Alors que d'immondes pirates mettent en danger notre sacro-saint petit écran à coup de téléchargements illégaux, un homme, un surhomme que dis-je, se dresse seul pour défendre la ménagère de moins de quarante ans et les CSP+. Ce héros se nomme: El programator.
(retrouvez la sélection télé chaque midi sur la page facebook)

lundi 27 février 2017

Seuls

Il y a longtemps je suis tombé sous le charme de la bd Seuls de Fabien Vehlmann et Bruno Gazzotti, l'idée d'une adaptation en film m'a plutôt séduite surtout que la bande annonce était plutôt alléchante. Voyons ensemble si le film a su rendre honneur à la bd.







Date de sortie 8 février 2017
Durée : 1h 30min
Réalisateur : David Moreau
Casting : Sofia Lesaffre, Stéphane Bak, Jean-Stan du Pac
Genre : Fantastique
Nationalité : Français

Synopsis:

Après une journée difficile, la jeune Leïla se réveille dans sa maison devenu vide. Ses parents ont disparus comme tout les habitants de sa ville. A force de chercher à comprendre, elle finira par rencontrer quatre autres ados également abandonnés mais aucun d'eux n'a la moindre idée de ce qu'il se passe et un danger semble roder.


Critique:

Promis, je reviendrais sur cette image plus tard pour le moment laissez sa profondeur inonder votre âme et vous élever spirituellement.
Comme je le disais en introduction, Seuls est l'adaptation d'une excellente bande dessiné que j'ai lu il y a quelques années maintenant. Je n'ai  lu que les quatre premiers tomes donc je ne saurais dire si le film est fidèle au média d'origine, mais les premiers tome de cette bd étaient très prenant et justifiaient tout à fait une adaptation en film. Un travail que l'on doit à David Moreau qui réalise ainsi son quatrième film. Une carrière assez courte mais très variée puisque le réalisateur a déjà tourné un thriller en Roumanie, une comédie en France et un film d'horreur aux Etats-Unis. C'est probablement ce qui lui donne ce savoir faire si différent de la production Française habituelle. Car il faut reconnaître qu'il y a une véritable ambiance qui se dégage de ce film. Décors, lumière, véhicules (c'est le salon de l'automobile ce film, faut pas demander le nombre de placement de produit), les images sont plutôt belles et spectaculaires. Il n'y a qu'a voir la bande annonce, c'est intriguant. Pour autant, la réalisation peine un peu. Les scènes de combat typiquement, si elles sont peu nombreuses, sont souvent confuses et mal dirigées à l'image de ce premier affrontement entre Lëila et une autre fille qu'on suppose plus qu'on comprend (ah, là elle a du lui mettre un coup de poing).
Au niveau de l'histoire, on se retrouve comme dans la BD avec du "High concept" c'est à dire une idée très forte,
tellement qu'elle peut fagociter tout le reste de l'histoire si elle est mal traité. Car oui, sauf à développer une narration passionnante en creusant par exemple les personnages et leurs interactions le seul intérêt résidera dans la résolution du problème de départ (c'est à dire pourquoi tout le monde a disparu pour les deux qui ne suivent pas) et là, c'est le drame. Non content de ne pas exploiter ses personnages, le film offre une résolution des plus convenues. On en revient donc à cette superbe image que j'ai partagé plus haut. Effectivement, la fin d'une histoire n'est pas forcément le plus important, son cheminement peut l'être bien plus s'il est bien mené à bout. Mais c'est le problème ici. Tout le film repose sur son final. Les personnages ne sont pas développés, leur aventure n'a pas d’intérêt (contrairement à la bd le maître des couteaux n’apparaît pas comme une menace crédible ) la seule chose qui fait tenir le spectateur c'est le mystère qui entoure la situation des personnages. Et malheureusement, on pouvait difficilement trouver pire justification (alors si, il y en avait une autre qui aurait été pire mais dans les deux cas on touche le fond et il peuvent encore nous la sortir dans un prochain film). C'est dommage car ce défaut aurait pu s'effacer face a une construction solide des personnages. Mais au lieu de ça, tout repose sur Leïla, super héroïne qui sait se battre conduire, soigner tandis que les autres sont au mieux des sidekicks comique ou des enjeux romantique (c'est au moins une innovation dans un film normal Dodji aurait été le héros et Leïla l'enjeu romantique).
Pour autant, Seuls n'est pas désagréable à regarder, on est loin du désastre Rings. Malgré les défauts le film réussit à capter globalement le spectateur mais sa résolution est si désastreuse qu'on peut difficilement ne pas ressentir un sentiment de frustration légitime. Si le film fonctionne, Seuls sera le premier volet d'une trilogie, l'image finale suscite un vague intérêt quant à la suite mais la construction de ce premier volet est tellement hasardeuse que j'ai du mal à croire qu'une suite pourrait avoir un réel intérêt. C'est dommage, il y avait vraiment de bonnes choses dans ce projet. Je le recommanderais tout de même pour les plus jeunes qui peut-être ne verront pas venir la fin et pourraient avoir une bonne surprise. Et au pire, lisez la bd.


note enfant:


note adulte:

Conclusion:

Un bon pitch, une ambiance prenante, une réalisation pas désagréable mais un scénario catastrophique avec une fin risible.  Les plus jeunes apprécieront peut-être car ils seront surpris, les adultes se sentiront floué, dommage

vendredi 24 février 2017

Le cercle -Rings-

Est-ce que je suis allé voir ce Ring 3 en étant convaincu que ce serait une bouse et que j'allais pouvoir m'acharner dessus sur le blog ? Je plaide coupable. Est-ce que je me suis fais piéger à mon propre jeu et ai découvert un film profond qui va bouleverser les fondamentaux du septième art ? C'est ce que nous allons voir...







Date de sortie 1 février 2017
Durée : 1h 42min
Réalisateur : F. Javier Gutiérrez
Casting : Matilda Lutz, Alex Roe, Vincent D'Onofrio
Genre : Epouvante-horreur
Nationalité : Américain

Synopsis:

Pour sauver la vie de son fiancé Holt, Julia regarde la cassette maudite de Samara et refait exactement ce qu'on a déjà pu voir dans les précédents opus (non, je ne peux pas avoir l'hypocrisie de faire un résumé intéressant à ce film).

Critique:

Avant de commencer je tiens à faire une petite précision, Le cercle n'est pas un film d'horreur mais bien un film de science fiction. Une oeuvre novatrice sur le thème de la relativité du temps qui réussit l'exploit, en seulement 1h42, de vous faire perdre 10 ans de votre vie. Une expérience incomparable.
Le suspens est insoutenable, ce troisième opus/reboot/relaunch quoi que vous vouliez est-il une grande réussite ? Et bien oui, une grande réussite dans la médiocrité, un triomphe de la turlupinade (oui, je voulais mettre "foutage de gueule", mais c'était trop grossier et là ça me permet un peu de mettre turlute et pinade dans le même mot, ce qui est assez cool). Traitez moi de masochiste mais j'ai vu tout les Ring. Le premier de Hideo Nakata était un véritable chef-d'oeuvre du film d'horreur. L'idée était géniale et la réalisation prenait aux tripes. Sans surenchère le film offrait un spectacle angoissant qui vous hantait des jours durant. Le remake de Gore Verbinski ( A cure for life, Lone ranger, etc ) était aussi fade et sans intérêt que prévu et sa suite, pourtant réalisé par Nakata en personne se révélait également une sombre bouse. Avec une telle parenté, ce troisième film qui ne s'assume pas (on sent d'ailleurs bien dans ce titre la volonté de faire un faux reboot pour garder les fans de la première heure et récupérer un nouveau public) partait mal et les choses ne s'arrangent pas. Dès le début, le désastre est total. Probablement pour dynamiser une histoire affreuuuuuusseeeemmmmeeennnnttttt lente et sans intérêt, le film débute par un accident d'avion. ça n'apporte strictement rien à l'histoire, et comme c'est mal réalisé ce n'est même pas spectaculaire. C'est juste nul et hors-sujet, comme la preuve que le scénariste n'a pas la moindre idée de ce qu'il fait ou juste qu'il s'en fout. Et j'opte plutôt pour la version "il s'en fout" vu le patchwork qui va suivre. Mettez une pincée de Destination Finale, un soupçon de Don't Breathe, deux, trois gouttes de Friend request et un peu de Ring parce que bon, il faut quand même que le public s'y retrouve un peu.
