Alors que d'immondes pirates mettent en danger notre sacro-saint petit écran à coup de téléchargements illégaux, un homme, un surhomme que dis-je, se dresse seul pour défendre la ménagère de moins de quarante ans et les CSP+. Ce héros se nomme: El programator.
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mercredi 11 septembre 2019

Once upon a time.. in Hollywood

Bon, j'imagine que vous l'attendiez. Un nouveau tarentino, c'est difficile de passer à côté même si, en dehors du casting, celui-ci ne semble pas très appétissant avec son pitch et sa bande annonce un peu floues. J'étais tout de même pressé de me faire mon avis et surtout de voir si les diverses polémiques étaient justifiées.






Date de sortie : 14 août 2019
Durée : 2h 41min
Réalisateur : Quentin Tarantino
Casting : Leonardo DiCaprio, Brad Pitt, Margot Robbie
Genres : Drame, Comédie
Nationalité : Américain

Synopsis:

1969, Rick Dalton star du petit écran voit sa carrière déclinée. Soutenu par son cascadeur attitré, l'acteur fait de son mieux pour garder la tête hors de l'eau dans un Hollywood qu'il ne reconnait plus.

Critique:

Trois ans déjà se sont écoulés depuis Les huit salopard, un film que j'avais trouvé un peu creux et faible vis à vis de la puissante filmographie de Tarantino. Il nous revient cette fois avec un film plus ambitieux et inattendu, une fausse biographie d'un acteur raté et une vraie opportunité de se replonger dans le Hollywood de 1969.
Quand on connait la cinéphilie du réalisateur on ne peut qu'imaginer la jubilation qu'il peut avoir à recréer cette période et se réjouir de tout ce que cela signifie.
Le petit plus produit : l'histoire doit évoquer le terrible massacre de Sharon Tate par la Manson Family. J'avoue que c'était surtout ce point qui m'attirait dans l'histoire : le meurtre de l'actrice à longtemps défrayé la chronique. Une aura de mystère et de souffre planait autour de Manson, savamment instillé par le gourou lui-même qui cherchait avant tout à devenir célèbre. Le sujet était passionnant mais sensible, j'étais curieux de voir comment il s'intégrerait à l'histoire de Rick Dalton.
Le film nous raconte donc le quotidien d'un acteur sur le déclin et de son meilleur ami/employé, son cascadeur Cliff Booth. Le "hasard" a voulu qu'ils soient voisin des Polanski et ainsi qu'ils fassent la connaissance de la Manson Family.
Aparté Polanski : aussi génial soit-il, Polanski reste un pédophile en fuite qui n'assume pas sa condamnation, je craignais donc un peu de le voir mis en scène ici, heureusement sa présence reste anecdotique et il n'est pas particulièrement mis en avant. (on rappelle quand même que Tarantino a avoué savoir que Weinstein était un pervers et n'avoir jamais rien fait contre ça. Qu'il valorise un pédophile reconnu aurait été clairement la goutte d'eau)
Le film tourne donc principalement autour de ces deux loosers magnifiques et de leur quotidien. Les personnages sont bien construit et vraiment attachant même si je tique sur celui de Brad Pitt, un personnage un peu over the top digne des meilleurs rôles de Steven Seagall et qui en outre aurait tué sa femme...Vous ne rêvez pas, le réalisateur nous propose d'entrer en empathie avec un tueur de femme. Je ne sais pas comment ça se passe aux Etats-Unis mais en France le féminicide c'est plutôt un sujet sensible et nous avons d'ailleurs dépassé les 100 depuis janvier, bref je ne comprend pas ce choix du réalisateur qui affiche sur le sujet une légèreté que je lui reprocherait également sur d'autres points.
Niveau culture pop, comme on pouvait l'attendre, le réalisateur se régale. Les faux extraits de film sont un délice, la bande son est parfaite, la reconstitution  impeccable et les images sont globalement superbes. Bref, on ne pourra pas reprocher à Tarantino de ne pas aimer le cinema, une fois de plus on sent bien que le réalisateur a mis les petits plats dans les grands.
Niveau casting, le duo DiCaprio, Pitt fonctionne à merveille. Pitt est sexy en diable et Di Caprio nous offre de très beau moment comme son échange avec cette talentueuse jeune fille qui marque le film de sa maturité. Si l'énergique Margot Robbie se voit confier le très beau rôle de Sharon Tate, je regrette que celle-ci soit juste décrite comme une brave fille un peu simple, cela ne laisse que peu de place à l'actrice pour s'exprimer et surtout cela entache un peu la mémoire de Tate alors même que le film aborde un moment dramatique de sa vie. Au mieux, je trouve ce traitement maladroit.
Il est d'ailleurs temps d'aborder ce que je reproche au film.
Difficile en voyant les choix scénaristiques du réalisateur de ne pas se demander si Tarantino ne serait pas Rick Dalton, artiste investi et brillant mais dépassé par un monde en pleine évolution. Ou peut-être le réalisateur, trop concentré sur son art, oublie de réfléchir au monde qui l'entoure. Si les crimes de Manson pouvaient être un puissant révélateur pour montrer les bouleversements qui agitent Hollywood et notre société, ils ne sont ici qu'une anecdote cocasse. L'occasion pour Tarantino de flatter les bas instinct de son public à vil prix. J'ai beau réfléchir, je ne comprend pas ce qui peut justifier un traitement aussi superficiel du sujet et même si elle m'a fait rire, la fin st totalement inapproprié. D'autant que cet ajout en vient à alourdir l'histoire pourtant passionnante des deux personnages principaux. Il aurait pu leur ajouter d'autres péripéties, plus adapté à leur histoire plutôt que de mélanger réalité et fiction dans une danse sordide.
D'autant que le réalisateur insiste lourdement sur l'aspect factuel du fait divers par l'utilisation d'une voix off très présente (seulement pendant les 30 dernières minutes, ça tombe un peut comme un cheveux sur la soupe) et qui nous informe de l'heure qui passe avec un systématisme digne de la fonction snooze du radio réveil.
Je ne m'attarderais pas sur le sujet mais son utilisation de Bruce lee est également gênante. Plus que le fait que Cliff Booth semble capable de vaincre Lee c'est surtout le fait que Lee soit présenté comme un insupportable vantard qui questionne. Fallait-il vraiment salir l'une des excessivement rares célébrités asiatique du cinéma ?
Dans l'ensemble, je dois reconnaître que j'ai passé un bon moment devant ce film, sur la forme je n'ai pas grand chose à redire, c'est vraiment sur le fond que les choses se gâtent. Peut-on en 2019 raconter tout et n'importe quoi au cinéma ? Peut-on trouver cool un tueur de femme ? Peut-on rire du massacre d'une actrice innocente ? Tarantino est-il conscient que #Meeto a changé des choses et que Weinstein n'est plus vraiment en odeur de sainteté pas plus que le masculinisme primaire ?
Avec ses choix artistiques, Tarantino semble regretter une époque plus simple ou les Mâles Blanc même s'il étaient parfois en proie aux doutes restaient tout de même au somment de la chaîne alimentaire.
Personnellement je crois profondément que les films ne doivent pas que nous divertir, ils doivent nous faire réfléchir et j'ai bien peur que Tarantino l'ai oublié.

Conclusion :

Si sur la forme on prendra plaisir à suivre cette histoire d'acteur sur le déclin, sur le fond on pourra regretter le manque de recul avec lequel l'histoire est traitée.

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