une affaire qui tourne mal, Lionel est témoin de l’assassinat de son patron. Choqué d'avoir perdu celui qu'il considère comme un père, le détective se met en traque des responsable en essayant de démêler les tenants d'une affaire qui le mènera dans les plus hautes sphères du pouvoir.

Critique :

Le moins qu'on puisse dire c'est que la bande annonce de Brooklyn affairs était séduisante. Après une comédie romantique exigeante il y a 20 ans (au nom d'Anna) Edward Norton (Birdman, Moonrise Kingdom, fight club, etc) nous revenait avec un film noir qui avait tout l'air d'être dans la droite lignée d'un Chinatown ou des grands classiques comme le Faucon Maltais. Et il faut reconnaître que dès les premières minutes, le réalisateur nous plonge dans une reconstitution savoureuse et prenante. Le casting n'y est pas pour rien, que ce soit Bruce Willis en patron charismatique, Edward Norton en handicapé idéaliste ou Ethan Suplee, Bobby Cannavale et Dallas Roberts en détectives on se retrouve avec une belle brochette de gueules et du bon niveau de jeu. Si à ça on ajoute Alec Baldwin, Willem Dafoe et Gugu Mbatha-Raw là le choix des acteurs touche au génie et c'est un vrai régal de les voir interagir à l'écran.
D'autant que les images sont magnifiques, si j'exclu la scène de gare que j'ai trouvé un peu artificielle, les compositions de plans sont superbes et vivantes avec quelques transition qui renforcent ce travail de l'image et des fondu enchaînés très marquant (surtout celui du pont).
Les images ne seraient rien sans une bonne bande son et on pourra ici savourer le travail de Daniel Pemberton (Yesterday, Spiderman New generation, etc) dans une approche très jazzy, un choix classique mais très efficace rehaussé par l'ajout d'un superbe morceau de Thom York.
La forme est donc très réussie mais qu'en est-il du fond ?
Déjà on pourra apprécier la modernité de l'écriture : choisir un personnage principal comme Lionel Esrog n'est pas courant, outre son handicap c'est un personnage pacifiste et bienveillant, sa relation avec Laura est ainsi un modèle du genre, quelque chose qu'on ne voit que trop rarement au cinéma. Si les thématiques ne sont pas neuves, surtout dans ce genre de film, elles n'en restent pas moins traitées habilement et résonnent avec l'actualité.

Nous sommes donc sur un sans faute ? Brooklyn Affairs est le film de ce début d'année ?
Malheureusement non, car malgré ce concert d'éloges et tous les compliments que j'ai envie de faire à ce film, je ne peux pas ignorer à quel point le classicisme de cette histoire renforce la longueur de l'ensemble. Je n'irais pas jusqu’à dire que je me suis ennuyé (pourtant en 2h30 j'aurais pu) mais je n'ai jamais vraiment été emporté par le film tant tout semblait convenu. Il y a bien une surprise, un retournement de situation, mais pour tout dire à plus de deux heures de films, je n'en avais plus grand chose à faire d'autant que même si elle c'est logique, ce n'est pas très impressionnant en tout cas pas assez pour justifier la longueur de l'enquête.
Mon autre regret concerne le handicap du personnage principal. Il est globalement très bien traité, il
n'est ni ridicule, ni pitoyable, juste différent. Il s'agit du bon côté du traitement de ce handicap, une manière d'intégrer sobrement un personnage différent. Non, mon regret concerne le manque d'inventivité concernant ce handicap. Le film passe ses deux heures à nous expliquer que Lionel pense différemment, que son cerveau fait sans cesse des connexions bizarres mais en dehors du fait qu'on nous le dise, on ne le voit jamais. Une enquête était pourtant le moment idéale pour voir ces connexions à l'oeuvre, cela aurait pu donner l'occasion de mise en scènes riches. Mais aucun risque n'a été pris sur ce point. Même l'utilisation récurrente de drogue par le personnage principal n'a quasi aucun impact sur la réalisation.
J'avoue éprouver beaucoup de regret pour ce film. On y sent une volonté de bien faire, et formellement c'est plutôt réussi. Mais il est difficile de mettre de côté un manque d'originalité, de créativité, qui fait de Brooklyn affairs un gros matou ronronnant. C'est un bon film mais loin d'être inoubliable.

Conclusion :

Pour une première fois, c'est plutôt réussi, Edward Norton nous livre une lecture moderne d'un genre très classique. On regrettera juste le trop grand classicisme de l'ensemble qui donne l'impression d'avoir tout déjà vu mille fois.

pour l'anecdote, Norton tenait absolument à reconstituer une gare qui n'existe plus. Personnellement c'est la scène que j'ai trouvé la moins réaliste, la femme avec ses valises et le couple qui s'embrasse ajoutant beaucoup à l'aspect artificiel de l'ensemble.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire