Alors que d'immondes pirates mettent en danger notre sacro-saint petit écran à coup de téléchargements illégaux, un homme, un surhomme que dis-je, se dresse seul pour défendre la ménagère de moins de quarante ans et les CSP+. Ce héros se nomme: El programator.
(retrouvez la sélection télé chaque midi sur la page facebook)
Je n'ai pas trop eu le temps d'aller au cinéma dernièrement, mais je vous reviens avec un film un peu différent de ce dont j'ai pu parler ces derniers temps : un thriller espagnol se déroulant principalement à Paris et dont le rythme semble effréné.
Date de sortie : 12 avril 2017
Durée : 2h 03min
Réalisation : Alberto Rodriguez
Casting : Eduard Fernández, José Coronado, Marta Etura
Genres : Policier, Drame, Biopic, Thriller
Nationalité : Espagnol
Synopsis:
L’histoire vraie de Francisco Paesa, ex agent secret espagnol, qui a trompé son pays et fait tomber le gouvernement pour se venger d'avoir été trahi lors d'une précédente opération.
Critique:
Si Alberto Rodriguez avait su me séduire avec sa réalisation soignée dans son précédent film La isla minima, il m'avait également déçu dans le traitement simpliste de son histoire. L'homme aux milles visages est son sixième film et semblait beaucoup plus ambitieux. Adaptée d'une histoire vraie, le scénario retrace les aventures d'un ancien espion espagnol trahi par son pays. Profitant qu'un membre du gouvernement coupable de détournement d'argent lui demande de l'aide, il prépare sa vengeance.
Si l'homme aux milles visages est très différent de la isla minima, il profite pourtant des mêmes qualités. Là où le précédent film était plutôt lent, campagnard et poisseux, le nouveau est au contraire beaucoup plus rythmé, totalement citadins et aérien. Mais dans les deux cas, la réalisation est de grandes qualité, Rodriguez sait clairement mettre ses histoires en image et ce quelle que soit l'ambiance recherchée. Une fois encore le réalisateur a su s'entourer d'un excellent casting, et comme il s'agit essentiellement d'acteur espagnol il y a un côté très rafraîchissant à découvrir de nouvelles têtes. D'autant que si on exclut le beau gosse José Coronado, le reste du casting est loin d'être lisse et sexy comme on le voit trop souvent dans le cinéma américain. On notera aussi la présence de Philippe Rebbot, un acteur français à la carrure assez inoubliable et qu'on avait déjà pu remarquer dans Rosalie Blum.
Egalement au service de l'ambiance, la bande son de Julio de la Rosa aux accents rock (qu'on peut entendre dans le teaser) est une grande
réussite et dynamise énormément le déroulement pour donner l'énergie nécessaire à rendre digeste un scénario confus.
Car oui, il est là le grand hic de l'ensemble, un scénario mal ficelé et qui ne tient pas ses promesses. Non content de se perdre en détails inutiles pour replacer un contexte historique qui ne sert pas l'histoire (voir la dessert puisque ça noie le spectateur sous les infos superflus), le film promet une arnaque de haute voltige alors que la résolution et d'une grande banalité faisant retomber toute la montée dramatique comme un soufflet.
Vous l'aurez compris, ce nouveau film est donc une petite déception. Si tout concours à en faire une oeuvre brillante, son scénario à la construction bancale plombe une histoire qui aurait pu être passionnante avec un traitement différent. En résumé, un film qui reste intéressant et garde de bons moments mais ne satisfait pas pleinement.
Notes: je ne comprend absolument pas le titre de ce film car non seulement il n'y a aucun déguisement dans l'histoire (qui aurait pu expliquer une illustration littérale du titre) mais en plus le personnage principale est fidèle à lui même tout du long (d'incessant retournement de vestes auraient pu être une illustration imagée) bref je trouve le titre un peu racoleur.
Conclusion:
Un biopic un peu trop confus au vu de ce qu'il raconte vraiment, c'est dommage car le film est passionnant, le casting de qualité, la bande son prenante et la réalisation soignée.