Pour l'histoire, c'est la même soupe que d'habitude, l'héroine regarde la cassette et cherche les origines de Samara pour essayer de sauver sa vie. Ce qui donne un long jeu de chasse au puit à base d'interprétation d'une vidéo maudite de mauvaise qualité. Et pourtant, il y avait des bonnes idées. Bon, une bonne idée en fait. Au début du film, c'est un professeur qui met la main sur la cassette et il décide de mettre au point une expérience scientifique avec un protocole de test. Tout un groupe est donc au courant de la cassette et l'exploite. Tout le film aurait pu tourner autour de cette découverte et montrer, par exemple, comment des scientifiques tentent de dompter la mort mais ne font que provoquer un désastre planétaire. Bref une façon originale d'utiliser l'histoire de Ring et de lui donner une autre ampleur. Mais non, c'était trop demandé, on se débarrasse de ce plot en 10 min maximum pour se retrouver avec la même histoire que l'on a déjà vu trois fois (ring, ring, ring 2).
Un petit mot sur les acteurs : Matilda Lutz, l’héroïne, se débrouille plutôt bien mais ne bâtira pas une
carrière avec ce rôle, Johnny Galecki, malgré son look de beau brun ténébreux, ne fait rien d'autres que jouer Leonard Hofstadter (et c'est d'autant plus désagréable que son personnage aurait été fabuleux en professeur manipulateur qui utilise ses étudiants pour percer les mystères de la cassette) et enfin Vincent D'Onofrio (Jurrasic World, Sinister, et plein de vrais films bien, promis, je vous jure) fait du Vincent D'Onofrio. Soyons clair, c'est un compliment, j'aime cet acteur d'amour et il est parfait dans son rôle d'aveugle flippant mais par contre pourquoi s'est-il embarqué dans cette galère, il vaut tellement mieux que ça.
Vous l'aurez compris, ce nouveau Ring est un très, très mauvais film, il ne réussi même pas à faire peur tant l'ambiance ne prend pas et que les effets tombent à plat. Même les jumpscares n'ont pas réussi à effrayer la salle. Je vous aurais bien conseillé d'aller le voir pour rire un peu mais on s’ennuie tellement que même ça ce n'est pas possible. Ring est un film à éviter, à oublier, à jeter au fond du puits avant de refermer le couvercle.

L'anecdote qui tue

Je n'avais pas vu la bande annonce avant d'aller voir le film c'est dommage car elle illustre à merveille à quel point les producteurs de ce film n'en ont rien à foutre. Elle spoile complètement l'histoire et révèle même le twist (complètement foireux) que le réalisateur fait traîner artificiellement pendant des plombes.

* en toute franchise, la seule chose qui m’empêche de mettre zéro, c'est Vincent D'Onofrio

Conclusion :

L'image du puits résume assez bien la franchise Ring qui n'a de cesse de creuser de plus en plus profond, peut-être trouvera-t-elle de l'eau un jour mais pour l'instant il n'y a pas de quoi étancher sa soif de cinéma décent.

lundi 20 février 2017

A cure for Life

ça fais quelques mois maintenant que j'ai découvert la bande annonce de Cure for life au cinéma et j'étais vraiment curieux de voir le résultat. L'ambiance était prometteuse mais pouvait vite tourner au grand n'importe quoi, surtout dans les mains de Gore Verbinski. Voyons ensemble ce qu'il en est vraiment.





