Ahhh Tim Burton, réalisateur culte de ma jeunesse qui n'a eu de cesse de profaner le cadavre de mes jeunes années à grand coup d'oeuvre de commande sans âmes. Avec Big Eyes, il semblait faire un retour aux sources de sa créativité, il était de mon devoir de vérifier ça, en espérant ne pas être une fois de plus déçu.
Date de sortie: 18 mars 2015
Durée: 1h47min
Réalisé par Tim Burton
Casting: Amy Adams, Christoph Waltz, Danny Huston
Genre: Biopic , Comédie, Drame
Nationalité: Américain, canadien
Synopsis:
L'histoire vraie de l'imposture artistique du couple Keane, où lorsqu'un mari s'attribue l'oeuvre de sa femme.
Critique:
Big Eyes n'est pas la première biographie de Tim Burton, il avait déjà réalisé l'excellent "Ed Wood" il y a maintenant 20 ans et c'est tout naturellement qu'il retrouve Scott Alexander et Larry Karaszewski, les scénaristes de ce même film, également auteur de l'excellent "Man on the moon" . Le scénario n'est donc pas dénué d'intérêt ou de bonnes idées même s'il n'est clairement pas aussi maitrisé que sur leurs précédents films. Peut-être est-ce simplement parce que l'on suit l'histoire d'une femme qui ne fait que subir sa vie tout du long ce qui peut difficilement rendre l'ensemble dynamique.
Coté réalisation, c'est forcément propre, Tim Burton n'est pas un débutant et on retrouve ici certaine des ses marottes comme l'Amérique chimérique des années 50 qu'on pouvait déjà voir dans "Edward aux mains d'Argent". L'ambiance globale du film évoquera aux amateurs l'excellente série "Pushing Daisies" par son côté acidulé. Par contre, le budget de ce nouveau film étant réduit par rapport à ses productions habituelles, les extérieurs sont presque tous passé par du trucage numérique et ça se sent vraiment beaucoup.
Niveau casting, difficile de se plaindre, Amy Adams ( "American Bluff", "Her", etc)est très bien choisit, elle porte une certaine ressemblance avec les toiles et affiche une fragilité qui aide beaucoup à accepter le personnage. A ses côtés Christoph Waltz ("Zero theorem", "Django unchained", etc) est fabuleux de cabotinage, charmant et détestable. Il porte le film et offre les scènes les plus drôles dont une mémorable. On regrettera par contre qu'en dehors du couple aucun autre personnage n'existe vraiment.
Inutile de préciser qu'on retrouve Danny Elfman aux musiques, les deux hommes sont inséparable et
le compositeur nous livre encore une partition irréprochable même si elle s'avère un peu plus sobre qu'a l'accoutumé. On pourra également entendre deux jolies composition de Lana del Rey, un petit plus appréciable.
Le point fort du film, c'est le fond: le discours sur l'art. Est-ce que l'engouement du public suffit à faire d'une oeuvre qu'elle soit une oeuvre d'art ? Quel est le rapport entre l'art et le commerce ? Des questions que posent "Big Eyes" et auxquels le film apporte ses réponses. Le parallèle est intéressant à faire avec le réalisateur lui-même que ses fans taxent de plus en plus de faire des oeuvres commerciales au détriment de son art. Pied de nez ou réelle réflexion, le thème de ce film n'en reste pas moins passionnant sans parler de la critique sociale concernant le sexisme de cette époque. Un sexisme moins sensible de nos jours mais pourtant toujours aussi présent.
Si "Big Eyes" ne fait pas partie des meilleurs Burton et ne rejoint pas le panthéon des "Ed Wood", des "Big Fish" et autres "Edward aux mains d'argents", il n'en reste pas moins un bon retour du réalisateur à des films moins commerciaux et plus profond. Espérons que le retour soit définitif et que Burton nous régalera à nouveau de sa créativité et de ses névroses.
Conclusion:
Big Eyes vient clairement de me réconcilier avec Burton, c'est son film le plus personnel et original depuis longtemps ("Big Fish" peut-être) pour autant il n'emporte pas complètement mon enthousiasme, la structure est un peu bancale et le petit budget se fait parfois un peu sentir au niveau des extérieurs.
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