Aujourd'hui, dans notre rubrique "Comment Hollywood va profaner ton enfance ?" je vous propose Ghost in the Shell, fleuron de la science fiction des années 90, manga et film d'animation culte qui a marqué plus d'un esprit par la qualité de sa narration et la pertinence de ses réflexion plus d'actualité que jamais. Un reboot live donc, mais quelle bonne idée, probablement pour élever le niveau de réflexion et offrir une oeuvre toujours plus pertinente, voyons cela ensemble.
Date de sortie : 29 mars 2017 Durée : 1h 47min
Réalisation : Rupert Sanders
Casting : Scarlett Johansson, Pilou Asbæk, Takeshi Kitano, Juliette Binoche, Michael Pitt
Genres : Action, Science fiction
Nationalité : Américain
Attention : film vu en 3D et sans grande surprise ça n'apporte une fois de plus rien du tout à l'expérience(sauf un surcoût et la gène des lunettes quoi)
Synopsis:
Au sein de la section 9, le major lutte contre le terrorisme. Elle y a été intégré après que son cerveau ait été transféré dans un corps robotique faisant d'elle la première cyborg intégrale au monde. Un statut qu'elle accepte difficilement surtout lorsqu'elle découvre lors d'une enquête que ses "concepteurs" lui ont menti et ne lui ont peut-être pas sauvé la vie comme ils le prétendent. Elle est désormais prête à tout pour découvrir la vérité et faire rendre justice.
Critique:
Lorsque Mamoru Oshii a sorti son premier Ghost in the Shell, j'avais 16 ans. J'avais bien
entendu déjà lu le manga de Masamune Shirow (non censuré évidemment ;p ) mais inutile de dire que ce fut tout de même une énorme claque. Si la thématique n'était pas neuve dans la SF, l'ambiance, le traitement, l'univers, tout faisait de Ghost in the Shell un étape importante de l'histoire de la SF.
22 ans plus tard, après avoir massacré Dragon ball et avant de s'attaquer à Akira, Hollywood décide de s'emparer du mythe Ghost in the shell et d'en livrer sa version. Il y a de quoi légitimement s'inquiéter d'autant que le projet n'est pas vraiment confié à un réalisateur confirmé.
En effet, c'est à Rupert Sanders que cette lourde charge est confiée, un réalisateur surtout connu pour son premier, et seul, film : Blanche neige et le chasseur. Ce qu'il faut lui reconnaître c'est que son amour de la culture manga est perceptible. Déjà dans Blanche Neige on pouvait noter son admiration pour Miyazaki et dans Ghost in the Shell c'est son profond respect pour Oshii et Shirow qui est indéniable. Le réalisateur s'approche au plus près de l'oeuvre originale allant piocher tant dans les deux films que dans la série et multipliant les plans iconiques de la franchise (peut-être un peu trop d'ailleurs...). Il a aussi parfaitement saisi l'esprit de la licence et a su donner de l'espace à la section 9 sans centrer uniquement l'histoire sur le major (même si on s'intéresse surtout à elle rassurez-vous). D'un point de vue réalisation, Sanders confirme ce qui était déjà sensible dans son précédent film, a savoir un sens de l'esthétique très poussé. Là encore, les images sont superbes et pas uniquement celles calquées sur l'oeuvre d'origine. Par contre, en terme de réalisation c'est un peu léger avec beaucoup de détails qui ne fonctionnent pas, notamment dans les scènes d'actions où les impacts des coups sont mal rendus par exemple. Un peu problématique pour un film qui repose beaucoup sur l'action.
Car oui, si l'oeuvre originale était presque contemplative avec un scénario philosophique, ici l'histoire
est simplifié au maximum pour livrer un film d'action SF efficace. Alors oui, l'univers est suffisamment riche pour que l'histoire reste travaillés mais ça n'en reste pas moins une vulgarisation de l'histoire originelle (et même des autres histoires) ou le Ghost (qui était plutôt assimilable à l'âme) se voit ici presque résumé à la mémoire. Oublié aussi la réflexion que permettait l'affrontement d'un cyborg face à une IA au profit d'une simple histoire de mémoire volé beaucoup plus classique et vue mille fois.