Date de sortie 15 février 2017
Durée: 2h 27min
Réalisation : Gore Verbinski
Casting : Dane DeHaan, Jason Isaacs, Mia Goth
Genres : Thriller, Fantastique
Nationalités : Américain, Allemand
Titre original  : A Cure For Wellness

Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs

Synopsis:

Lockhart, est un jeune loup de la finance à qui tout réussi. Pour poursuivre son ascension et éviter de finir en prison, il doit ramener à New-York l’actionnaire majoritaire de son entreprise parti faire une cure thermale. Une mission simple d'apparence qui se révélera quasiment insurmontable lorsque le trader se retrouvera piégé dans l'institut après un accident, obligé de suivre une bien étrange thérapie.


Apparté:

Encore un titre anglais traduit en anglais, dieu que cette pratique marketing m'insupporte. Le publique
ira voir le film même si le titre est en français, et ça évitera de donner l'impression que notre langue est pestiféré. Sans parler du fait de sous entendre que le publique est suffisamment débile pour ne pas comprendre le mot "wellness". A force de prendre les spectateurs pour des ânes ne nous étonnons pas qu'ils se comportent comme tel, bref.


Critique:

A cure for Life est le nouveau film de Gore Verbinski (Le cercle, Lone Ranger, etc) , devenu célèbre grâce à la saga "Pirates des caraïbes", si j'ai beaucoup apprécié son film "Rango" j'avoue ne pas être un fan de ce réalisateur que je considère comme un réalisateur de divertissement. Je ne dis pas que c'est un mauvais réalisateur, juste qu'il est un peu trop grand public et que ses films manquent un peu d'âme alors qu'on sent que c'est quelqu'un qui a au contraire beaucoup à partager. Typiquement, A cure for life est un film à l'univers visuel très riche qui évoquera parfois du Caro et Jeunet ou du Terry Gilliam. Les images sont superbes et on sent que le réalisateur a apporté un grand soin à son image, notamment avec un étalonnage verdâtre très particulier qui donne un aspect maladif à l'ensemble du film. Plus que de faire de jolies images ont sent chez le réalisateur une vraie volonté d'utiliser le film de genre pour critiquer les travers de notre société. A ce titre, le film apparaît comme un mix improbable entre "le loup de wall street" et "Shutter island", ça en devient même un peu gênant car Dane DeHaan (The amazing spiderman, Chronicles, etc) qui joue le rôle principale ressemble beaucoup à Léonardo Di Caprio donnant l'impression que le réalisateur a du se rabattre sur un second choix. Mais je vous rassure tout de suite, s'il n'est pas très connu, cet acteur se révèle excellent dans ce rôle et porte tout le film sur ses épaules.
A ses côtés, Mia Goth fait également montre de beaucoup de talent dans son rôle de poupée brisée,
mais le personnage subit beaucoup plus le film qu'il n'y agit (bien que) rendant sa présence plus anecdotique. On sort de justesse du rôle stéréotypé de "princesse à sauver". Jason Isaacs, surement l'acteur le plus connu du casting, ne s'illustre pas vraiment dans un rôle tout sourire un peu niais. La facilité aurait surement était de lui donner un air plus menaçant mais un entre deux aurait été plus savoureux et aurait donné plus de latitude à l'acteur pour s'illustrer.
Parlons de l'histoire, elle est plutôt réussie avec une implication sociale inattendue puisque le film est en partie une critique de la finance et de notre société capitaliste, on regrettera tout de même qu'elle se prenne pour ce qu'elle n'est pas. En effet, le film multiplie les fausses pistes visant à donner l'impression que le scénario est plus complexe qu'il ne l'est vraiment, alors que le spectateur attentif aura compris l'histoire dès l'arrivé du personnage principal à la cure. En ce sens la comparaison avec Shutter Island est totalement injustifiée. Le film donne l'impression d'être un thriller psychologique avec retournement de situation rocambolesque, alors que l'histoire est beaucoup plus classique( bon je vous spoil un peu mais honnétement, je trouve que ça évite la déception de découvrir que l'histoire est convenue et à mille lieux de ce qu'elle promet dans certains de ses délries visuels)
Ces effets de style pourraient se justifier de manière artistique pour renforcer l'ambiance mais ils ont le tort de rallonger très artificiellement le film ce qui le rend trop long et donc moins agréable à regarder. Avec un film plus court et plus franc, Verbinski aurait surement mieux touché son public.
Au final, A cure for life est un beau film fantastique aux accents lovecraftiens, une oeuvre personnelle qui aurait mérité d'aller plus loin dans le délire ou dans le travail d'écriture. Un entre deux regrettable car on passe à côté de ce qui aurait pu être un film majeur de sa filmographie.


