Allez, on va faire une petite pause dans mon cycle de cinéma Français pour critiquer le nouveau film d'un réalisateur que j'adore et dont je ne rate jamais un film.
Date de sortie 17 octobre 2018
Durée : 2h 35min
Réalisateur : Lars von Trier
Casting : Matt Dillon, Bruno Ganz, Uma Thurman
Genres : Drame, Thriller
Nationalité : Danois
Interdit au moins de 16 ans
Synopsis :
Dans les années 70, Jack, un architecte frustré devenu ingénieur se lance accidentellement dans une carrière de tueur en série. Au travers de 5 incidents fondateurs il détaille son expérience à un mystérieux compagnon : Verge.
Critique :
Allons droit au but, j'ai adoré ce film. Bon, je ne suis pas très objectif quant il s'agit de Lars, je suis un grand amateur de ce qu'il fait mais je n'ai eu que peu d'occasions de vous en parler ces dernières années : Nymphomaniac Vol1, Nymphomaniac Vol2, etc. Lars fait partie des réalisateurs plutôt rares qui réfléchissent sur le cinéma, c'est lui notamment qui a lancé "Dogme 95" un mouvement cinématographique ultra codifié visant à donner plus de sincérité au cinéma et qui offrit des films comme Festen ou Les idiots.Par la suite, le réalisateur n'eut de cesse de repousser son art que ce soit en révolutionnant les codes avec des films comme Dogville ou tout simplement en provoquant pour faire réfléchir sur la société avec des films comme Antichrist ou Nymphomaniac.
The house that Jack Built n'échappe pas à cette volonté transgressive du réalisateur et se veut plus un film sur l'art que sur les serial killer. En effet, il apparaît très vite que Jack n'est qu'une métaphore pour Lars Von Trier lui même et que le film questionne l'art.
A travers le voyage intérieur de Jack, nous assistons à une introspection du réalisateur se demandant jusqu'où il peut provoquer, quand les limites de l'art sont atteinte et surtout quel sens tout cela peut avoir.
Certains pourront trouver ça nombriliste, moi j'ai trouvé ça passionnant d'autant que c'est une fois de plus fait avec beaucoup de talent.(et non sans humour)
Mon seul regret concernant le film sera sa durée. 2h35 c'est un peu long d'autant qu'on sent clairement les longueurs. Elle se situent dans les scènes de meurtres qui sont souvent inutilement longues. Non pas qu'on s'attarde de façon sensationnaliste sur les tueries, bien au contraire, c'est sur le rapport entre le tueur et sa victime que le réalisateur s'attarde, dans des scènes de dialogues bien jouée et bien écrite mais longues. J'y vois une façon pour Lars de désamorcer la violence et d'éviter d'être taxé de faire du voyeurisme mais je reste convaincu qu'un peu plus de peps n'aurait fait que du bien à ce film.
Niveau casting, Matt Dillon est une véritable révélation. L'acteur que l'on a jusqu'ici surtout vu dans des films de secondes zones et des rôles peu gratifiants rempli ici tout l'espace, tantôt insignifiant en petit ingénieur et tantôt terrifiant en tueur sans pitié. Ses partenaires ne sont pas en reste et on retiendra surtout Uma Thurman en garce ultime.
Niveau bande son, c'est là aussi très réussi avec des standards inoubliables comme Fame de Bowie. (et une référence à l'Alabama song des Doors qui m'a beaucoup fait rire)
Pour la réalisation, Lars a essentiellement opté pour de la caméra portée pour être au plus près de Jack contrebalancé par de l'image d'illustration tendance powerpoint pour les interludes plus philosophiques (on retrouve d'ailleurs ici une structure proche de Nymphomaniac avec le personnage principal qui raconte des scènes de sa vie à un deuxième protagoniste, histoires entrecoupés de réflexion sur la vie), cela n’empêche pas le réalisateur de nous offrir quelques scènes d'une grande beauté, notamment sur la maison de Jack et la fin du film.
The house that Jack Built n'est pas un film grand public. Il sera probablement trop violent pour certains, trop provocateur pour d'autres ou encore trop narcissique ou trop long. Mais c'est cet aspect clivant du cinéma de Lars Von Trier qui le rend si intéressant et c'est encore une petite pépite qu'il nous livre ici. Il n'hésite pas à se salir les mains et porte un regard sans concession sur notre société et son hypocrisie tout en nous poussant à réfléchir sur l'art et ce qui pousse les artistes.
J'adore.
Conclusion :
Un Lars Von Trier plus assagi pour une reflection sur l'art et l'artiste. Une oeuvre forte et clivante qui souffre tout de même de quelques longueurs.
Une des amusantes affiches de promotion du film
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