Alors que d'immondes pirates mettent en danger notre sacro-saint petit écran à coup de téléchargements illégaux, un homme, un surhomme que dis-je, se dresse seul pour défendre la ménagère de moins de quarante ans et les CSP+. Ce héros se nomme: El programator.
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lundi 7 novembre 2016

Bleeder

Il  y a moins de trois mois, je vous parlais de Neon Demon, le dernier film de Nicolas Winding Refn et pourtant, hier sortait en salle un film inédit du réalisateur. Un peu rapide pour réaliser un long métrage, c'est qu'il s'agit d'une oeuvre de jeunesse resté inédite en France. Voyons donc si le réalisateur était déjà affligé des mêmes tares. 




Date de sortie au Danemark : 1999
Date de sortie en France : 26 octobre 2016
Durée : 1h 38min
Réalisation : Nicolas Winding Refn
Casting : Kim Bodnia, Mads Mikkelsen, Rikke Louise Andersson
Genres Thriller, Drame
Nationalité Danois


Synopsis :
Copenhague, Léo vient d'apprendre que Louise sa petite amie est enceinte. Piégé dans une vie qu'il déteste, il va peu à peu perdre pied face à cette nouvelle inattendue. Pendant ce temps, Lenny, son ami cinéphile tombe amoureux d'une jolie serveuse qu'il n'arrive pas à aborder.



Critique :
Si Nicolas Winding Refn s'était taillé une solide réputation avec la saga des Pushers, c'est surtout avec Drive que le réalisateur a enfin eu accès au grand public. On y voyait exploser le style qui fait sa réputation aujourd'hui et qu'on a pu retrouver dans Only God Forgive et Neon Demon. Bleeder, son deuxième film n'avait jusqu'à maintenant jamais pu sortir en France pour des soucis de droits d'exploitation.
Je vais d'abord critiquer le film pour ce qu'il est puis j'aborderais son rapport avec le réalisateur.
En tant que film, Bleeder est une oeuvre intéressante et totalement inscrite dans son époque. Il évoquera
autant Clerks, que Reservoir Dog ou Trainspoting. Bien sûr, il n'égale aucun de ses films ce qui explique (en plus des problèmes d'exportation) que le film soit resté confidentiel aussi longtemps. Toutefois Bleeder n'en garde pas moins une force primaire vraiment intéressante. En retraçant la vie ordinaire de ce groupe de looser, Refn nous enfonce dans une spirale de violence qui réussira à frapper très fort malgré une grande économie de moyen. Ainsi, la deuxième démonstration de violence, même si elle peut sembler négligeable et n'a rien d'impressionnant visuellement, nous touche en plein coeur et nous fait ressentir toute l'horreur de la mécanique en marche. Si le réalisateur se cherche encore clairement, il maitrise suffisamment le langage du cinema pour réussir à nous faire ressentir ce qu'il veut montrer et ce n'est pas très réjouissant. L'histoire n'est pas très originale mais le développement est efficace et on se laisse porter par cette histoire, curieux de savoir jusqu'où les choses peuvent aller mal.
On notera aussi un casting plutôt efficace. Dans le rôle principal Kim Bodnia, s'il évoque une sorte de Kyan Khojandi Danois, incarne avec force son personnage et ses tourments jusqu'à en devenir inquiétant. A ses côtés, faut-il présenter Mads Mikkelsen ( Michael Kohllaas, The salvation, Royal Affair, Hannibal, etc) ? Un acteur remarquable au charisme fou qui fait ici ses premiers pas en incarnant un looser totalement effacé. C'est presque un plaisir coupable de retrouver l'acteur dans ce rôle qu'on peut sans peine qualifier de contre emploi.
Niveau musique, si le réalisateur se taillera une réputation dans ses films précédents avec des bandes son très efficace,  c'est ici très sobre et pas vraiment marquant malgré une introduction tonitruante.
En tant que second film de Refn, Bleeder est vraiment intéressant car il possède encore cette force presque primitive que le réalisateur abandonnera a partir de Drive pour se concentrer sur le traitement de l'image. Là où les derniers films de Refn semblent froid à force d'esthétisme, Bleeder a encore ce côté charnel et surtout une volonté d'essayer des choses. On sent dans ce second films le débuts des obsessions qui ne quitteront jamais le réalisateur mais le tout sous une forme plus brute. On s'amusera aussi de constater que le film est très bavard alors que les suivants se caractérisent plutôt par des dialogues minimalistes. Pour les amateurs de NWR, Bleeder apparait donc comme un immanquable afin de comprendre l'évolution du réalisateur. Pour le reste du public, Bleeder n'a pas l'étoffe d'un grand film, ce n'est pas sans raison s'il n'avait pas fait parler de lui, c'est un film intéressant mais pas un film marquant malgré quelques scènes bien senties.



Conclusion :
Un drame percutant, les amateurs de NWR apprécieront de voir les prémices du style du réalisateur, les autres spectateur trouveront surement le film daté et peu engageant.

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