Conclusion :

Un thriller fantastique à l'ambiance intrigante mais qui se perd à essayer de se rendre plus subtil qu'il ne l'est vraiment.


Très belle affiche minimaliste

lundi 13 février 2017

Silence

Il est temps d'apporter un peu de profondeur à ce blog, et si nous parlions du nouveau film de l'immense Martin Scorsese : Silence. 





Date de sortie : 8 février 2017
Durée : 2h 41min
Réalisateur : Martin Scorsese
Casting :Andrew Garfield, Adam Driver, Liam Neeson
Genres : Drame, Historique, Religieux
Nationalités : Américain, Italien, Japonais, Mexicain

Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs

Synopsis:

XVIIème siècle, le père Ferreira disparaît au Japon après qu'une rumeur prétende qu'il a abjuré sa foi. Deux de ses disciples décident de partir à sa recherche en pénétrant illégalement le pays. Une quête au péril de leur vie qui éprouvera leur foi et remettra leur vision de la religion en question.



Critique:

Après le brillantissime Loup de Wall Street en 2013, Scorsese nous revient au cinéma avec un film très personnel sur lequel il travaillait depuis plus de 20 ans. Et ce qu'il faut reconnaître, c'est que le réalisateur aurait difficilement pu faire deux films plus antinomiques. Lorsque l'un est une critique de la finance, l'autre est une réflexion sur la foi et quand le premier se révéle frénétique et explosif, le deuxième s'avére zen et introspectif.
Silence est un film traitant des persécutions des chrétiens au Japon au XVIIéme siècle, l'occasion de
se pencher sur les sujets de la foi, de la religion et de sa place dans l'existence. Un sujet rare et passionnant qui évoquera fatalement le magnifique "Mission" de Roland Joffé même si, là encore, les deux films pourraient difficilement être plus opposé. A titre d'exemple, il est impossible d'oublier la bande originale de Mission, un chef d'oeuvre signé Ennio Morricone, une oeuvre poignante qui vous arrache des larmes alors que Scorcese a au contraire fait le choix de n'avoir quasiment aucune musique dans son film, uniquement quelques passages diégétiques (musique intégrée au film comme un personnage en train de chanter par exemple ).
Et c'est à la fois la force et la faiblesse de ce nouveau film de Scorsese, il s'agit d'une oeuvre atypique et sans concession. Le sujet n'est pas très accessible, le rythme est lent, il y a plusieurs langues (même si on pourra regretter que les Portugais parle en fait anglais), aucune scènes d'actions et aucune réelle tentative de garder captif le spectateur (à part peut-être le mystère autour de la disparition de Ferreira). Malgré tout ça, pour peu qu'on se laisse porter par cette quête initiatique, l'histoire n'en reste pas moins passionnante. L'occasion de réfléchir sur la place de la religion dans notre société, voir dans notre vie lorsqu'on est concerné.
Malgré le sérieux du film, on s'étonnera de trouver un second degré très déstabilisant dans le film, des passages presque burlesque qui contraste étrangement avec la noirceur de l'histoire et la profondeur de la thématique, comme si Scorsese avait tenu à rappeler le ridicule inhérent à la vie.
Si l'on met de côté les choix de réalisations très personnels et difficilement contestable, je regrette tout de même quelques petites choses principalement au niveau du casting. Si Adam Driver (Star wars 7, Midnight special, etc) est un choix intéressant car il incarne vraiment son personnage, l'acteur est totalement sous exploité et aurait mérité d'avoir un rôle bien plus conséquent voir même de tenir le premier rôle (ce qui aurait changé car là, nous sommes un peu trop proche de Kylo ren). En effet, je n'ai pas du tout trouvé Andrew Garfield ( The amazing Spiderman, Boy-A, etc) crédible. L'acteur fait beaucoup trop premier rôle américain pour incarner ce personnage de prêtre portugais. Même si le côté jeune, fragile et lisse fonctionne en théorie avec son personnage, en pratique on se demande un peu ce qu'il fout là. Heureusement, en face de ces deux acteurs se trouvent un très beau casting Japonais avec des choix audacieux comme celui du grand inquisiteur qui apporte une vraie différence à ce dont on peut avoir l'habitude dans ce type de rôle.
Dans l'ensemble, vous l'aurez compris, je n'ai pas été complètement emporté par ce film. Je ne peux pas nier ses qualités mais je pense qu'il faut avoir un affect particulier pour cette thématique pour vraiment apprécier ce film tant il est personnel. Au niveau du fond, il y a des choses très intéressante sur la foi et la façon dont on la partage mais probablement un peu trop pour un athée comme moi. J'apprécie tout de même l'ajout de touches humoristiques qui tend à alléger le propos (même si on ne trouve le ridicule que chez les japonais jamais chez les "portugais").
Silence n'est pas un mauvais film car il est réalisé avec énormément de talent, pour auattn il pourra déplaire car il ne cherche justement pas à séduire son public. C'est une oeuvre à part entière à voir par curiosité pour les plus cinéphiles d'entre vous.