De fait, la bande originale ultra planante de Kenji Kawai (c'est ici que ça se passe) qui participa pour beaucoup au succès du film se voit ici remplacé par celle d'un compositeur plus "classique" Clint Mansell (Requiem for a dream, The foutain, etc). Bonne nouvelle, pourrait on penser car le compositeur a fait montre à plus d'une reprise de son immense talent et pourtant, il livre ici un de ses travail les plus faibles se contentant de fournir une musique d'ambiance qu'on remarque à peine. Pire, le générique du film se déroule sur une version massacrée d'un des morceaux d'anthologie de Kenji Kawai laissant un sale goût final en bouche.
Je critique, je critique mais j'oublie de parler de l'un des points les plus importants de ce film : le casting.
Car soyons clair, le réalisateur a frappé fort. Si je reste sceptique sur le choix de Scarlett Johanson (Lucy, Don Jon, etc) dans le rôle du Major, il faut reconnaître que l'actrice se démené pour être crédible. Dans le moindre de ses mouvements, elle respire l'autorité. C'est d'ailleurs dommage que les costumiers ai accentué à ce point son côté masculin en l'affligeant de ce look de skinhead car sans forcément s'inspirer du look bikini un peu vulgaire de la série, il aurait surement été plus intéressant de retrouver le look strict et classe qui reflète mieux le personnage. Aux côté de Scarlet on retrouve des acteurs d'une grande qualité, à commencer par Pilou Asbæk (R, Borgen, etc), un acteur peu connu mais qui s'est déjà illustré à de nombreuses reprises (ahhh Borgen...) et incarne ici avec beaucoup de talent Batou, l'un des personnages les plus importants de la série après le major. Physiquement l'acteur est juste parfait dans le rôle. C'est le cas également pour Beat Takeshi Kitano (Furyo, Bad cop, etc ) dans le rôle d'Aramaki. Un choix qui tient presque de l'évidence et pourtant ça ne l'était pas. Le seul regret serait de ne pas le voir suffisamment
à l'écran. Je pourrais aussi parler de Juliette Binoche ou de Michael Pitt totalement inattendus dans ce film et pourtant parfaitement convaincant. Non, vraiment LA grande force du film c'est ce casting d'une richesse et d'une variété rare qui permet de créer un univers cosmopolite vraiment crédible.
A ce propos, un petit mot sur la polémique sur le Whitewashing, je trouve qu'elle est particulièrement inadapté concernant ce film. Dans l'oeuvre originale les personnages étaient déjà tous très cosmopolite et Motoko malgré son nom n'avait pas vraiment l'air asiatique. Qui plus est, sans vouloir spoiler, l'histoire intègre ce changement, voir dénonce aussi le fait d'européaniser les gens.
Dans l'ensemble, je trouve que ce reboot a été fait avec beaucoup de passion quand on voit la qualité des visuels, du casting et le choix du compositeur, on sent que le réalisateur avait à cœur de bien faire. Pour autant, la simplification de l'histoire fait qu'on en vient vraiment à douter de l’intérêt du projet. Là, où il aurait pu réellement être une pierre supplémentaire pour bâtir la légende de la série, il se retrouve à n'en être que le parent pauvre pour avoir trop voulu être grand publique. Est-ce que ça en fait un mauvais film, non, surement pas, mais ça en fait un bon film de SF pas vraiment inoubliable et surtout bon à nous donner envie de replonger dans les autres films et séries.
Conclusion:
Ghost in the shell n'est pas un mauvais film, il a des qualités, principalement issues de l'oeuvre originale, mais ça reste une vulgarisation de ce qu'était le film d'animation (et je ne parle même pas du manga). Le grand publique appréciera bien plus que les fans qui n'en tireront que l'envie de revoir le film, les séries et les mangas