Conclusion:

"Silence" c'est "Mission" qui rencontre "Furyo", autant dire que ça ne plaira pas à tout le monde, mais ça n'en reste pas moins un film admirablement réalisé au sujet difficile.




lundi 6 février 2017

la la land

Déjà considéré comme LE film de l'année ( c'est les films à venir qui doivent être content) La la land est le film inévitable de ce début février. Est-ce que ça en fait un bon film pour autant ? Voyons cela ensemble.






Date de sortie : 25 janvier 2017
Durée : 2h 08min
Réalisateur : Damien Chazelle
Casting : Ryan Gosling, Emma Stone, John Legend
Genres : Comédie musicale, Romance
Nationalité : Américain

Synopsis:

Mia est actrice, ou au moins voudrait l'être. Sébastien est patron de club, en tout cas il en rêve. Leur deux destins vont se percuter avec fracas, ils vont s'aimer, se porter et avancer ensemble dans leurs rêves. Mais l'amour résiste-t-il aux rêves, c'est ce qu'ils découvriront ensemble.

Critique:



Débarrassons nous déjà d'une chose, est-ce que La la land est le film de l'année ?
Et bien non. Déjà parce que, sauf à mourir étouffé par ses popcorns durant le générique sans avoir vu d'autres films avant, "le film de l'année" est une formule qui n'a aucun sens : surtout au début du mois de février. Ensuite parce qu'un film, c'est personnel et que ce genre de choix dépendra énormément d'un individu à l'autre. Et enfin parce que La La land est loin d'être exempt de défauts, donc on va espérer que le reste de l'année soit capable de fournir un peu mieux.

Disclaimer

J'ai probablement déjà dû l'évoquer mais dans le doute je rappelle que j'ai une aversion profonde pour les comédies musicales. Les passages chantés dans les Disney me font pleurer des larmes de sang  et les comédies musicales de type Broadway me donnent envie d'égorger des chatons mignons avec les dents. Plusieurs œuvres trouvent pourtant grâce à mes yeux, principalement les classiques ou les hommages très réussi ("once more with feeling" de Buffy par exemple) bref, attaquons le sujet principal :


La La land qu'est-ce que c'est ? 

Il s'agit du troisiéme film de Damien Chazelle qui s'était déjà illustré en 2014 avec Whiplash. C'est un hommage aux grandes comédies musicales, où on pourra reconnaître des références aussi classiques et évidentes que "Chantons sous la pluie" ou "un américain à Paris". (Le réalisateur de revendique plus de Jacques Demy mais je ne suis pas du tout d'accord). Si l'on en juge au sujet de ces deux premiers films, le réalisateur doit être passionné de musique et ça transpire dans tout La La land. On ressent d'ailleurs plus d'amour de la musique que d'amour de la comédie musicale. C'est probablement ce qui m'a permis d’apprécier le film, il y a au final très peu de passages chantés (peut-être 5 sur 2h) mais énormément de musique, du jazz principalement. Cette frénésie musicale donne au film un rythme prenant qui emporte complètement le spectateur d'autant que quelques morceaux sont vraiment entêtants, essentiellement les deux morceaux principaux déclinés à travers le film : "another day of sun" et"City of star".
Au service de cette musique, on trouve une réalisation virevoltante à l'image de cette spectaculaire
scéne d'introduction, un faux plan séquence de toute beauté avec une caméra  qui se déplace avec autant de grâce que les danseurs.
Le film ne serait bien entendu rien sans ses acteurs : Emma Stone (Magic in the Moonlight, Birdman, etc) et Ryan Gosling (Lost River, The nice guys, etc) danse, chanson, pour le peu que j'en connais je les ai trouvé bluffant et juste parfait dans leurs interprétations. Le couple fonctionne bien ensemble et on s'y attache très vite. A noter que Ryan Gosling n'a pas été doublé pour les scènes de piano, une performance qui force le respect. A leurs côtés par contre, c'est le désert. Il n'y a pas vraiment de personnages secondaires, même John Legend, caution musicale du film, ne fait guère plus que de la figuration. Le reste du casting se compose de quelques visages qui réapparaissent de temps en temps comme si le réalisateur avait voulu traduire à quels points les choix de vie des personnages les isolent.
Car c'est là l'histoire du film, il ne s'agit pas vraiment d'une histoire d'amour mais plus d'une histoire de vie. Comment nos choix orientent notre vie et comment nos rêves peuvent nous rendre heureux ou pas. C'est un très bel hommage aux artistes qui luttent chaque jours pour essayer de faire vivre leur art (et d'en vivre) et j'avoue m'être assez facilement reconnu dans leurs épreuves. En ce sens, La la land s'éloigne un peu des comédies romantiques classiques en apportant un peu de profondeur. De la même manière, si le film est le fils spirituel des comédies musicales avec Gene Kelly, il réussit toutefois à les réactualiser en apportant une noirceur qu'on n'y trouvait pas à l'époque. Par contre, n'ayez pas trop d'attentes sur ces points, l'histoire est très simple (peut-être trop, avec de gros raccourcis et beaucoup de simplifications) et ne sombre jamais dans le glauque (ne vous attendez pas à les voir devenir alcoolique ou drogué).
Dans l'ensemble La La land est une belle histoire qui donne le sourire et l'envie de se dépasser. Attention, ce n'est pas pour autant forcément un "feel good moovie" car les larmes ne sont jamais loin du rire.
Voilà, pour moi La La land fut une très belle découverte, je ne serais pas surpris que le film finisse dans mon top 10 de l'année. Il y a beaucoup d'amour derrière cette réalisation et ça se sent, ce serait dommage de se priver d'autant de bonnes ondes pour bien commencer l'année.

Et pourtant...

Au final, la plus grosse critique que je ferais à La la land c'est de s'inscrire dans la mouvance des
"memberberies"(oui, sur ce blog quand on fait dans le sociologique, on ne cite pas des philosophes mais Southpark ) c'est à dire toutes ces œuvres qui se reposent uniquement sur la nostalgie pour toucher le public. C'est le problème de tous les reboots, remakes, séquelles, suite, j'en passe et mon cul sur la commode. Des films qui font office de doudous confortables et entretiennent le mythe du "c'était mieux avant", un mythe qui fait dangereusement régresser notre société car ça n'a jamais été mieux avant. Dans La la land, c'est flagrant, le héros est obsédé par le jazz, qui dans l'inconscient collectif représente surement LA musique du passé, les héros regardent des vieux films, on nous parle beaucoup du Hollywood de l'âge d'or, et le film lui même est un vibrant hommage aux comédies musicales de Gene Kelly. Tout est ancré dans le passé, c'est surement ce qui explique ce côté très normé du film (leur société ne ressemble pas vraiment à la notre, ça fais très vision WASP du monde avec uniquement des blancs hétéros qui n'ont que des problèmes d'argent). En soi, tout peut se justifier et je ne peux pas reprocher à La la Land ces choix de réalisations (pas artistiquement en tout cas, moralement peut-être), il s'agit juste d'une oeuvre supplémentaire s'inscrivant dans une mouvance que je trouve malsaine.

Conclusion:
Fidèle descendant des comédies musicales des années 50, La la land réussit également à leur apporter un peu plus de profondeur. Ce n'est pas le film de l'année mais ça n'en reste pas moins un film superbe et émouvant qui permet de commencer 2017 de la plus belle des façons. Laissez vous lalalander.

vendredi 3 février 2017

Fleur de tonnerre

On termine la semaine avec un film Français, un petit film découvert par accident qui retrace la vie de l'une des premières tueuses en série. Est-ce que ça sera mieux que "Faite entrer l'accusé" ? C'est ce que nous allons voir !




Date de sortie 18 janvier 2017
Durée : 1h 40min
Réalisation : Stéphanie Pillonca-Kervern
Casting : Déborah François, Benjamin Biolay, Jonathan Zaccaï
Genre : Drame
Nationalités : Français, Belge

Synopsis:
1800, la jeune "Fleur de tonnerre", entraîné par une mère abusive, développe une passion morbide pour L'Ankou. Cette lubie la poussera à partir sur les routes et devenir la première "serial killer" connue et toujours l'une des plus meurtrières.


Critique:
Fleur de Tonnerre est l'adaptation d'un livre de Jean Teulé, et le premier film de l'actrice Stéphanie Pillonca-Kervern. Elle y retrouve à l'adaptation son époux : l'acteur réalisateur Gustave de Kervern  (Mammuth, Le grand soir, etc.) C'est un beau film historique en costume sur un sujet très dur, la vie d'une tueuse en série.
Le film repose pour beaucoup sur l'interprétation de Déborah François (Maestro, etc.) qui se voit ici offrir un rôle riche et profond dans lequel elle peut livrer une large palette d'émotions. A ses côtés on retrouvera entre autre Benjamin Biolay (Irréprochable, etc.) qui ne m'a pas trop convaincu dans son rôle. Un personnage qui aurait pu être beaucoup plus intéressant dans l'histoire mais que j'ai trouvé mal développé et mal dirigé.
Car il faut commencer à le dire, ce film m'a beaucoup déçu. Je dois même avouer m'être ennuyé
ferme en essayant de comprendre ce qu'on voulait me raconter. La narration avance essentiellement grâce à une série de flashbacks qui retracent l'histoire du personnage principal mais j'ai eu le sentiment qu'on ne se concentrait pas sur l'essentiel et qu'on se contentait d'errer sans but dans le passé à l'image de cette femme perdue.
Considération plus personnelle, le film a dû être filmé en HD, sans traitement visuel particulier ce qui lui donne un rendu lisse très télévision qui ne rend pas du tout honneur au sujet à mon goût.
Pour un premier film, Stéphanie Pillonca s'en sort plutôt bien, le sujet est bien choisi, les images plutôt jolies et les acteurs brillants. Toutefois, elle pèche encore dans le traitement de son sujet tant sur le fond que la forme. Petite anecdote, on retrouvera dans les acteurs le chanteur Miossec dans le rôle d'un prêtre et il se débrouille plutôt bien.
Pour finir, tout comme pour Assassin's creed en début de semaine, je reprocherais à ce film sa trop grande connivence avec le personnage principale. L'histoire la fait passer pour une pauvre victime, une femme en manque d'attention qui n'a que le tort d'être née dans la mauvaise famille. Une explication un peu légère pour parler d'une femme qui a brisé autant de destins. Expliquer, oui, excuser, non. Et je trouve qu'ici on essaye un peu trop de justifier ses actes.


Conclusion:
le pitch est intéressant, l'actrice très juste mais le film tire en longueur et on se demande si les scénaristes ont vraiment traité les passages les plus intéressants de cette histoire.